samedi 8 février 2020

8 FÉVRIER 1962 : POUR LA RECONNAISSANCE DU CRIME D'ÉTAT À CHARONNE

8 février 2020

Publié le 08/02/2020 à 10:04 par cessenon
8 février 2020


C’est aujourd’hui l’anniversaire du massacre de Charonne qui a eu lieu le 8 février 1962. Ce jour-là une manifestation avait été organisée à Paris pour condamner les attentats perpétrés par l’OAS et exiger la paix en Algérie qui ne pouvait être obtenu que par l’accès à l’indépendance.
L’OAS s’était rendue coupable d’un crime supplémentaire dans une liste déjà longue en faisant exploser la veille une bombe au domicile d’André Malraux. Cet attentat avait gravement blessé Delphine Renard, une fillette de 4 ans qui en perdra la vue.
A cette date des négociations avaient été engagées par de Gaulle avec le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) pour en finir avec une guerre qui durait depuis plus de sept ans et qui s’accompagnait d’exactions dont l’intensité n’avait pas diminué.
Des hommes politiques qui avaient des responsabilités dans le gouvernement n’étaient pas d’accord avec le virage qui venait d’être pris. C’était le cas notamment de Michel Debré alors premier ministre. Les forces de l’ordre avaient reçu des instructions de Roger Frey, ministre de l’intérieur et de Maurice Papon, préfet de police.
Les manifestants furent violemment chargés près de la station de métro Charonne dont l’accès avait été fermé. Il y eu huit morts et un neuvième qui devait succomber quelques temps plus tard. Le nombre de blessés a été en rapport avec la sauvagerie de l’intervention de la police
J’étais personnellement le 8 février 1962 cantonné aux Arbaouat, un ksar situé à quelques dizaines de kilomètres de Géryville. J’avais encore près de trois mois à effectuer avant d’être libéré. Nous avons appris l’information sur ce qui s’était produit à Charonne le lendemain par un poste à transistors.
Je me rappelle qu’elle nous avait été transmise par Jacques Flotté, comme moi à cette époque instituteur dans le civil qui l’avait commentée d’un « Ils n’ont plus qu’à tirer dans la foule avec un fusil mitrailleur ! »
L’affaire de Charonne amplifia l’action pour la paix et les obsèques des victimes furent massivement suivies par les Parisiens. Cela accéléra le processus dans lequel la France s’était engagée et les Accords d’Evian furent signés le 18 mars, le cessez-le-feu intervenant le 1endemain à midi.
L’Algérie entrait dans la dernière phase d’accès à son indépendance et la France poursuivait ses essais nucléaires au Sahara cependant qu’elle s’efforçait de maintenir des liens économiques avec ses anciennes colonies et même de continuer à exploiter leurs richesses sous une forme nouvelle.

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