dimanche 4 février 2024

 

La poudre aux yeux

Agora Vox

Cette vieille expression n’a pas pris une ride, et elle est en train de retrouver une nouvelle jeunesse au sein de ce gouvernement…

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il n’est pas question d’évoquer cette autre poudre, ... de la farine aux narines ?..., qui fait des ravages un peu partout dans le monde, même chez nos politiques, à tel point que des internautes taquins ont surnommé le chef de l’état « le poudré »…

poudre de perlimpinpin donc ?...

Cette poudre aux yeux serait-elle celle des discours fallacieux, des belles promesses, aptes à calmer les colères, même les plus violentes et les plus justifiées, comme celles que la France connaît ces derniers jours.

Sauf que les promesses pourraient bien prendre la poudre d’escampette, si elle ne restent que des promesses... justement de perlimpinpin, cette poudre aux vertus imaginaires vendues autrefois par des charlatans, un médicament donc illusoire, elle étant sa définition. lien

De la poudre aux yeux, donc, qui manifestement n’a pas fait longtemps illusion auprès des paysans en colère, et les promesses du premier ministre pourraient bien mettre le feu aux poudres.

Mais y a-t-il une seule colère, une seule raison de l’être, une unanimité syndicale ?

Rien n’est moins sûr.

En effet, les convergences entre la FNSEA et d’autres syndicats ne sont pas systématiques, car comment pourrait-on mettre dans la même logique les agriculteurs pratiquant des techniques quasi industrielles, sur des centaines d’hectares, voire des milliers, pour toujours plus de productivité, sans trop s’inquiéter des conséquences sur la santé des consommateurs, et globalement sur celle de la planète, et des espèces animales qui tentent d’y survivre, à coup d’insecticides divers et variés, de disparition des haies, qui servent d’asile aux prédateurs de certains insectes ?…

On pourrait dans cette logique s’interroger sur le statut du patron de la FNSEA, Laurent Rousseau en l’occurrence, ce multimillionnaire d’usines à huile de colza et de tourteaux, avec ses 2000 hectares de blé qu’il ne cultive pas lui même… et qui a signé sans états d’âme les accords de libre échange, ces accords qui permettent d’importer des produits moins chers, moins respectables de l’environnement, et de nos petites santés, vu qu’il ne sont pas tenus à prendre en compte les normes européennes...ces accords qui sont l’une des raisons de la colère paysanne…

comparer donc ces riches agriculteurs avec les modestes paysans, pratiquant une agriculture responsable, en circuit court, vente à la ferme, ou à proximité, avec son lot de « paniers paysans », ses AMAP,…ne serait pas acceptable, car ceux là sont rarement adhérents à la FNSEA, et on les trouve plutôt dans les rangs de la coordination paysanne, ou d’autres plus modestes syndicats.

Il n’y a en effet aucune commune mesure entre les petits agriculteurs à 3 hectares cultivés, et leurs quelques vaches paissant librement dans les prés, avec les 1,8 million de poulets enfermés dans des fermes-usines de l’agrobusiness.

Sauf que le gouvernement à la recherche d’un bouc émissaire, tente de faire porter la responsabilité du conflit sur les « écolos », lesquels seraient les empêcheur de polluer en rond, en multipliant les réglementations qui handicapent les agriculteurs...

ce serait oublier que la FNSEA est l’une des signataires de ces réglementations contraignantes.

En effet le libre échange validé par l’Europe permet au Brésil, et à d’autres, d’exporter des produits non conformes à la législation européenne sans la moindre difficulté.

Rappelons que ce libre échange a déjà tué 3 millions d’emplois industriels, et mis des millers d’autres au chômage (lien)...quand ils n’ont pas été conduits au suicide. lien

Si l’on prend l’exemple de la Nouvelle-Zélande qui, en échange de la disparition des droits de douane concernant les exportations européennes, ouvre le marché néo-zélandais dans les secteurs des services financiers, du transport maritime, et des services de livraison. lien

Il en a été de même avec le Canada libre d’exporter entre autres ses produits agricoles, même s’ils ne sont pas conformes aux normes européennes. Lien

C’est ainsi que les poulets polonais, brésiliens, de Thaïlande ou d’ailleurs envahissent nos assiettes sans pour autant respecter les normes européennes, et à des prix défiant toute concurrence, (parfois 3 fois moins chers). Lien

Rappelons tout de même que le Sénat a quelque peu traîné les pieds pour valider la vente dans l’UE de denrées produites sans respecter les normes en vigueur sur le marché européen, mais l’a finalement accepté avec le soutien « du bout des lèvres » du nouveau ministre des affaires européennes, Stéphane Séjourné, malgré le refus de l’écologiste Yannick Jadot lequel dénonçait « un danger absolu pour le secteur de l’élevage ». lien

Où en est-on avec la mobilisation, et la réaction de l’état ?

Contrairement aux déclarations du gouvernement, la lutte continue. lien

Après avoir pudiquement baissé les yeux sur les péripéties diverses et variées consécutives aux manifestations paysannes, Darmanin en vient finalement aux menaces, assurant que des blindés empêcheront les tracteurs de rentrer dans Paris, et de protéger Rungislien

Celui qui disait vouloir être « gentil avec les gentils et méchant avec les méchants », (lien) est manifestement passé au stade de « gentil avec les méchants, et méchant avec les petits »... les petits syndicats donc, puisque ceux-ci n’ont pas avalé les couleuvres que leur proposait le premier ministre, maintenant la mobilisation, malgré les hésitations de la FNSEA. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « ce qui est dans la parole est dans le silence ».

le dessin illustrant l’article est de Chaunu

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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