vendredi 11 août 2023

 

L’invasion française du Niger pourrait se transformer en une guerre franco-africaine totale

Nous plaçons en fin de l’article de Drago Bosnic, qui décrit la situation sans issue de la France dans l’Afrique de l’Ouest, la déclaration du PCF sur les événements du Niger. Notons que cette déclaration dans sa première partie, décrit le sous-développement mais pas le pillage français, elle condamne sans réserve l’initiative des militaires, appuie totalement des institutions totalement déconsidérées et ne fait pas état de l’appui du Mali, du Burkina Faso, de l’Algérie, elle intervient de ce fait en appui à Macron, donc elle justifie une future intervention quoiqu’elle en dise. Il y a eu sous le gaullisme et une indépendance fictive au plan économique et politique, la françafrique de droite, les “réseaux Foccart, le PCF se battait contre ce néocolonialisme avec les partis communistes locaux. La gauche, sous Mitterrand, a construit ses propres réseaux (voir le rôle d’Hubert Vedrine dans le génocide du Rwanda, les nouveaux circuits de pillage du PS auquel il appartient avec les Cazeneuve et la clique de Macron, l’Institut Montaigne, la banque Rothschild, et le Siècle, terra nova). Le PCF à partir de Robert Hue n’a plus de politique internationale indépendante, des individus cyniques intégrés à une mafia de décideurs, des groupes “d’affinité” liés au communautarisme, les rencontres informelles, c’est le “travail”qui se joue dans le vieux PS ouvrier autant que le PCF, par grandes écoles, “pantouflage” et petites subventions européennes. Est-ce que cela continue? Oui et non, dans la deuxième partie, il y a des propositions qui relèvent d’un lointain passé anticolonialiste en Afrique. Ces propositions effectivement portent le minimum timide de l’espérance d’une autre relation avec l’Afrique et c’est le seul parti à les émettre alors que la France se laisse ronger par l’extrême-droite. La porte est plus qu’étroite et la seule possibilité est de tenter de l’ouvrir, d’intervenir. C’est d’autant plus possible que le mouvement du monde va dans le bon sens, et que partout en Afrique comme en Europe, en France montent les résistances.

Quant à l’article de Drago Bosnic, il constitue un excellent rappel du rôle de la France en Afrique, et de l’état des institutions qui sont l’équivalent de l’OEA en Amérique latine, et de l’UE chez nous, des façades antidémocratiques vassalisées, mais il nous parait totalement sous-estimer (comme d’ailleurs la déclaration du PCF) le rôle des USA. Alors qu’hier on apprenait que c’est Victoria Nuland, “haute responsable de la diplomatie américaine”, qui a aussi confié avoir eu des discussions « extrêmement franches et par moments assez difficiles » avec les auteurs du coup d’Etat. Face à l’impossibilité d’agir de la France, les USA reprenaient la main et la dite Victoria Nuland était chargée de l’affaire. On ne peut s’empêcher de se souvenir que c’est cette dame qui a déjà réglé avec un coup d’Etat en 2014, avec le coup d’Etat du maïdan, la situation ukrainienne (avec l’accord de Fabius ministre des affaires étrangères, celui d’Allemagne et celui de Pologne). Dans une telle optique, Macron devient comme Zelensky l’homme que l’on peut abattre parce qu’il est “usé’. On se dit que le panier de crabe est bien le même et que la “gauche” française n’en finira pas de payer avec la France elle-même une collaboration avec l’Otan, qui vient de loin, et peut être fatale à cette gauche comme au pays, mais ici aussi il y a deux facteurs 1) le surgissement d’un monde multipolaire et 2) le refus des peuples d’une situation devenue invivable. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par Drago Bosnic | 05/08/2023 | AfriqueSources : alethonews,

Depuis que l’armée nigérienne sous le commandement du général Abdourahamane Tchiani a pris le pouvoir le 26 juillet, il y a eu un augmentation exponentielle des tensions entre Niamey et ses anciens maîtres colonialistes à Paris. Cela a atteint le point où la France en est maintenant à envisager sérieusement d’envahir le pays d’Afrique de l’Ouest.

L’exploitation des « anciennes » colonies françaises s’est poursuivie sans relâche pendant plus d’un demi-siècle, même après qu’elles aient obtenu l’apparence de l’indépendance, Paris en étant le principal bénéficiaire, une relation unilatérale. Ce vol purement néocolonial couplé à l’incapacité de La France à faire face à diverses insurrections terroristes dans la région, a été la principale raison derrière laquelle se profile une série de soulèvements populaires dans le Sahel.

Paris est maintenant confronté à un dilemme stratégique. Si vous laissez le Niger continuer son chemin vers une véritable indépendance, la France ne pourra pas continuer à exploiter les ressources naturelles du pays. Je veux dire plusieurs de ses anciennes colonies ont servi de source d’extraction massive et, compte tenu des problèmes récents auxquels Paris a été confronté, ces ressources pourraient être plus importantes que jamais. D’autre part, les changements géopolitiques dans la région ont laissé la France largement impuissante. Après la défaite de son intervention de près de dix ans au Tchad l’année dernière, Paris a maintenu des bases en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Gabon. Mais, dans aucune d’entre elles, les bases ne peuvent être utilisées efficacement comme une étape pour une invasion étant donné le nombre limité de troupes stationnées là-bas.

Toutefois même si la France trouvait d’une manière ou d’une autre assez de soldats pour commencer l’invasion, aucun des trois pays ne borde le Niger. Le Gabon est le choix le moins logique, puisque le Cameroun et le Nigeria se situent entre lui et le Niger, ce qui laisse seules les bases existant au Sénégal et en Côte d’Ivoire comme possibilités viables. Et pourtant, c’est là que les problèmes de géographie s’imposent à Paris et la vraie géopolitique commence. Plus précisément, pour une utilisation en effet, ses forces dans les deux pays font que pour atteindre le Niger, la France a besoin passer par le Mali et le Burkina Faso, qui ont déjà déclaré que toute action militaire contre Niamey équivaudra à une agression contre eux. Dans d’autres termes, si la France veut attaquer le Niger, elle devra aussi attaquer deux autres pays africains.

Une alternative pour Paris pourrait être l’utilisation de son influence néocoloniale dans le CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, également connue sous le nom de CEDEAO en français et en portugais). Cependant, leurs membres risquent ce faisant de connaître encore plus de soulèvements anti-occidentaux qu’ils n’en ont déjà, le pôle belligérant est profondément impopulaire dans la région. Certains membres de la CEDEAO, comme le Nigeria, pourraient être le meilleur choix géographique, mais étant donné que Paris a peu ou pas d’influence sur Abuja, c’est hautement improbable. Sans parler du fait que le Nigeria a déjà une masse de problèmes et la dernière chose dont ce pays a besoin est servir de théâtre à une invasion néocoloniale.

Pour aggraver les choses pour la France l’Algérie s’est jointe au chœur des alliés du Niger. L’archi rival de toujours français qui a été le fer de lance de l’indépendance de plusieurs de ses « anciennes » colonies aux États-Unis. Les années 1960 sont effectivement celles où l’Algérie est une superpuissance africaine, lourdement armée et très motivée pour ne jamais permettre que Paris ou toute autre puissance des (néo)coloniaux occidentaux s’implantent solidement dans la région. Ceci laisse toujours le Tchad comme la seule option viable pour une invasion, puisque le pays a été longtemps celui d’où pouvait intervenir un scénario fondamental pour pratiquement toutes les opérations de l’armée française dans la région, y compris l’invasion illégale de la Libye. Il faut cependant considérer que se rendre au Tchad à ce stade est plus facile à dire qu’à faire et cela laisse encore la plupart des problèmes géopolitiques non résolus. De plus, cette option se heurte toujours à toutes les considérations géographiques.

C’est-à-dire que la capitale du Niger, Niamey, est située dans le coin sud-ouest du pays, près de de la frontière avec le Burkina Faso. Par conséquent, même dans le cas improbable qu’aucun de ses voisins n’intervienne, le Niger a encore une fenêtre confortable d’opportunité pour résister à l’invasion. Cela pourrait se terminer en catastrophe pour la France, puisqu’une défaite militaire dans la région conduirait inévitablement à l’effondrement total du système néocolonial qu’elle est censé avoir abandonné dans les années 1960. En revanche, si Paris n’intervient pas cela se produira de toute façon, bien qu’à un rythme un peu plus lent. Quoi qu’il en soit, le dilemme aboutit inévitablement à un bras de fer géopolitique, Laisser les choses en l’état pourrait aussi encourager d’autres pays à se rebeller contre le néocolonialisme occidental dans d’autres parties de l’Afrique, et peut-être au-delà.

Quant aux alliés de la France au sein de l’OTAN, ils sont restés silencieux et neutres, notamment les États-Unis (une caractéristique plutôt rare dans leur politique étrangère) généralement belliqueux. Washington DC a une base militaire dans la partie pays central, Niger Air Base 201, géré par US AFRICOM (Commandement africaine), mais ses capacités opérationnelles se limitent principalement à des attaques avec des drones, avec les troupes déployées là-bas composées en grande partie par un équipage réduit qui fournit des services de sécurité de base. Parallèlement au récent refroidissement des relations entre les États-Unis et France, cela rend hautement improbable que le Pentagone donne le feu vert pour toute implication des États-Unis dans une éventuelle invasion française, malgré le fait que Washington DC soit intéressé à maintenir le néocolonialisme occidental en Afrique aussi longtemps que possible.

Source : https://alethonews.com/2023/08/03/french-invasion-of-niger-could-turn-into-all-out-franco-african-war/

Cette traduction peut être librement reproduite à condition que son intégrité soit respectée et que l’auteur, le traducteur et Rebelión.org soient mentionnés comme source de la traduction.

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DÉCLARATION DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS

Depuis le 26 juillet 2023, le Niger, qui a l’Indice de développement humain le plus bas du monde, connaît des bouleversements politiques avec une nouvelle immixtion des militaires dans le fonctionnement normal des institutions.

Le président Mohamed Bazoum élu en 2021 a été renversé par un coup d’État mené par de hauts responsables de la Garde présidentielle. Depuis, il est l’otage des putschistes. Un Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP) dirigé par le général Abdourahamane Tiani, inamovible commandant de la Garde présidentielle depuis 2011, et composé d’officiers de l’armée, dirige le pays après avoir proclamé la suspension de la Constitution et des institutions. Depuis 1993, Mohamed Bazoum est le quatrième président démocratiquement élu qui est déposé par un coup d’État.

Ce coup d’État a été condamné par les organisations sous-régionales, régionales et par l’ONU. Des sanctions extrêmement sévères ont été prises contre le Niger. La CEDEAO a décidé la fermeture des frontières aériennes et terrestres ainsi que la suspension de toutes les transactions commerciales et financières avec le pays, y compris celles portants sur les produits pétroliers, l’électricité, les biens et services. Le président nigérian, Bola Tinubu, porté récemment à la tête de l’organisation, a fixé un ultimatum au 6 août pour un retour à l’ordre constitutionnel. Sinon, la CEDEAO envisage « toutes les options, y compris militaires ».

La France, ancien pays colonisateur, qui compte le Niger parmi ses plus importants fournisseurs d’uranium et qui a redéployé au Niger une bonne partie de son dispositif militaire au Sahel, a suspendu toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire et a procédé, grâce à ses soldats, dont nous saluons l’intervention rapide, à l’évacuation de ses ressortissants. L’ONU a suspendu ses opérations humanitaires et les États-Unis qui ont 1100 soldats stationnés dans le pays, ont menacé de remettre en cause leur partenariat avec le pays.

Face à cette situation complexe et dangereuse, le Parti communiste français :

Condamne le coup d’État et exige la libération sans condition du Président Mohamed Bazoum. C’est par l’ouverture de négociations politiques, impliquant toutes les forces vives du pays, pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel que la crise pourra être résolue ;
Appelle à la levée immédiate des différentes sanctions qui punissent le peuple nigérien sans avoir un quelconque impact sur les putschistes ;
Condamne les projets d’intervention militaire des pays voisins et de la CEDAO qui aurait des conséquences catastrophiques pour le Niger et pour l’ensemble de la région. La CEDEAO se doit à l’inverse d’être facilitatrice des négociations internigériennes ;
Demande au gouvernement français qu’il cesse d’encourager les projets d’intervention militaire qui se font jour au sein de la CEDEAO. Il faut en finir avec les ingérences des pouvoirs français dans les affaires de l’Afrique, qui tournent le dos aux attentes comme aux intérêts des peuples ; ce qui implique de ne plus jamais rééditer les erreurs du passé, telles celles qui avaient conduit au désastre des pays comme le Mali ou le Burkina Faso.
Paris, le 5 août 2023

Parti Communiste Français.

Note de Pedrito qui donne son avis sur le PcF qui ne me parait plus du tout communiste comme on l'entendait dans les années 60 lorsque j'ai adhéré au Parti COMMUNISTE Français.
 
" Le PcF  condamne le coup d'état...etc....etc...."
De quoi je me mêle? 
Depuis quand un parti communiste se permet-il de condamner un peuple qui se soulève contre un système post colonial, lorsque ce système qui pourtant s'effondre partout sur la planète continue de dicter sa politique aux nations africaines par chefs d'état dociles souvent mis en place et ou manipulés sans compter corrompus par l'ancienne puissance coloniale, ici la France, pour continuer à voler les richesses de ces pays ?
Quel ordre constitutionnel créé à l'initiative ou avec l'assentiment d'ancienne puissance impérialiste peut se prévaloir de n'obéir qu'aux besoins de ces populations maintenues dans la plus grande pauvreté par ce système postcolonial qui pille les richesses de leur pays pour le seul profit des grands groupes capitalistes?
Le PcF choisit un vocabulaire de soumission à ce système postcolonial qui pille les richesses des pays les plus pauvres, en demandant avec humilité  de ne plus "rééditer les erreurs du passé".
Les erreurs?  
Ces communistes se trompent de langage en plus de se tromper de méthode de solidarité internationale.
Le terme qui me parait convenir le mieux me semblerait être plutôt les CRIMES du passé !!!
Parce que l'impérialisme et le colonialisme sont des crimes depuis longtemps condamnés par l'histoire! Cela semble avoir échappé au secteur international.
A croire que ce secteur international du Parti communiste est aux mains de gens qui ne connaissent rien de l'internationalisme prolétarien et de la lutte des classes.
A lire de telles déclarations ceux qui ont inspiré mon engagement, les anciens dirigeants des années 40, 50, 60, 70, etc..., doivent se retourner dans leurs tombes. Eux et beaucoup de mes anciens camarades qui ne supportent plus cette fuite en avant suicidaire qui a commencé avec la déstalinisation.
A qui, à quels liquidateurs de la pensée  communiste, de la doctrine communiste, Robert Hue et consorts, les communistes ont-ils confié les clefs de la place Colonel Fabien?
Il faudra bien qu'un jour ces appendices de la social démocratie soient renvoyés là où ils seraient le mieux: n'importe où, mais surtout hors du Parti Communiste, où les dégâts qu'ils ont occasionnés sont considérables....
 
 

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