Covid-19 : une aubaine pour les multinationales !
Des crises avant la Covid-19
Rappelons
d’emblée une vérité indéniable : le coronavirus est arrivé dans notre
pays dans un climat de crise sociale déjà nettement affirmée. Le
mouvement des Gilets jaunes durait depuis plus d‘un an et depuis des
mois le personnel soignant tirait la sonnette d'alarme sous la forme de
grèves des urgences et de démissions administratives de nombreux chefs
de services. Point d’orgue de ce malaise social, la contre-réforme des
retraites avait occasionné des manifestations et grèves largement
soutenues par la population durant plusieurs mois. Plus inquiétant
encore, alors que le suicide de nombreux policiers prouvait que ce
profond malaise avait gagné aussi les forces de l'ordre, le gouvernement
et la classe dirigeante semblaient être sourds et aveugles...
Le coronavirus, un révélateur
Il
faut reconnaître à ce virus une vertu cruelle : il a révélé à toute la
population les conséquences réelles de la logique néolibérale. Comment
ne pas constater en effet, à l’occasion de cette crise, l'état
désastreux de notre système de santé suite aux coupes drastiques dans
les budgets depuis des décennies : les soignants ont manqué du matériel
le plus élémentaire – lits de réanimation, masques, sur-blouses,
médicaments, tests -, le personnel en nombre notoirement insuffisant
s’est vite épuisé et il a fallu faire appel à des étudiants, des
médecins et des infirmiers retraités… Comment ne pas constater aussi
dans cette période l'état catastrophique de désindustrialisation de la
France : la grande majorité de nos médicaments est dorénavant fabriquée
en Inde, en Chine, en Israël et les masques aussi doivent être importés
car l'usine de Plaintel dans les Côtes d'Armor qui en fabriquait a été
fermée en 2018 et le gouvernement n’a rien fait pour qu'elle puisse
redémarrer. Même constat désolant avec les respirateurs, les tests, les
sur-blouses....plus rien n'est fabriqué en France ce qui entraîne des
ruptures de stocks et des délais importants de réapprovisionnements même
pour des produits dont l’utilité est vitale. C’est dans ce contexte
que, confrontées à une pandémie qui renforçait les inégalités sociales
et en l'absence de traitement efficace, les autorités n’ont eu d’autres
solutions que le « confinement ».
Le tout numérique !
Confinés,
quasiment réduits à l'impuissance, les Gilets Jaunes se sont tus, les
syndicats ont rangé leurs banderoles, les contestataires ont rongé leur
frein en silence. Internet est alors devenu le seul moyen de communiquer
et on a assisté à une montée en puissance des plates-formes numériques
avec l’explosion du chiffre d'affaire de « Amazon », la banalisation du
télétravail et le développement des consultations médicales à distance.
Dans l’éducation nationale les élèves - du plus petit au plus grand –
ont étudié devant leur écran. Bref, l'ère du tout numérique s'est
installée et on peut penser que ces dispositions vont perdurer au-delà
de la période de confinement.
Ce
basculement n'est pas sans risque. L'employé qui pratique le
télétravail compte-t-il ses heures de travail ? Peut-il faire valoir ses
heures supplémentaires ? Isolé, quasiment sans lien avec ses collègues
en dehors des échanges professionnels, lui sera-t-il possible de
revendiquer, de se syndiquer ? Des questions du même ordre traversent
d'autres domaines. On conçoit que des consultations médicales à distance
puissent pallier les déserts médicaux et que l'enseignement supérieur
aurait intérêt à multiplier les cours en ligne afin de voir disparaître
les vétustes et désormais inutiles amphis surchargés. Mais ne perdons
pas de vue que, si ces dispositions sont certainement une aubaine pour
les multinationales du numérique, elles ne tiennent pas compte des
« zones blanches », des populations âgées peu familiarisées avec ces
techniques, des populations non pourvues de matériel ni de celles qui
les refusent.
Autre
risque : le gouvernement, après une période de sidération, va
probablement se livrer à une surenchère technologique et sécuritaire au
prétexte de protéger la population de la contagion. De façon insidieuse
la protection deviendra surveillance avec son lot de confinements
coercitifs, d’attestations de déplacement limité dans le temps et dans
l'espace, de contrôles policiers suivis parfois d'amendes abusives, de
couvre-feux, de surveillances par des drones et des caméras «
intelligentes ». Cerise sur le gâteau on nous prépare l'application
STOP-COVID ! Si une personne s'est déclarée positive au Covid-19 sur
cette application, celles qui auront été en contact avec elle seront
prévenues de manière automatique. Cette technique permettrait – selon
les explications officielles - de sortir du confinement et de maîtriser
l'épidémie en brisant la chaîne de transmission. Mais cette technologie
pose de nombreux problèmes pratiques et déontologiques loin d'être
résolus et suscite de fortes oppositions. Son lancement est prévu le 2
juin. Ne serait-il pas plus simple et plus efficace de distribuer
gratuitement des masques à tout le monde et de suivre la recommandation
de l'OMS : « Testez, testez, testez ! » ?
Crise sanitaire, crise économique
La
fermeture des commerces et des usines, la baisse ou l'arrêt total de la
production vont certainement provoquer l'augmentation du chômage et des
faillites surtout chez les PME / TPE . Le MEDEF est en embuscade, il
avance ses pions : pour compenser les pertes de profit, il a obtenu la
possibilité d'allonger le temps de travail jusqu'à 60 heures par
semaine, de supprimer les RTT et/ou des jours fériés, d'amputer les
congés payés de quelques jours dès la fin du confinement qu'il espère
pour le plus tôt possible....Tous en appellent à l'Etat pour des aides,
des exonérations de taxes et d'impôts, des garanties, des subventions...
L'Etat que ces grands capitalistes vilipendaient hier est vu
aujourd'hui comme le Sauveur.
Une remise en question ?
Rappelons
les paroles de Nicolas Sarkozy en 2008 : « Cette crise financière
marque la fin d'un monde. Il faudra imposer aux banques de financer le
développement économique plutôt que la spéculation ». Ces belles paroles
ne furent suivies d'aucun effet. De même E. Macron, dans son allocution
du 13 avril, s’est interrogé : « Quand pourrons-nous renouer avec la
vie d'avant ? » et a insisté sur la nécessité de préparer
«
l'Après », de rebâtir une indépendance financière, agricole,
industrielle et technologique. Il a conclu en affirmant que nous
retrouverons « les Jours heureux ».
Notons
d’abord que, de la part d’un président qui a consacré la première
partie de son mandat à affaiblir le droit du travail, la retraite par
répartition et l’ensemble des services publics, cette allusion au
programme du CNR résonne comme une insulte envers les classes
populaires. Mais toute cette hypocrisie de circonstance ne doit abuser
personne. La réalité est que ces promesses ne servent qu’à camoufler la
responsabilité écrasante de ce gouvernement dans le deuil qui a frappé
des milliers de familles. Ajoutant le cynisme à l’incompétence nos
dirigeants veulent maintenant restreindre les libertés publiques,
renforcer le fichage des contestataires, augmenter la répression des
opposants et surtout renouer avec « l'Avant » pour figer la domination
sociale. Dans cette période tourmentée, le MS21 appelle l’ensemble des
concitoyens à une vigilance républicaine et à une réaction forte pour
contrer ces dérives.
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