mercredi 14 juin 2023

Publié par El Diablo

 

Pour combattre efficacement un adversaire politique, il faut commencer par bien nommer les choses. Or, les qualificatifs de « libéral » ou « néolibéral » pour Macron et son monde sont absolument désastreux d’un point de vue stratégique.

Le citoyen lambda, c’est-à-dire non politisé (ce qui représente la majorité de la population), ne fait strictement aucune différence entre « libérale » et « néolibérale ». Et dans tous les cas, il entend un terme plutôt positif – « libéral » – qui renvoie à la notion de « liberté ». 

Dès lors, la question est simple : pourquoi continuer à caractériser un adversaire politique par un mot qui non seulement crée de la confusion, mais qui en outre lui est spontanément favorable ?

Ce n’est pas parce que cette mauvaise habitude a été prise depuis plusieurs années par les opposants politiques qu’il faut persévérer dans cette voie. 

Puisque les classifications traditionnelles ne sont plus du tout signifiantes dans la période pour la plupart des gens – les notions de « droite » et « gauche » sont aussi concernées –, il apparaît urgent et impératif d’adopter une nouvelle grille de lecture, à la fois claire et efficiente.

Et pour être audible dans le débat public, il convient également que la terminologie employée ne soit ni outrancière ni excessive.

Dans ces conditions, il me semble qu’il serait pertinent et efficace de situer politiquement les partis et personnalités politiques selon trois axes distincts.

Le premier axe est économique et social avec d’un côté les « égalitaires » et de l’autre les « inégalitaires ».

Le deuxième axe concerne la liberté politique (respect des libertés publiques) avec d’un côté les « démocrates » et de l’autre les « autoritaires ».

Le troisième axe est culturel avec d’un côté les « progressistes » et de l’autre les « conservateurs ».

Et là, la vérité se fait tout de suite beaucoup plus limpide. 

De Macron à Zemmour, en passant par les LR et Le Pen (sans oublier les socialistes hollandistes dont Cazeneuve semble être devenu le nouveau héros…), ce sont tous des inégalitaires autoritaires. Tous défendent en effet des politiques économiques qui visent à préserver voire renforcer les inégalités sociales. En effet, ils sont tous d’accord pour se soumettre aux injonctions de l’Union Européenne. Fin de la démonstration.

Or, dans la période actuelle qui voit le mécontentement progresser au sein du pays, mener une telle politique économique ne peut se faire qu’en portant atteinte aux libertés publiques (liberté de manifester, droit de grève, liberté d’expression). C’est que les gens ont une fâcheuse tendance à se rebeller lorsque les gouvernants cherchent à leur pourrir la vie… Et puisqu’écouter le peuple ne leur effleure même pas l’esprit, il faut bien tuer les mouvements sociaux par tous moyens. Le tempérament inégalitaire de toutes ces forces politiques les pousse donc naturellement et inévitablement vers l’autoritarisme. 

Ne reste que l’aspect culturel où chacun tente autant qu’il peut de faire vivre sa singularité. Mais même sur cet aspect, les bourgeois progressistes d’hier ne sont plus très loin de rejoindre les positions les plus conservatrices. Et nul doute qu’ils franchiront le pas sans hésiter une seule seconde si d’aventure le choix électoral se pose à eux de choisir entre une force politique égalitaire démocratique et une force inégalitaire autoritaire. Plutôt Hitler que le Front populaire … on connait l’histoire. 

L’avantage d’utiliser les termes « inégalitaires » et « autoritaires » pour caractériser politiquement ces courants politiques est bien sûr qu’ils sont connotés négativement, mais aussi qu’ils sont aisément compréhensibles par tous, et qu’il est très facile d’argumenter pour les justifier. 

Ne dites donc plus que Macron est un « libéral », c’est un inégalitaire autoritaire.

François BOULO

Avocat et gilet jaune


 

Aucun commentaire: