mercredi 22 mars 2023

Macron : la démocratie et la violence

Il n’y a pas plus antidémocrate qu’Emmanuel Macron et ses sbires (ministres et parlementaires). Comment se prétendre démocrate quand on n’écoute pas la voix du peuple ? Comment se prétendre démocrate quand pour toute explication à la colère populaire on se contente de répondre que toute réforme des retraites est impopulaire -par essence- ?

Depuis son élection en 2017, E. Macron et ses affidés ne manquent aucune occasion de manifester le mépris qu’ils ont du « peuple », des citoyens : ce sont les fameuses petites phrases comme celle traitant d’illettrées les employées d’un abattoir de volailles, ou « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. Parce que c’est un lieu où on passe. Parce que c’est un lieu qu’on partage. », etc. Il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’il méprise le mouvement de contestation qui occupe le pays depuis deux mois à propos de la réforme des retraites ; il dédaigne les syndicats autant qu’il considère les citoyens comme des incultes. Macron, méprisant les gens, pense fortement que lui seul possède la vérité : une vérité révélée, suprême, qui couvre toute autre parole. Macron c’est Dieu ! Les autres ne sont que piétaille qui doit vénération et obéissance.

Donc, ne soyons pas surpris que craignant de ne pas avoir de majorité à l’Assemblée nationale Macron ait décidé de recourir à l’article 49-3 de ma Constitution, un article certes constitutionnel mais si peu démocratique. Ne nous étonnons pas, non plus, de son refus de prendre en compte le vote de la motion de censure qui n’est rejetée qu’à 9 voix, et dans la même veine ne soyons pas stupéfaits qu’il ait recours à la violence contre les manifestants. C’est grâce à la violence orchestrée par son ministre de l’Intérieur qu’il est arrivé à mater le mouvement des Gilets Jaunes après avoir anesthésié la population par « Un Grand débat » dont il n’est rien sorti et quelques aumônes.

Aujourd’hui un « grand débat » ne produirait aucun effet ; d’ailleurs il ne s’adressera pas à la Nation par un discours solennel comme fit le Général de Gaulle, non il choisit une interview face à des journalistes à sa botte ou du moins peu « révolutionnaires », trublions ou subversifs (Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier) ; une autre façon de manifester son mépris des citoyens. Mais, surtout il renoue, fidèle à Machiavel pour qui « Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé » pour assumer le pouvoir, à l’usage de la violence qui envoya tellement de Gilets Jaunes à l’hôpital dont nombreux sont sortis avec des handicaps lourds. Peu importe pour Macron, fort de ce que la violence serait légitime si elle est voulue par le gouvernement (arrangeant à sa façon la théorie du sociologue Max Weber), aidé par son ministre de l’Intérieur et par une frange des forces de l’ordre soutenu par un patronat qui se plaît à penser à un retour aux temps anciens qui ne rêvent, les uns et les autres, que d’en découdre avec « la populace » (comme avec les grévistes du 19e siècle), Macron lance ses miliciens à l’assaut. Ainsi on peut observer « Un retour à la doctrine de maintien de l’ordre de [l’ex-préfet] Didier Lallement, qui paraissait pourtant avoir été abandonnée par le pouvoir. » s’alarme auprès de Reporterre Patrick Baudouin, président de La Ligue des droits de l’Homme (LDH), parlant d’un « climat extrêmement délétère et inquiétant » ces jours-ci en France.

Pourquoi s’étonner de l’usage de la violence par un homme qui n’est là que parce qu’il est avide de pouvoir de façon démesurée et qui est dans l’obligation de satisfaire les demandes de ceux (les financiers) qui l’ont mis en place. J’en parle avec un peu de détails dans mon livre (Jean-Jacques LATOUILLE, François, Emmanuel, les autres et les grenouilles : Regard d’un quidam sur l’Affaire Fillon, ed Iggybooks) où j’écris : « Ainsi, se pencher sur les traits de personnalité d’Emmanuel Macron permet de poser des hypothèses sur son mode de gouvernance en comprenant mieux pourquoi et comment il s’est appuyé sur telle ou telle personne, sur tel ou tel réseau. […] Faut-il penser qu’Emmanuel Macron aurait une image de soi qui, comme pour Donald Trump, exclurait toute dimension d’échec et qu’il ne considérerait les “autres” qu’en tant qu’ils peuvent être utiles à l’accomplissement de son projet, fusse en les détruisant ? Son père dit de lui (le Magazine du Monde du 2 janvier 2021) : « Emmanuel est capable de tirer de chacun ce qui peut lui rendre service à lui ». […] ; à cela ajoutons des caractéristiques psychologiques apparentes chez Emmanuel Macron : narcissique et avide d’un pouvoir absolu ; il lui faut donc tout mettre en œuvre pour montrer sa « supériorité » et affirmer son pouvoir.

Macron est un curieux personnage à propos duquel j’écrivais un billet de blog (https://politiqueethumanite.over-blog.com/) le 16 juin 2017 : « E. Macron va-t-il tuer la République ? ». On peut y lire les phrases suivantes : « Fort de sa popularité qui effaçait les aspects négatifs et le caractère autocratique de sa gouvernance Louis-Napoléon n’eut aucune difficulté pour organiser un coup d’État par lequel il renversa la IIe République. Napoléon III n’a pas tué la République, E. Macron non plus ; la République est morte de ne s’être pas renouvelée ce qui ouvrit à Louis-Napoléon comme à Emmanuel le chemin du pouvoir. Louis-Napoléon fut le croque-mort qui conduisit la IIe République au caveau et qui assura la Régence avant l’arrivée de la IIIe République. E. Macron semble parti pour suivre le même chemin que Louis-Napoléon ; mais quelle régence assurera-t-il : celle entre deux Républiques (la Ve et la VIe) ou entre deux régimes politiques (libéral et fasciste) ? » C’était en 2017, mais aujourd’hui qu’en est-il : Macron, agissant comme le plus lamentable des dictateurs, ne souhaite-t‑il pas d’un coup d’État qui ferait de lui « l’Empereur », ce qui lui éviterait, pour garder le pouvoir, l’écueil constitutionnel qui l’empêche de se présenter à un troisième mandat ?

LATOUILLLE Blog Agora VOx

 

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