mardi 30 juin 2020

Fin provisoire...

Publié le par Boyer Jakline
Finalement, je n'arrive pas à m'éloigner de cette soirée à Stalingrad-Volgograd.
D'abord une très grande émotion pour moi aussi.  La force du direct, fond et forme. 
Et puis la censure de Facebook, qui interroge et souligne le niveau atteint par la haine à l'égard de cet exploit . Il souligne les fautes des autres, les nôtres, à part les résistants, minoritaires mais qui sauvent l'honneur.  Alors, motus...
Et ce motus est tout régnant. Avant-hier, 26 juin, V.Poutine et E. Macron se sont entretenus près d'une heure par vidéo. J'ai regardé le grand journal du soir de Moscou de 20h, 19h chez nous. Un reportage de 7/8 minutes a permis de connaitre le contenu de l'échange. Le président français a commencé par saluer l'exploit des Soviétiques dans l'affrontement terrible. A expliqué qu'il ne s'était pas rendu à Moscou " pour des raisons sanitaires".
V.Poutine a souligné une nouvelle fois l'importance des relations historiques entre nos deux pays, véritable pivot pour la paix en Europe. Normandie-Niémen, cette escadrille dont la mémoire est sacrée en Russie ( Voir mon article du 20 mai 2015.)...que quasiment personne ne connait ici... Des partisans soviétiques qui ont participé à la Résistance française...
Puis c'est le tour des problèmes internationaux chauds que la pandémie n'a pas effacés... Au contraire, Libye, Syrie, Donbass.
V. Poutine a invité le président français à venir à Moscou en septembre. Ok, " si les conditions sanitaires sont réunies"
Mais voilà où je veux en venir : je passe aux 20h TF1 France 2... les grands journaux populaires. Pas un mot...ou alors un tout petit peu à la fin , car j'ai zappé avant.. 20h40, toujours rien.
Ces médias qui nous disent tout du tour de piste des " extrêmes droites" européennes, comme ils disent, d' un Steeve Banon ou des propos de Mike Pompéo... tous les deux " souriants"... Là, rien...
Voilà le niveau... l'OTAN à la tête des médias français ?

Pour revenir à la soirée, je vais traduire le premier poème "ma génération" 1945, de Semion Goudzenko, récité avec rage par Alexandre Pétrov, étoile montante du théâtre et du cinéma. Je ne peux l'écouter sans avoir des frissons.
Pour les russophones, la version russe sera à suivre.
Je traduis comme toujours au plus près de l'original...

Mais avant cela, un peu de sémantique.
Il y a en russe deux mots pour désigner la patrie. Il y a un mot qui colle bien avec " on croit mourir pour la patrie...on meurt pour des industriels" Sur le mot père otetchestvo. Celle des généraux et des tsars. Présentes dans des chants officiels. La période soviétique a fait sienne la patrie intime, " le pays", celui ou l'on est né, (mot formé sur le verbe naître) la rivière qui coule en bas du village, la mère qui attend sur le  pas de la porte...
C'est celle-là qui "appelle" la grande statue de Stalingrad, l'épée brandie, c'est rodina... L'autre patrie, l'intime.


Alexandre Petrov
Traduction :

  • Il ne faut pas nous plaindre. Nous n'aurions plaint personne.
  • Nous sommes purs, devant notre chef comme devant le seigneur-dieu.
  • Sur les vivants les capotes sont rouillées de sang et de bo
  • Nos mères pleurent et nos compagnes se taisent, tristes.
  • Nous n'avons pas connu l'amour ni le bonheur du travail.
  • Notre part, c'est le destin lourd du soldat.
  •  
  • Mes semblables n'ont ni l'amour, ni les vers, ni la tranquillité.
  • Que la force et l'envie.
  • Et quand nous reviendrons de la guerre
  • Nous aimerons à fond, nous écrirons, mon frère, de telles choses,
  • Que les fils seront fiers de leurs pères-soldats.
  •  
  • Et ceux qui ne reviendront pas? qui ne pourront aimer?
  • Qui dès 1941 a été abattu  par la balle ?
  • La compagne pleurera, le coeur de  la mère explosera
  • Mes semblables n'auront ni les vers, ni la tranquillité ni l'épouse.
  •  
  • Celui qui reviendra pourra aimer à fond ? Non, le coeur ne sera pas assez grand.
  • Et ceux qui auront péri n'ont pas besoin que les vivants aiment à leur place
  • Pas d'homme dans la chaumière, pas d'enfants, pas de chef de famille
  • Les sanglots des vivants peuvent ils consoler d'un tel chagrin?
  •  
  • Il ne fait pas nous plaindre. Nous n'aurions plaint personne
  • Qui est monté à l'attaque, a partagé le dernier morceau de pain,
  • Celui là comprendra  cette vérité
  • qui nous est venue dans les tranchées, les défilés montagneux
  • discuter avec nous de sa voix hurlante, enrouée.
  •  
  • Que les vivants le sachent, et que les générations apprennent
  • cette vérité sévère des soldats, saisie dans le combat
  • Et tes béquilles et cette blessure mortelle en travers
  • et les tombes au dessus de la Volga
  • où des milliers de jeunes gens gisent.
  •  
  • C'est notre destin nous nous sommes empoignés avec lui, en chantant
  • Et montions à l'attaque et faisions sauter des ponts.
  • il ne faut pas nous plaindre, nous n'aurions, nous, plaint personne
  • Et devant notre Russie, dans cette époque dure aussi, nous sommes purs.
  •  
  • Quand nous reviendrons, et nous reviendrons avec  la victoire,
  • Qu'on nous brasse de la bière et de la viande pour le repas
  • tant, que les pieds de chêne de la table lâchent.
  • Têtus et droits comme des diables, vivants et mauvais comme des hommes,
  •  
  • Nous embrasserons les pieds des nôtres et des gens pleins de souffrances
  • Nous étreindrons nos mères et nos compagnes, qui nous auront attendus, nous aimant,
  • Nous reviendrons, la victoire à la baïonnette,
  • et nous aimerons à fond, et nous nous trouverons un travail.


Semion Goudzenko, poète, soldat journaliste. (1922-1953), mort d'une maladie neurologique.
Нас не нужно жалеть, ведь и мы никого б не жалели.
 Мы пред нашим комбатом, как пред господом богом, чисты.
На живых порыжели от крови и глины шинели,
на могилах у мертвых расцвели голубые цветы.

Расцвели и опали... Проходит четвертая осень.
Наши матери плачут, и ровесницы молча грустят.
Мы не знали любви, не изведали счастья ремесел,
нам досталась на долю нелегкая участь солдат.

У погодков моих ни стихов, ни любви, ни покоя - только сила и зависть.
А когда мы вернемся с войны,
все долюбим сполна и напишем, ровесник, такое,
что отцами-солдатами будут гордится сыны.

Ну, а кто не вернется? Кому долюбить не придется?
Ну, а кто в сорок первом первою пулей сражен?
Зарыдает ровесница, мать на пороге забьется,-
у погодков моих ни стихов, ни покоя, ни жен.

Кто вернется - долюбит? Нет! Сердца на это не хватит,
и не надо погибшим, чтоб живые любили за них.
Нет мужчины в семье - нет детей, нет хозяина в хате.
Разве горю такому помогут рыданья живых?

Нас не нужно жалеть, ведь и мы никого б не жалели.
Кто в атаку ходил, кто делился последним куском,
Тот поймет эту правду,- она к нам в окопы и щели
приходила поспорить ворчливым, охрипшим баском.

Пусть живые запомнят, и пусть поколения знают
эту взятую с боем суровую правду солдат.
И твои костыли, и смертельная рана сквозная
, и могилы над Волгой, где тысячи юных лежат,-

это наша судьба, это с ней мы ругались и пели,
подымались в атаку и рвали над Бугом мосты.
...Нас не нужно жалеть, ведь и мы никого б не жалели,
Мы пред нашей Россией и в трудное время чисты.

А когда мы вернемся,- а мы возвратимся с победой,
все, как черти, упрямы, как люди, живучи и злы,-
пусть нам пива наварят и мяса нажарят к обеду,
чтоб на ножках дубовых повсюду ломились столы.

Мы поклонимся в ноги родным исстрадавшимся людям
матерей расцелуем и подруг, что дождались, любя.
Вот когда мы вернемся и победу штыками добудем
- все долюбим, ровесник, и работу найдем для себя.


Oh, miracle de la haine... Facebook censure encore...

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