mardi 5 octobre 2021

Crise ouverte ! ALGÉRIE-FRANCE:

ALGÉRIE-FRANCE: le plus difficile actuellement pour ces dirigeants arrogants est de mesurer les limites de leur puissance et à quel point la “logique des blocs” qui peuvent poursuivre des politiques néo-coloniales sont aujourd’hui remises en cause. C’est malheureusement une mentalité dangereuse et aliénante qui s’est répandue dans la population de leurs pays et qui se traduit par la destruction de toute vie démocratique y compris sur le mode électoral. Le danger de cette situation est un embrasement généralisé (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Alger a protesté samedi 2 octobre contre une “ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures”, rappelé son ambassadeur à Paris “pour consultations” et interdit dimanche 3 octobre le survol de son territoire aux avions militaires français. L’objet de ce courroux algérien, selon le quotidien Liberté : des propos tenus par le président français Emmanuel Macron jeudi 30 septembre.

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Alger a exprimé hier son rejet “catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures” à la suite des propos tenus jeudi par le président Emmanuel Macron sur l’Algérie. Le gouvernement algérien a, dans ce sillage, rappelé son ambassadeur à Paris “pour consultations”.

C’est une sortie médiatique pour le moins inattendue à laquelle s’est livré jeudi le président français, Emmanuel Macron, qui a tenu des propos tellement graves sur l’Algérie qu’ils n’ont pas laissé indifférent le gouvernement algérien. Ce dernier a, dans la journée d’hier, rappelé “pour consultations” l’ambassadeur à Paris, Mohamed-Antar Daoud. S’exprimant devant une assistance composée de jeunes petits-enfants de pieds-noirs, de harkis, de juifs et même d’anciens membres du FLN, mais également d’un journaliste du quotidien Le Monde qui a fait un récit de cette rencontre, Emmanuel Macron a qualifié le pouvoir algérien de “système politique fatigué” qui “est fragilisé par le Hirak”. Le président français, qui s’est montré loquace à l’occasion, n’a pas mis de gants pour affirmer que “le système politico-militaire algérien s’est construit sur la rente mémorielle”.

En réponse à un jeune Algérien qui lui a fait savoir que contrairement à ses assertions sur la haine que développeraient les Algériens envers la France, Emmanuel Macron s’en est pris au système politique algérien qu’il dit distinguer du reste de la société algérienne. “Je ne parle pas de la société algérienne dans ses profondeurs, mais du système politico-militaire qui s’est construit sur (…) (la) rente mémorielle. On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak l’a fragilisé”, a-t-il indiqué.

Dans la foulée, le chef de l’État français a également abordé ses relations, jusque-là excellentes, avec le chef de l’État algérien. “J’ai un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur”, a-t-il lâché. Une déclaration qui tranche radicalement avec les expressions de soutien mutuel que les deux présidents s’échangeaient jusque-là. “Je vous le dis franchement : je ferai tout ce qui est en mon possible pour aider le président Tebboune dans cette période de transition. Il est courageux”, disait le président français, il y a une année de cela dans le magazine Jeune Afrique. 

Toujours à propos du système politique algérien, Emmanuel Macron précise qu’à travers les restrictions sur les attributions de visas, ce sont les “dirigeants” qui sont ciblés. “On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement”, a-t-il asséné. Un moyen de pression pour dire à ces “dirigeants” que “si vous ne coopérez pas pour éloigner des gens qui sont en situation irrégulière et dangereux, on ne va pas vous faciliter la vie”, a-t-il ajouté.

Les déclarations pour le moins tonitruantes du chef de l’État français ne concernent pas que sa perception du système politique algérien. Même au sujet des questions mémorielles, Emmanuel Macron a employé un ton inhabituel. Il a mis en cause une “histoire officielle” selon lui “totalement réécrit[e] qui ne s’appuie pas sur des vérités”, mais sur “un discours qui, il faut bien le dire, repose sur une haine de la France”, rapporte le journaliste du Monde. “La nation algérienne post­-1962 s’est construite sur une rente mémorielle”, estime-t-il.

Le président français ne s’arrête pas là puisque, dans la foulée de sa diatribe, il va jusqu’à poser la question de la nation algérienne au risque de s’attirer les foudres de ce côté-ci de la Méditerranée. “La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? Ça, c’est la question”, interroge le chef de l’État. S’il ne répond pas à sa question, il ne cache pas son agacement face à ce qu’il voit comme un traitement de deux poids deux mesures par rapport à “de précédentes colonisations”. Pour lui, les Algériens occultent la présence turque en Algérie et renvoie cela à la propagande turque. “(…) Je suis fasciné de voir la capacité qu’a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée. Et d’expliquer qu’on est les seuls colonisateurs, c’est génial.

Les Algériens y croient”, a-t-il encore indiqué. Les déclarations d’Emmanuel Macron interviennent en pleine période de pré-campagne électorale en France. Des sujets comme l’histoire de la colonisation et l’immigration se sont imposés ces derniers jours, comme des thèmes phare, avec notamment la montée de l’extrême droite. Des débats qui risquent, en revanche, d’envenimer davantage les relations, déjà tumultueuses, entre l’Algérie et la France.   


Ali Boukhlef

 

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