jeudi 27 février 2020

Manipuler l’histoire ou en tirer leçon ?

vendredi 24 janvier 2020 par Francis Arzalier (ANC)

Depuis que des historiens s’efforcent de raconter et d’expliquer le passé, les Pouvoirs Politiques, hommes d’État, d’Églises, de Médias, s’efforcent d’utiliser leurs travaux pour favoriser leurs desseins. Au prix bien sûr de quelques distorsions, de simplifications et d’oublis. C’est ainsi que nos petits écrans diffusent chaque jour une vision du monde semblable à un mauvais western, opposant gentils et méchants. Macron le paladin de la Démocratie Européenne, pourchassant au Sahel les bandes terroristes. Gentils Occidentaux, Puissances nucléaires, et Méchants Iraniens, ou Coréens du Nord qui veulent une bombe ; Bachar El Assad le Satan de Syrie et ses gentils opposants démocrates, etc, etc...
Ces contes à dormir debout ignorent délibérément les brutaux intérêts qui opposent aux peuples dominés et entre eux les maîtres financiers et les États à leur service, les Puissances qui se disputent d’Afrique au Moyen-Orient et d’Asie lointaine en Amérique du Sud le droit d’accès aux richesses du sous-sol, au pétrole, aux minerais et aux profits que l’on en tire : un mécanisme de domination économique, diplomatique et militaire qui se nomme Impérialisme.
Cette lecture simpliste de l’histoire, d’inspiration nationaliste ou xénophobe, s’exerce aussi au détriment des peuples, jugés bons ou méchants en bloc, niant que chacun d’eux est traversé d’oppositions de classe, divisé en exploiteurs et exploités, en dominants et dominés, et qu’aucun d’eux n’est génétiquement voué au bien ou au mal, aux délires racistes ou aux progrès sociaux.
Car tous sans exception sont capables du pire comme du meilleur, suivant les circonstances :
la Nation allemande, qui a su enfanter l’une des cultures les plus fécondes de l’histoire Européenne, Beethoven et Mozart, Goethe et Schiller, Kant et Marx, a aussi approuvé majoritairement les crimes des Nazis, tant qu’ils furent victorieux, jusqu’en 1943.
Et des dérives du même ordre ont entaché l’histoire de bien d’autres, qui ne sauraient leur donner des leçons : pas plus les petits-fils du Peuple Juif exterminé à Auschwitz devenus colons racistes en Palestine, que les Rwandais victimes de l’oppression coloniale tout au long du XXème siècle transformés en génocidaires en 1994.
Et pas davantage le peuple français, fier d’avoir inventé les Droits de l’Homme et du Citoyen en 1789, mais qui n’hésita guère à soutenir longtemps les tortionnaires coloniaux en Indochine et Algérie, tant qu’ils furent vainqueurs.
Autre banalité de cette lecture biaisée, l’idée complaisamment admise de peuples de tout temps victimes de l’histoire et de la géographie, de voisins trop puissants et constamment guerriers, alors qu’eux n’ont jamais provoqué de conflit. C’est le cas, pour ne parler que de ceux -à, des peuples de Pologne et de Baltique, dont l’image courante est qu’ils furent toujours menacés d’invasion, de négation, par les géants d’Allemagne et de Russie, sans jamais aucune responsabilité de leur côté. La vérité, nous le verrons, est plus complexe.
( A suivre )

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