jeudi 12 mai 2022

LE TRIOMPHE DU CYNISME

 

Il y a 20 ans, le président CHIRAC était réélu avec 61,1 % des électeurs inscrits, face à M. J.M. Le PEN . Le 24 avril dernier, M. MACRON a obtenu 38,5 % des inscrits en s’opposant à sa fille . La dégringolade n’est pas seulement la sienne, mais celle d’un système politique exténué, dont le manque de représentativité devient insoutenable. 

L’extrême droite détient 1 % des députés à l ‘Assemblée nationale, les insoumis 3 %. Cinq des treize régions de France métropolitaine sont présidées par des socialistes, huit par la droite officielle, c’est-à-dire par deux partis en voie d’extinction. Leurs candidats n’ont eu toutefois aucun mal à collecter les 500 signatures d’élus nécessaires pour se présenter, tandis que Mme Le Pen et M. Mélenchon ont failli être écartés du scrutin. Mme Hidalgo n’a réuni que 2,3 % des voix à PARIS, dont elle est maire, les édiles socialistes des grandes villes qui la soutenaient ont suscité le même enthousiasme.

Le cynisme de M. MACRON entre les deux tours de scrutin a accru le dédain populaire des institutions et de ceux qui les incarnent. Pour éliminer la candidate de droite, il a plagié son programme radical en matière de retraites. Une fois Mme Pécresse défaite, il s’est tourné vers la gauche en annonçant que le report de l’âge de la retraite serait négocié. Après avoir refusé le relèvement du SMIC pendant son premier mandat, il s’en prétend l’avocat, tout comme d’une hausse des salaires des enseignants laquelle est promise deux jours avant le second tour. Largement indifférent aux questions de l’environnement pendant sa présidence, il annonce soudain une « fête de la nature » semblable à la fête de la musique et promet que «  les grands patrons seront verts et écoresponsables ». Il se déclare attaché au référendum, alors qu’il n’en a engagé aucun, et "pas opposé"  à la proportionnelle intégrale, bien qu’il ait profité du scrutin majoritaire pour verrouiller sa pratique autoritaire du pouvoir.

Il ne lui reste plus qu’à se déclarer surpris que 28 % des électeurs, un record depuis plus de cinquante ans, aient boudé les urnes le 24 avril dernier au lieu de plébisciter un président démocrate aussi respectueux de ses concitoyens. A moins qu’il ne préfère s’offusquer qu’une proportion de Français encore plus écrasante ( 79 % ) anticipe des mouvements sociaux au cours du prochain quinquennat.

 

Extraits  d'un article de Serge HALIMI  Le Monde Diplomatique MAI 2022

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