lundi 17 janvier 2022

Pas seulement des trahisons mais une clarification…

Un député, encore adhérent du PCF a annoncé officiellement son soutien à la candidature de Mélenchon, et il y en aura certainement d’autres déjà sortis du bois. Cela n’a rien de surprenant et pour certains d’entre nous le scénario était prévu d’avance. Mais pour beaucoup de militants honnêtes et sincères c’est un déchirement et ils disent sur les réseaux sociaux le sentiment d’être trahis. Au risque d’une fois de plus ne pas paraître en accord, je pense que ce n’est pas qu’une trahison mais c’est une clarification. Quand personnellement j’ai fait le choix de soutenir la candidature de Fabien Roussel, je savais que dès que la campagne de Mélenchon commencerait, ils agiraient ainsi et que leur volonté de faire intervenir le Congrès et sa clarification après les élections serait également pour eux et d’autres la consécration d’une liquidation pour laquelle ils n’ont cessé d’agir. IL n’y a pas que des vendus, il y a ceux qui croient que c’est “fini”, que le PCF est dépassé alors même que tout ce qu’ils ont soutenu s’effondre aujourd’hui à un rythme accéléré. C’est simplement le résultat de trente ans de leur domination sans partage, d’une débâcle sans principes ni vision à long terme, dans un parti dont il est miraculeux qu’il existe encore et qu’il se trouve encore assez de force en lui pour refuser une disparition programmée par ceux qui tiennent les fils de simples marionnettes carriéristes. Alors que dire et que faire ?

Premièrement, dépasser ce sentiment de la découverte d’une trahison, qui pour beaucoup vient de loin même s’ils ont voulu le limiter à des individus. Il ya eu Robert HUE avec la mutation détruisant pierre après pierre ce qui faisait la force de ce parti, son organisation, la formation de ses militants et terminant en train de faire la cour à Macron. Marie-Georges Buffet nous imposant Mélenchon en violant déjà le choix souverain des adhérents en s’appuyant sur des groupuscules qui ne représentaient qu’eux-mêmes. Ledit Mélenchon à qui les militants avaient fourni aide et financement ne craignant pas de les insulter, de refuser aux législatives suivantes le soutien au député sortant si celui-ci ne faisait pas allégeance à sa personne. Malgré ce la dite Marie Georges choisissant de fait malgré tout Mélenchon et encore au dernier Conseil National, d’autres qui cherchent en vain un socialiste présentable auquel se rallier et se demandant si Taubira. Le viol de la décision des adhérents et des militants ne date pas d’aujourd’hui c’est une habitude, une seconde nature, intervenue au minimum en 1996 et accompagnée depuis 1981 par une volonté de déstabilisation constante. Elle a été obtenue à l’intérieur jusqu’à entraîner la mort de Marchais, et apparemment menée par la gauche de Mitterrand. Pourtant pour détruire le PCF, Mitterrand avait du détruire le PS, le couper de sa base ouvrière, d’en faire le lieu de tous les carriérisme, technocrates, le champ dévasté par d’anciens trotskistes ayant renoncé à toute référence révolutionnaire ou technocrates des agapes patronales, une gauche atlantiste, européenne et violemment anticommuniste, anti-classe ouvrière et ouvrant les portes à l’extrême-droite. Ce n’est pas seulement le PCF, qui en a fait les frais, c’est toute la gauche dans les valeurs qui étaient les siennes, avec comme colonne vertébrale le PCF qui a été détruite. Ce sont les syndicats, manipulés au niveau européen et passé de la FSM à l’UE, parce qu’ on ne peut pas ‘ignorer que la trahison ne se limite pas à l’allégeance à Mélenchon, lui qui n’a jamais désavoué ni le lambertisme, ni Mitterrand, cette débâcle le dépasse, elle a été managée au niveau européen. Cette fin de la gauche sur le modèle des démocrates étatsuniens s’est développé dans toute l’Europe et obéit à un projet mené de longue date dans le contexte de la victoire sur l’URSS . le socialisme européen, c’est ou se devrait être l’alternance sans risque au profit de l’OTAN et du capital.

Et aujourd’hui, avec l’accélération de la pandémie, en France, en Europe, sur toute la planète, c’est la remise en cause d’une suprématie occidentale avec son dernier avatar l’empire américain. une transformation planétaire et qui veut que les problèmes soient à l’échelle de la planète même si l’agir doit être au plus près des victimes de la situation,. Le capital cherche des solutions politiques de remplacement dans le sang et les larmes, même s’il continue à agiter l’étendard de la démocratie contre le totalitarisme, une de ses bases, les élections se vide de son contenu comme la pseudo indépendance des médias. Au titre de ce qu’il défend, il y a une écologie pétainiste qui combat le nucléaire civil mais soutien l’OTAN et ses missiles, peut être antivaccin mais n’a rien contre la privatisation de l’hôpital public, face à ce “pétainisme”, l’autre alternance c’est l’autoritarisme, l’extrême droite, utilisant les excès sociétaux d’une gauche renonçant à la justice sociale, à la paix, à la nation … aussi refuser de voir les remèdes nécessaires face à pareille dérive, c’est croire que l’unité du parti pourrait se construire sans la remise en question de telles bases, c’est se tromper sur la nature du mal que de l’attribuer à tel ou tel individu. C’est ne pas voir aujourd’hui quels sont nos atouts et ne pas mesurer à quel point ils sont loin d’avoir gagné. Ils n’ont pas la solution et ils n’ont que des gadgets…

Deuxiémement, même si l’ébranlement est planétaire, il faut rester là où il existe un point d’appui qui a permis “la divine surprise du 38 e Congrès alors même que l’on sait qu’il ne s’agit que d’une étape dans la prise de conscience. Il y a eu FABIEN ROUSSEL qui représente cette étape inespérée, une volonté de conserver le parti communiste sur des bases qui dépassent la seule défense de l’organisation à savoir la justice sociale et la souveraineté nationale, le courage dont on toujours fait preuve les communistes. Il n’est pas le seul et je voudrais citer ce qu’a déclaré le nouveau secrétaire du Val de marne issu d’une bataille au sein du Parti avec les mêmes: ” Aujourd’hui, d’autres qui ne soutiennent pas la stratégie décidée par la majorité des adhérents et ne se soumettent pas à ce choix souverain et démocratique. (J’espère qu’ils auront l’honnêteté intellectuelle et morale de quitter le Pcf afin d’être cohérent avec leurs choix.) C’est leur droit, ça n’a pas été notre choix. Je pense qu’il faut plutôt prendre ces prises de positions, non pas comme une trahison mais comme une clarification de positions et de choix politiques. Et c’est plutôt bénéfique pour toute la gauche et l’écologie. Cet entre-deux, cette confusion a toujours été mortel pour les progressistes. Notre peuple a besoin de clarté quand il nous regarde. Et c’est quand on est clair que nous sommes entendus et écoutés par notre Peuple. Et cerise sur le gâteau, c’est quand on est clair que nous pouvons mieux nous retrouver dans les luttes, sur des objectifs précis. C’est un passage douloureux pour toutes et tous surtout pour celles et ceux qui font d’autres choix que de mener la bataille avec nous. Ces mouvements et basculements existent et continueront dans d’autres partis et organisations politiques et c’est logique. Alors loin de me réjouir humainement et affectivement de cet enfantement douloureux d’une nouvelle gauche révolutionnaire, je me réjouis intellectuellement de la clarification de l’échiquier politique. Avec notre candidat aux élections présidentielles, Fabien Roussel 2022, nous sommes sur leChemin de cette clarification avec la mise en avant et en lumière des sujets comme le travail, le pouvoir d’achat de nos concitoyens en remettant la lutte des classes au cœur du débat national. Continuons sans nous ébranler des départs des uns et des autres, on les retrouvera dans des luttes. Regardons plutôt ces milliers de personnes qui renouent avec la Gauche et avec les communistes tous les jours. Un tel enthousiasme, nous ne l’avions pas vu depuis longtemps, et en plus c’est sain. Comme disait Jean-Luc Mélenchon, « pas d’embrouille ni tambouille ».Les carabistouilles, laissons les aux autres, concentrons nous à fond sur la campagne de notre candidat Fabien Roussel qui mène une bagarre de folie. Soyons tous les dingues des jours heureux, notre Peuple le vaut bien (1)

Il n’y a pas d’autre choix que de soutenir ceux qui avancent sur ce chemin, même si en ce qui me concerne et je ne suis pas seule à penser ainsi il y a bien d’autres avancées à opérer. je vais brièvement en dire pour mémoire deux qui me paraissent incontournables mais dont l’énoncé montre à quel point on ne gagnera qu’en prenant conscience qu’il faut aller au-delà et se positionner dans un monde en plein changement: peut-être FABIEN ROUSSEL qui témoigne d’un tel courage et d’une telle ténacité dans sa campagne et qui voit comme nous tous la vague qui est en train de naitre autour de sa candidature a-t-il en revanche sous-estimé la confiance qu’il avait acquise dans le parti et combien il a derrière lui de militants prêts à s’engager, c’est peut-être là une erreur, une sous estimation à corriger pour aller plus loin.

  • Au risque de ne pas être comprise, je vais faire référence à ce qui a fondé le PCF, face à ce que j’ai décrit comme un enjeu planétaire et qui s’est opéré également dans une certaine confusion pourtant. Je dis souvent que nous sommes au moment du choix d’un parti léniniste face à la trahison qu’a représenté le vote de la guerre. Ce qui caractérise Lénine et la révolution bolchevique c’est leur lucidité face à la trahison de la social démocratie, le vote de la guerre et la conscience que l’on ne peut même pas reprendre le simple appel à la paix qu’elle a porté pour certains jusqu’à en mourir comme Jaurés, il faut en appeler au combat contre leur propre dirigeants qui sont des tyrans engendrant les guerres. Il faut procéder à une critique totale et radicale de la trahison social démocrate qui nous a mené là où nous en sommes. il faut mesurer le drame vécu par notre jeunesse et je suis convaincue que nous en sommes-là aujourd’hui. Nous avons fait un pas en France avec une candidature communiste, nous réalisons combien celle-ci est différente des autres, mais il faut aller plus loin et pour cela prendre conscience du désespoir de notre jeunesse, des défis concernant la paix et la guerre, le socialisme, le climat, la santé et tant d’autres choses face auxquelles on ne peut pas se contenter de retourner aux discours d’une gauche qui n’est plus qu’appétits individuels déchaînés. Ce qui s’est passé hier dans ce meeting dont la nullité politique s’emplissait de gadget témoigne à sa manière du désarroi de cette gauche et de la manière dérisoire dont elle est incapable d’affronter la contradiction entre les forces productives et les rapports de production. Un ego destructeur, un leader opportuniste reniflant l’air du temps et ne songeant qu’à continuer à attaquer des partenaires dont il exige la soumission et un ou plusieurs élus communistes prêts à ramper .
  • Il faut être clair, même si les élus communistes n’ont pas démérité, soumettre ce parti à la défense prioritaire et parfois exclusive des élus est loin d’avoir présenté un avantage, tant au niveau de la base militante qu’à celui des élus eux-mêmes, dont certains ont peu à peu dans la logique des institutions accepté d’être l’équivalent des radicaux de gauche, une force d’appoint recevant une récompense au-delà là de sa force réelle. Et ils n’hésitent entre le PS, Taubira, les verts, Mélenchon qu’en fonction de l’apport d’un tel ralliement et pas seulement pour leur intérêt personnel. Avec Fabien Roussel, l’importance des élus se double de la nécessité d’un vrai parti qui soit capable de proposer des solutions pour la réindustrialisation du pays ,pour son indépendance énergétique, proposant des solutions concrètes dans des domaines essentiels, sans polémique inutile mais avec fermenté, se réorganisant partout, dans les cités en y organisant l’entraide, l’accès à l’éducation, à la culture, à la propreté, aux espaces verts, à la sécurité, un vrai parti qui reprenne pied comme il est en train ci et là de le faire en recréant des cellules d’entreprise, un parti qui sache défendre le panier de la ménagère et lutter contre le gouffre des dépenses militaires. Dans ce domaine, ROUSSEL et sa campagne nous font faire des pas de géant même s’il est évident que cela ne peut pas se traduire encore en votes et ce pour de multiples raisons. Parce que le piège de Mitterrand faisant monter l’extrême-droite est plus que jamais à l’œuvre, même s’il se caricature lui même, il demeure en outre le seul critère dans laquelle les gens qui se veulent à gauche sont invités à se reconnaitre : il faut battre l’extrême droite y compris quand ils ne peuvent ignorer que ce choix ne cesse d’entretenir l’abstention et le déplacement vers le “libéralisme”, la destruction des services publics, la pression sur les salaires, et l’accumulation d’un capital financiarisé, la perte de tous les conquis sociaux. La folie de croire pour ceux qui ont encore les moyens d’une telle illusion, que Macron a récupéré la vocation de la social démocratie qui n’existait que parce qu’il y avait la contagion possible de l’URSS. Toutes ces absurdités sont devenues de l’ordre du réflexe conditionné en matière électorale pour ceux qui votent encore et il va falloir arracher la jeunesse, les couches populaires d’abord à cette folie éveillée. Parce que même si notre peuple a conscience que quelque chose de nouveau est né, cela n’atteint pas ceux à qui le message est destiné, l’impression reste superficielle comme le sont les opinions “favorables” dans les médias et il faut aussi se garder de la caricature. Et surtout tout reste à faire parce que le parti reste dans l’état antérieur, désorganisé, sans formation, coupé des couches populaires et en pleine confusion sur ce qui crée en son sein force et unité.

Voilà quelques idées superficielles jetées à la suite d’un “événement” qui n’en est pas un mais qui peut représenter une étape importante pour reconstruire un parti digne de ce nom sans lequel la situation de la classe ouvrière, de la jeunesse, du pays va ne cesser de s’aggraver… la seule sagesse est de vivre non pas dans la crainte mais dans l’espoir et tout ce qui aide à la prise de conscience est bon à prendre.

DANIELLE BLEITRACH  Blog histoire et société

je ne sais pourquoi je pense à ARAGON le soir de l’élection de MITTERRAND, j’ai témoigné du fait qu’il ne voulait à aucun prix voter pour ce dernier, mais il s’était néanmoins rendu à la Bastille, là où JUQUIN organisait une opération récupération de fête de “la victoire de la gauche”, à laquelle les militants les plus conscients ne pouvaient pas croire (mais quand le vin est tiré il faut le boire pensaient-ils). Il s’est moqué de toute cette fête et a dit ” Tout cela n’a aucune importance, c’est un non événement, mais j’ai vu passer des jeunes gens sur un nuage et cela seul avait de l’importance”… Peut-être songeait-il à cette colère devant la boucherie des tranchées qui l’avait incité comme bien des jeunes de sa génération à devenir surréaliste et communiste. Nous en sommes peut-être là…

 La trahison n’est pas celle d’un médiocre carriériste, elle est beaucoup plus vaste et nous devons tous en sortir ensemble.

 

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