Quand la directrice de la BCE pleure sur son monde, par Jean Lévy
blog çà n'empêche pas Nicolas
Christine Lagarde, directrice de la Banque Centrale Européenne, ne cache pas ses inquiétudes face aux évolutions récentes du commerce et des investissements mondiaux.
Elle considère ce changement comme le résultat de "l'abandon apparent de la domination hégémonique de l'économie américaine et du dollar dans l'économie mondiale". Celle-ci, selon la patronne de la BCE, "serait aujourd'hui fragmentée et multipolaire" où aucune puissance économique, ni même celles regroupées dans le G7, ne dominera le commerce, les investissements, les monnaies à l'échelle du monde.
Quel aveu d'échec subi par les Etats-Unis dans leur combat pour dominer la terre ! Rappelons-nous les propos tenus dans les années 90 sur la "fin de l'histoire", selon l'expression de Francis Fukuyama, analysant ainsi les conséquences de la chute de l'Union soviétique sur les nouveaux rapports de force à l'échelle mondiale.
Christine Lagarde regrette le bon vieux temps : la période qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique en 1990, censée annoncer une période de domination mondiale par les États-Unis et leur « alliance de volontaires ».
Et c'est l'aveu :
« Après la guerre froide, le monde a bénéficié d’un environnement géopolitique remarquablement favorable. Sous le leadership hégémonique des États-Unis, les institutions internationales fondées sur des règles ont prospéré et le commerce mondial s’est développé. »
Et d'évoquer l'époque bénie de "la mondialisation, de l’augmentation des échanges commerciaux et des flux de capitaux, de la domination des institutions de Bretton Woods, comme le FMI et la Banque mondiale, qui dictaient les conditions de crédit, et surtout, de l’espoir que la Chine serait intégrée au bloc impérialiste après son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001."
Mais rien ne s'est passé de cette façon.
"La Chine n’a pas joué le jeu en ouvrant son économie aux multinationales occidentales. Cela a contraint les États-Unis à passer d’une politique "d' engagement" à une politique "d'endiguement" à l’égard de la Chine", estime Christine Lagarde
Ainsi, les Etats-Unis ne règnent plus sur le monde.
Et la directrice de la BCE, après avoir évoqué la guerre en Ukraine dit craindre une instabilité durable, une croissance plus faible, des coûts plus élevés".
En d’autres termes, la mondialisation et la facilité de circulation du commerce et des flux de capitaux qui ont tant profité au bloc impérialiste, ont pris fin.
Le rôle du dollar américain en tant qu’empereur des monnaies est-il menacé par d’autres monnaies dans le commerce et l’investissement ? Mme Lagarde a fait le commentaire suivant :
« Des preuves anecdotiques, y compris des déclarations officielles, suggèrent que certains pays ont l’intention d’augmenter leur utilisation d’alternatives aux principales monnaies traditionnelles pour la facturation du commerce international, telles que le renminbi chinois ou la roupie indienne. Nous constatons également une accumulation accrue d’or en tant qu’actif de réserve alternatif, peut-être sous l’impulsion de pays ayant des liens géopolitiques plus étroits avec la Chine et la Russie ».
Ainsi, Christine Lagarde trace un sombre tableau de l'évolution de son monde, qui n'a plus comme maître unique les Etats-Unis d'Amérique...
JEAN LEVY
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