QUAND L’EX-PATRONNE DU PNF RECONNAÎT IMPLICITEMENT L’EXISTENCE DU RAID JUDICIAIRE ANTI-FILLON
Depuis
la sortie du confinement, notre pays vit des heures assez
extraordinaires. On ne va pas dresser la liste de toutes les péripéties
qui témoignent d’un affaissement sans précédent de l’État. Histoire de
gagner du temps, on ne retiendra que : l’affaire Traoré où l’on
transforme un petit mafieux des quartiers en héros sans tache, une Garde
des Sceaux qui viole gaiement la séparation des pouvoirs à la demande
du chef de l’État, un ministre de l’intérieur qui annonce que
finalement, la loi qu’il est chargé de faire respecter est à géométrie
variable, et que certaines parties du peuple en sont dispensées, et qui
souhaite organiser une cérémonie dans la cour de la préfecture de Paris
où les policiers se mettraient à genoux (Didier Lallement compris ?),
une ville moyenne de province transformée en champ de bataille ethnique
entre voyous tchétchènes et marocains armés jusqu’aux dents, qui se
réconcilieront à la mosquée, un président de la république qui propose
de l’argent à des présidents de Régions pour qu’ils acceptent de
soutenir une manipulation concernant le déroulement d’un scrutin
républicain, un refus de l’État au prétexte « du secret des affaires »
de communiquer des informations sur sa gestion des masques sanitaires
qui a probablement provoqué de très nombreux décès, et maintenant,
l’ancienne chef du Parquet National Financier, qui qui fait des
révélations en forme d’aveu sur les conditions dans lesquelles s’est
déroulé le raid judiciaire destiné à écarter le favori de l’élection
présidentielle de 2017 au profit d’Emmanuel Macron. N’en jetez plus…
Alors quelques remarques sur cette dernière information quand même assez ébouriffante. Un article du Point nous décrit les états d’âme de Madame Éliane Houlette qui
avec une certaine ingénuité avoue tout de go que le pouvoir politique
est intervenu directement et indirectement à tous moment dans la
procédure déclenchée contre François Fillon au mois de février 2017.
Citons le texte de Marc Leplongeon : « Et
l’ancienne procureure de livrer son expérience personnelle dans
l’affaire Fillon. Si Éliane Houlette a affirmé que la pression des
journalistes était difficile à gérer – « Mais bon, ça, on peut s’en
dégager, moi je n’avais pas de contacts avec eux et je ne lisais plus
les journaux » –, c’est surtout la « pression du parquet général » qui
l’a marquée. Les demandes incessantes pour qu’elle fasse remonter les
informations le plus vite possible sur les derniers actes
d’investigation, des demandes qui lui étaient parfois adressées pour «
les actes de la veille », et qu’elle devait synthétiser « avant 11
heures le lendemain […] Les
demandes de précisions, de chronologie générale – tout ça à deux ou
trois jours d’intervalle –, les demandes d’éléments sur les auditions,
les demandes de notes des conseils des mis en cause… Les rapports que
j’ai adressés, je les ai relus avant cette audition [devant la
commission de l’Assemblée nationale, NDLR]. Il y a des rapports qui
étaient circonstanciés, qui faisaient dix pages, précis, clairs, voilà
», soutient la magistrate. Qui ajoute : « On ne peut que se poser des
questions [sur ce qui est fait de ces informations, NDLR]. C’est un
contrôle très étroit… »
Autorisons
nous quelques quelques observations en commençant par dire que Madame
Houlette fait preuve d’une joviale hypocrisie. Elle a dirigé cette
institution d’exception depuis sa création ex nihilo par le pouvoir
socialiste après l’affaire Cahuzac. Et au vu de son activité, on peut
dire aujourd’hui que le PNF était d’abord là pour servir contre les
adversaires politique de François Hollande puis d’Emmanuel Macron. La
magistrate commence par nous dire qu’elle ne lit plus les journaux ce
qui est assez savoureux. Parce que rappelons quand même que le Canard
enchaîné lançant l’affaire Fillon est publié le matin du mercredi 25
janvier 2017 . Quelques heures plus tard, le même jour, le PNF annonce
l’ouverture « d’une enquête préliminaire ».
Ce qui déclenche l’action publique, ce n’est donc pas une plainte, ou
un signalement article 40 du code de procédure pénale, c’est un article
du journal satirique… que la patronne du parquet prétend ne pas lire. Et
puis soyons sérieux, qui peut croire que Madame Houlette n’a pas pris
connaissance aussi des journaux (alimentés par qui ?) publiant
tranquillement quelques jours plus tard les actes de sa procédure.
D’ailleurs, François Fillon a déposé plainte pour cette violation de la
loi sur le secret de l’enquête. S’autorisera-t-on à demander à l’actuel
procureur de Paris où en est l’instruction de cette plainte ? Ceux qui
prétendent que rien n’a bougé ne sont que de bien mauvaises langues. Les
mêmes mauvaises langues toujours venimeuses prétendent même qu’on sait
très bien d’où sont venus les fuites. Des menteries, on vous dit.
C’est
d’ailleurs bien ce qui semble être le problème de Madame le procureur.
Il y a eu des violations graves de la loi pénale pour permettre
d’alimenter la campagne visant à disqualifier François Fillon, et c’est
sur le PNF que pèsent les plus lourds soupçons. Mais on sent
qu’aujourd’hui avec la faiblesse politique et l’illégitimité persistante
d’Emmanuel Macron la réponse à la question : « qui l’a fait roi ? »
pourrait redevenir lancinante. On ne sait jamais comment tout cela
finira par tourner, alors autant être prévoyant et tenter de se
débarrasser de ces soupçons en pointant les collègues du parquet général
dont on laisse entendre que ce sont eux qui auraient alimenté le
pouvoir politique de François Hollande. Lequel aurait transmis
directement ou indirectement à la presse les infos utiles. Et notamment
aux célèbres Davet et Lhomme les Plics & Plocs investigateurs du
Monde et confidents officiels du président de l’époque qui les
rencontrait assidûment.
Personne évidemment ne peut, n’est ce pas, prêter foi à de pareilles calomnies…
Éliane
houlette pose ensuite le problème de l’ouverture de l’information
judiciaire confiée à un juge d’instruction du pôle financier, Serge
Tournaire spécialisé dans les poursuites contre Nicolas Sarkozy.
Reprenons pour comprendre, la lecture de l’article du Point :
« Éliane
Houlette évoque également une réunion lors de laquelle on lui aurait
demandé d’ouvrir une information judiciaire contre François Fillon,
alors que les investigations avaient jusque-là lieu dans le cadre d’une
enquête préliminaire. Selon nos informations, cette réunion s’est tenue
le 15 février 2017 à Paris. « J’ai été convoquée au parquet général –
j’y suis allée avec trois de mes collègues, d’ailleurs – parce que le
choix procédural que j’avais adopté ne convenait pas. On m’engageait
[sic] à changer de voie procédurale, c’est-à-dire à ouvrir une
information judiciaire. J’ai reçu une dépêche du procureur général en ce
sens », a-t-elle dit devant la représentation nationale. [….] Si Éliane
Houlette assure avoir d’abord résisté – « Ce sera quand je l’aurai
décidé et quand j’aurai des éléments pour le faire » –, elle avoue avoir
finalement été elle-même rapidement convaincue qu’il fallait ouvrir une
information judiciaire, ce qu’elle fera le 24 février 2017 »
Que
voilà une noble attitude ! Traduction : je n’étais pas d’accord pour
ouvrir une information judiciaire mais finalement je l’ai fait quand
même. Eh oui, en février 2017, alors que François Fillon était encore en
tête dans les sondages, il était nécessaire à moins de trois mois du
scrutin présidentiel de faire quelque chose. Et François Fillon avait
stupidement annoncé que s’il était mis en examen il ne se présenterait
pas, après avoir d’ailleurs asséné avant la primaire en direction de son
concurrent Nicolas Sarkozy : « imagine-t-on le général de Gaulle mis en
examen ». Il fallait saisir une perche aussi aimablement tendue : « ouvrons une information judiciaire, confions là à un magistrat instructeur de confiance, et le tour sera joué ! »
Aussitôt dit aussitôt fait, les mises en examen de François Fillon et
de sa famille ont été prononcées en urgence. Beaucoup plus rapidement en
tout cas que dans l’affaire Karachi qui vient de trouver son épilogue
judiciaire après 25 ans… Comme l’avait dit dans un communiqué commun, le
Premier président de la Cour de cassation et le Procureur général, en
matière de conduite des procédures, c’est chacun son rythme…Celui de
l’affaire Fillon c’était du sprint !
Ainsi
Madame Houlette accuse le parquet général d’avoir fait pression pour
l’ouverture de cette information, mais comme elle y aurait cédé et que
ce n’est pas très glorieux elle habille ça en disant « avoir été elle-même rapidement convaincue qu’il fallait ouvrir une information judiciaire ».
Le plus extraordinaire c’est que l’ancienne patronne du PNF dit à peu près le contraire de ce qu’elle avait affirmé dans une interview à Marianne lors de son départ le 20 juin 2019, titrée : « Je n’ai jamais subi aucune pression ». Ah bon ?
Ce
revirement poursuit semble-t-il deux objectifs. Le premier, celui de
faire avancer cette revendication ancienne et irrecevable de
l’indépendance des parquets autorités de poursuite. Un procureur se doit
d’être objectif dans le traitement de ces dossiers, mais il défend une
cause, celle de l’accusation et avocat de la République, doit être
partial. Il est donc normal qu’il soit hiérarchiquement soumis à un
pouvoir exécutif (encore faut-il que celui-ci soit démocratique). Un
parquet indépendant, c’est la porte ouverte à l’arbitraire. Au contraire
le juge du siège, celui qui juge, doit être indépendant, pour être
impartial. À ce stade, le retour de ce mantra n’est pas très
intéressant.
Ce
qui l’est beaucoup plus c’est cette tentative de parer aux accusations
qui pèsent lourdement depuis le printemps 2017 sur ce qui a été un raid
judiciaire mené dans l’urgence pour disqualifier le favori de la
présidentielle et amener Emmanuel Macron au deuxième tour, sûr de sa
victoire contre Marine Le Pen. Pour l’avoir dit, et je pense démontré très tôt j’ai
eu ma part d’accusations de complotisme. Aujourd’hui, les déclarations
d’Éliane Houlette apparaissent bigrement comme une tentative pour éviter
les accusations d’avoir joué un rôle actif dans l’opération. Le
fonctionnement global du PNF sous sa direction, dont le pouvoir
socialiste et Emmanuel Macron n’ont vraiment pas eu à se plaindre peut
quand même laisser très dubitatif. Mais ces déclarations ont aussi une
autre conséquence c’est de constituer en creux un drôle d’aveu de la
manipulation. À laquelle il apparaît, si on la suit, que les magistrats
du plus haut niveau ont participé.
L’arrivée
d’Emmanuel Macron au pouvoir est le fruit d’une opération de grand
style concoctée par la haute fonction publique d’État et appuyée par les
grands intérêts, leur argent et leurs médias. On savait depuis les
européennes de 2014 que Marine Le Pen serait au deuxième tour en 2017.
Le dernier coup de pouce pour y faire accéder Emmanuel Macron fut la
disqualification de François Fillon par une opération judiciaire.
Globalement une forme de coup d’État. Dont nous payons les conséquences
tous les jours.
Éliane houlette vient de le reconnaître implicitement.
1 commentaire:
Bonjour Pedrito
"Dont nous payons les conséquences tous les jours": cette conclusion me laisse pantois; comme si avec Fillon ça aurait été mieux; Non mais là l auteur nous prend pour des jambons. Sa politique aurait sans doute été pire au mieux identique à celle de Macron, les riches de plus en plus riche et les pauvres de plus en plus pauvre!!
Pour moi tant mieux que la justice ait fait son travail rapidement car il est clair que Fillon, qui a fortement tendance à se prendre pour un De Gaule bis, est en fait un délinquant en col blanc. Merde quand même pour une fois qu il y en a un qui se fait pincer on ne va pas s en plaindre tout de même!!!!! Il ne faut pas que l antimacronisme se transforme en propos qui ne sont en fait que des truismes (comme dirait Mélenchon) car ça fait perdre toute crédibilité. Patrick Sabatier 13300
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