mardi 17 mai 2022

 

À propos de la « NUPES » et du « mélenchonisme » : le point de vue de Patrice Carvalho, ex-député communiste élu dans l’Oise

Sur le plan électoral et de ses logiques, on ne peut qu’être d’accord avec cette analyse mais il y a plus et c’est même l’essentiel: ceux qui ont voulu que le congrès du PCF ait lieu après les élections savaient ce qu’ils faisaient en matière de liquidation et ils sont disposés à utiliser à plein ce qui désormais détruit de l’intérieur le PCF: la désorganisation social-démocrate, l’absence de formation des adhérents et même des dirigeants, l’absence de stratégie vers un but le socialisme, un parti largement devenu un club de discussion imbibé par l’idéologie dominante et dont les seules activités militantes sont centrées sur les élections et les fêtes de l’huma… Une implantation locale qui est de moins en moins liée au monde du travail et des couches populaires, la domination des élus pour les meilleurs à la recherche de compromis et les voici logiquement réduits à la portion congrue avec un Mélenchon digne produit de l’union de la carpe (le mitterrandisme) et du lapin (le trotskisme lambertiste) qui a une seule obsession qui lui assure le rôle de premier “opposant” celle de la destruction du PCF avec la complicité des liquidateurs dont certains ne se sont pas cachés voter utile sans toujours comme le pathétique maire de Stain recevoir le prix de sa trahison. Fabien Roussel et son équipe n’ont pas su bénéficier de l’adhésion des communistes et avoir une ligne plus offensive, ils ont préféré dans la deuxième partie de leur campagne croire les “élus parisiens”, “le printemps républicain” et autres et faire une campagne de “sommet” avec des ralliements sans consistance en renonçant à s’adresser directement au monde du travail et aux couches populaires. L’obligation de céder à la NUPES a suivi le vote utile mais aussi cet abandon et cette campagne droitière faisant la part belle aux liquidateurs et décourageant la gauche du parti y compris avec la position de fait pro-OTAN. Qu’en résultera-t-il ? Partout les amis de Pierre Laurent ne chôment pas, ils préparent le congrès dans la logique de la NUPES. Mais ce serait une erreur de la mener dans cette seule logique et d’en rester à ce texte circonstanciel, Mélenchon si exécrable dans sa soif de domination soit le personnage n’est qu’une conséquence : il faut le centrer sur le fond, stratégie pour le socialisme, position anti-impérialiste, le parti qu’il faut, cellules en particulier d’entreprise, centralisme démocratique et formation des adhérents, est-ce possible, je l’espère même si je ne suis plus concernée. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


Patrice Carvalho

On me demande ce que je pense de l’accord intervenu à gauche après la présidentielle. J’ai l’habitude d’être franc. Le comportement hégémonique de Mélenchon, qui croit avoir décroché la timbale avec son score du 1er tour ne créé pas les meilleures conditions du rassemblement. Cet accord a été négocié sur un coin de table. Le programme – celui de Mélenchon – était à prendre ou à laisser. La répartition des circonscriptions a suivi. Les Insoumis s’en accordent 324 et en laissent 100 aux Verts, 70 au PS et 50 au PCF. C’est oublier que les législatives, ce sont deux dynamiques : l’une nationale, l’autre dépendant des implantations locales. Or, les Insoumis n’ont pas d’implantations locales. Ils présentent des candidats qui sont d’illustres inconnus sans bilan et écartent des élus PS ou PCF solidement ancrés sur leur territoire.

L’exemple de Vénissieux, qui fait beaucoup causer dans les médias est exemplaire de ce point de vue. Les « mélenchonistes » présentent un candidat contre la Maire de Vénissieux. Ils doivent le retirer car il a des comptes à rendre à la justice mais s’apprêtent à désigner un autre candidat au lieu de soutenir la Maire communiste;

Dans la circonscription où j’ai été député (6ème de l’Oise) au cours de deux mandats (mais j’ai décidé de ne pas me représenter. Il faut savoir passer la main.), on présente un candidat du PS. Or, le PS a disparu de la circonscription. Il ne dirige aucune mairie quand nous comptons plusieurs communes avec des maires communistes et deux conseillers départementaux. Les seuls élus socialistes siègent à Compiègne dans l’opposition et ont été élus derrière une tête de liste UDI. Pas idéal pour rassembler à gauche!

L’égocentrisme de Mélenchon est mortifère. Après « la République, c’est moi! » puis « le vote utile, c’est moi! », voilà « le futur Premier Ministre, c’est moi! ». Tout cela risque de tourner court, après avoir soulevé de faux espoirs.

Patrice Carvalho

Maire de Thourotte

Député communiste de 1997 à 2002 et 2012 à 2017

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