samedi 8 août 2020

Vers le retour de la révolution prolétarienne : aux États-Unis pour commencer?

8 Août 2020 , Rédigé par Réveil Communiste 
Illustration : Spencer Rapone, le spectre rouge qui hanta l'académie militaire de West Point.
Note du 12 juin 2020 : la mobilisation de protestation contre le meurtre de George Floyd participe, et ne participe pas, accélère, et retarde à la fois ce mouvement prolétarien : le prolétariat urbain des métropoles d'Amérique du Nord et d'Europe a été "racialisé" au cours du siècle passé, et il donc naturel qu'il se retrouve en première ligne de cette amorce de soulèvement général. Les ghettos et les communautés noires américaines des années 1960 n'étaient encore que partiellement intégrée à l'économie, tandis qu'ils sont maintenant au cœur de la production matérielle. Et le racisme idéologique qui a été une arme très efficace dans le passé pour détourner le prolétariat de ses buts historiques, est devenu trop compromettant pour que la bourgeoisie en use directement, comme à l'époque fasciste-nazie. Mais un antiracisme communautarisé au service de la classe moyenne afro-américaine et piloté par les médias "de gauche" tel que celui qui sévit actuellement aboutit au même résultat : dissocier le prolétariat en groupes hostiles, et remplacer la question sociale par la question raciale.
Pourquoi attendre une telle révolution aux États-Unis? 
 
Au moment où un virus dévastateur met à nu l'injustice sociale, où une crise économique majeure commence, où la bourgeoisie américaine ferme précipitamment la porte à la solution social-démocrate de Bernie Sanders, la métropole historique du capitalisme impérialiste est peut-être en voie de devenir son maillon faible. Il y a de nombreuses luttes politiques et sociales dans ce pays depuis 2008, qui sont fort peu relayées dans les médias, mais qui créent une génération politisée.
 
Trump a gagné en 2016 (à la marge) en proposant une politique protectionniste aux ouvriers mais il n'a pas réussi à rapatrier la production industrielle, au-delà des effets d'annonce. Aujourd'hui il en est réduit à tenter une diversion xénophobe antichinoise, qu'il peut encore moins soutenir à terme que ses rodomontades habituelles contre des pays plus faibles (Venezuela, Iran, Corée, etc).
 
Dans le pays les inégalités sociales et la misère ont atteint des sommets, et le mythe américain est en berne. Il y a eu les déceptions provoquées par la présidence d'Obama. L'Obamacare s'est révélé n'être qu'une illusion, mais il a posé les jalons d'une revendication de masse à la fois modérée et inacceptable pour l'oligarchie. De même la revendication pour un salaire minimum. Les révolutions se déclenchent quand les masses réclament quelque chose de très raisonnable que les classes dirigeantes refusent avec rigidité. Et il n'y a pas plus rigide que la clique de multimillionnaires qui constitue le Congrès américain.
 
Il faut se souvenir que les Américains sont armés ce qui les rend sans doute moins déférents que d'autres devant la violence d'État. Sans doute pas les classes moyennes de gauche qui réclament le contrôle des armes à feu, mais ce ne seront pas elles qui seront déterminantes.
 
Mais surtout, si des troubles révolutionnaires nouveau apparaissent aux États-Unis, les autorités ne sauront pas les gérer : elles ont perdu la main depuis leur triomphe sur la gauche ouvrière dans les années 1950, elle n'ont plus l'habitude de la négociation de classe, à laquelle est rompue le personnel politique européen. Elles réagiront maladroitement, par une répression exagérée, qui empêchera de trouver les relais opportunistes indispensables au sein de la gauche modérée, sans pour autant pouvoir tout noyer dans le sang, et étendront d'elles-mêmes l'incendie.
 
Arrivé à ce point il manquera à ces autorités le recours habituel dans ces cas là dans tous les autres pays ... qui n'est autre que l'intervention des États-Unis ! pour écraser la révolution et distribuer du pouvoir d'achat pour calmer les masses !
 
A partir de là l'avenir est complètement ouvert.

GQ, 11 mai - 29 juillet 2020
PS du 31 juillet :
La "Commune de Portland" est un signe de la radicalisation de la contestation aux États-Unis, et aussi du déclassement d'une bonne partie de cette classe moyenne de gauche qui existe dans tous les pays économiquement avancés (liée à l'enseignement, la culture, la santé, la gestion des territoires, etc) et dont le statut est de plus en plus précaire, particulièrement aux États-Unis. Mais elle ne pourra pas attirer à elle les masses prolétariennes sans prendre ses distances avec les mouvements petit-bourgeois individualistes et narcissiques qui prétextent de l'écologie, du féminisme ou des droits LGTB pour se donner en spectacle.

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