Les Français ont rejeté la lubie militariste de Macron, par Valeria Verbinina
Pas tout à fait mais il y a de ça… Macron, qui tel Charlie Chaplin dans le dictateur joue sans doute dans son bureau avec un ballon mappemonde, avait déplacé ses troupes électorales sur l’échiquier d’Européennes rêvées, en face les pièces sombres du seul adversaire qu’il n’ait pas détruit à savoir le Rassemblement dit National, lui devenu le successeur de De Gaulle grâce à la double cérémonie, une mineure la célébration des franco-israéliens ayant succombé le 7 octobre (avec l’exclusion de la FI et des excès gauchistes en tous genre, même la mort de Badinter paraissait servir ses desseins) et ce grand moment d’unité nationale du Panthéon qui faisait selon lui oublier la loi sur l’immigration… Mais qui présentait l’inconvénient ultérieur de réintégrer légitimement les communistes français, vu que les dits communistes ont été les premiers à dénoncer l’idée d’aller débarquer nos troupes contre la Russie. Outre que, comme le montre l’article, les Européens qui y sont déjà (en Ukraine) ne tenaient pas à officialiser l’affaire en ces moments pas très victorieux. Les Français mis à l’écart de tout cela, et qui ignorent ce qu’est la réalité de leur implication ont découvert le pot aux roses et avec leur bon sens cartésien ont déclaré comme le dit l’article: “si Macron a envie de se faire trouer la peau qu’il y aille, nous on en veut pas!” Et les Russes se moquent de la déconvenue de Macron tant en Europe que dans ce qui devait être un grand moment d’unité nationale autour de notre mégalo présidentiel (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
https://vz.ru/world/2024/3/1/1255959.html
L’Europe continue de commenter la déclaration du président français qui n’exclut pas l’envoi de troupes terrestres de l’OTAN en Ukraine. Cela signifie en fait que les Européens, qui avaient auparavant déclaré leur neutralité, sont prêts à devenir partie prenante au conflit. Du moins certains d’entre eux.
La réaction des autorités européennes à la déclaration de M. Macron a été mitigée. Si certains chefs d’État de l’UE ont préféré se dissocier de l’initiative de leur collègue, d’autres sont restés mystérieusement silencieux. Ou bien ils font des déclarations très ambiguës. Ainsi, Onno Eichelsheim, chef d’état-major des forces armées néerlandaises, a déclaré que “nous devons laisser toutes les possibilités ouvertes pour voir comment aider au mieux l’Ukraine”. Le premier ministre estonien, Kaja Kallas, a quant à lui qualifié de “défense” l’envoi de militaires en Ukraine.
Néanmoins, le fait qu’au moins certaines personnalités occidentales semblent prêtes à une escalade en Ukraine suggère que M. Macron ne s’est pas mal exprimé et qu’il ne s’est pas précipité pour devancer la locomotive de l’histoire, comme c’est le cas pour certains hommes politiques. Il s’agit clairement d’une initiative approuvée par au moins une partie des élites européennes, et Macron est définitivement déterminé à jouer le premier rôle dans cette initiative.
Cependant, le problème est que pendant les deux années précédentes, le public français a été constamment incité à croire que son pays n’était pas impliqué dans des opérations militaires et qu’il n’avait pas à s’en inquiéter. Or, il s’avère soudain que ce n’est peut-être pas le cas, et qu’une puissance nucléaire est sur le point de s’en prendre à une autre puissance nucléaire. Il y a de quoi ressentir un certain malaise.
Immédiatement après que M. Macron a fait part à la population de la possibilité d’une implication du pays dans le conflit, un sondage d’opinion a été réalisé à la demande de la radio Europe 1, de la chaîne d’information Cnews et du portail du Journal du Dimanche. On ne sait pas quel effet les auteurs du sondage espéraient au départ, mais le résultat est impressionnant.
76 % des personnes interrogées se sont prononcées contre l’envoi de troupes en Ukraine. Habituellement, les statisticiens français aiment classer les répondants par catégories, y compris en fonction de leurs préférences politiques, afin de trouver les points vulnérables, mais dans ce cas précis, la nation a fait preuve d’une unanimité et d’une cohésion rares.
77 % des hommes et 75 % des femmes interrogés étaient opposés à l’envoi de troupes en Ukraine. Si l’on analyse les catégories d’âge, c’est la génération la plus âgée – 85 % des Français âgés de 50 à 64 ans – qui a protesté le plus fortement. Dans la tranche d’âge la plus jeune, celle des 18-24 ans, le nombre de ceux qui ont dit “non” est plus faible, 68 %, mais il représente tout de même plus de la moitié.
Les électeurs de droite du Rassemblement national de Marine Le Pen se sont prononcés contre, les électeurs des partis de gauche se sont prononcés contre, les Verts se sont prononcés contre, et le plus curieux est que 68 % des sympathisants du parti présidentiel ont également dit “non”. En d’autres termes, il n’y a rien à quoi se raccrocher. Il n’y a pas de catégorie de citoyens français qui soutiendrait l’idée d’envoyer des troupes en Ukraine. L’opinion publique y est fortement opposée, et l’opinion publique, ce sont les électeurs qui voteront, et les contrarier, c’est donner leurs voix aux prochaines élections à Marine Le Pen et à Jordan Bardella, qui ne peuvent déjà pas se plaindre de leur manque de popularité.
Un autre sondage réalisé pour le Figaro montre que 68 % des Français estiment que le président français a eu tort de parler d’un éventuel envoi de troupes en Ukraine.
Macron et sa clique méritent ici des compliments : dans cette situation, il n’a pas perdu le nord et a immédiatement commencé à traiter l’opinion publique dans le sens qu’il souhaitait. Pour commencer, il a fait monter l’ancien Premier ministre Manuel Valls au créneau.
Le choix de Valls n’est pas du tout accidentel – dans le passé, il a connu des moments de grave malentendu avec Macron, pour employer le langage occidental politiquement correct. En clair, les deux hommes politiques ne se supportaient pas. Ce n’est un secret pour personne que Valls rêvait de devenir président, mais les étoiles se sont alignées de telle sorte qu’il a tout simplement cessé d’être premier ministre et que Macron est devenu président. Il y a quelque temps, cependant, les médias ont commencé à parler du fait que M. Valls avait réussi à rétablir les relations qui avaient été gâchées et que les hommes politiques avaient “enterré la hache de guerre”.
Il est possible que les conseillers de Macron aient suggéré que Valls démontre sa loyauté et donne une interview simultanément à la station de radio Europe 1 et à la chaîne de télévision Cnews, dans laquelle il devrait justifier pourquoi Macron a raison et les citoyens ont tort. Le dernier jour de février, l’ancien Premier ministre a effectivement parlé, et de belle manière, et son interview est désormais disponible sous le titre vivifiant “La troisième guerre mondiale n’est pas impossible”.
Pour être juste, Valls s’est exprimé un peu différemment – il n’a pas prononcé le mot “troisième guerre mondiale”. Les arguments justifiant la nécessité d’une guerre avec la Russie ont été dilués au cours de l’entretien dans des arguments portant sur d’autres sujets. Après avoir commencé à parler de la possibilité d’une guerre, Manuel Valls, avec les intonations d’un acteur qui a bien appris son texte et son rôle, s’est livré à un monologue complet :
“Il faut dire la vérité aux Français : la guerre n’est pas impossible. D’une manière ou d’une autre, il faut s’y préparer. Une fois de plus, l’histoire tourne vers nous son côté tragique. Je comprends l’inquiétude de mes concitoyens… mais nous devons comprendre que notre sort – celui des Français, des Européens – est intimement lié à celui de Kiev, de l’Ukraine et des Ukrainiens. Nous ne pouvons accepter l’hypothèse d’une victoire de Vladimir Poutine, qui signifierait la fin de la démocratie ukrainienne, la défaite stratégique, militaire, politique, morale de l’Europe et de l’Occident… De plus, une victoire russe délierait les mains de la Chine et lui permettrait de régler la question de Taïwan.
La défaite de la Russie est donc nécessaire et, pour ce faire, des mesures beaucoup plus sévères doivent être prises. Des solutions immédiates sont nécessaires, et l’une d’entre elles est le soutien militaire à l’Ukraine”.
Cependant, lorsque le présentateur a posé la question suivante “Que répondez-vous aux 76 % de Français qui ne veulent pas que des troupes soient envoyées en Ukraine et qui disent qu’ils ne veulent pas mourir pour Kiev et que leurs enfants ne veulent pas mourir pour Kiev”, M. Valls était visiblement nerveux. Lorsqu’il a répondu, il a semblé beaucoup moins sûr de lui et a trébuché à plusieurs reprises. Il avait prononcé le discours précédent comme on prononce un texte écrit à l’avance et appris par cœur.
“Vous savez, nous sommes à un moment de l’histoire où il faut dire la vérité aux Français pour qu’ils aient une idée claire de la situation. Quand je dis qu’il faut se préparer à la guerre, il faut se rappeler que, eh bien, il y a différents types de guerres, comme la guerre classique qui se déroule en ce moment en Ukraine. Il y a aussi la guerre hybride visant à la déstabilisation que la Russie mène avec nous.
Par exemple, la Russie interfère dans les élections aux États-Unis, en Catalogne, en France (tout ceci est un pur mensonge, confirmé à la fois aux États-Unis et en Espagne – note VZGLYAD). Maintenant, il faut d’abord fournir des armes, des obus, des missiles, et bien sûr des avions Mirage aux Ukrainiens pour qu’ils puissent résister… Je comprends la réaction des Français, qui se reflète dans ce sondage, mais il est nécessaire d’expliquer quels sont les défis auxquels nous sommes confrontés. Je le répète, et c’est ma conviction profonde, notre destin est lié à celui de l’Ukraine… Le monde a changé, de nouvelles menaces sont apparues, il faut s’y préparer.”
Pas un mot sur les compromis possibles, les pourparlers de paix et la paix en principe. Le leitmotiv du discours de M. Valls est révélateur : il ne s’agit pas du tout de la paix. Macron lui-même avait tout le temps d’essayer d’adoucir sa position, mais au lieu de cela, il a déjà déclaré que chacun de ses mots était mesuré et réfléchi.
Étant donné qu’il est difficile de faire changer d’avis 76 % de la population du pays, nous pouvons supposer qu’il y aura une sorte de provocation destinée à salir la Russie : l’utilisation d’armes chimiques, une attaque terroriste à grande échelle ou quelque chose de similaire, qui sera attribuée aux actions de l’armée russe. Il est possible que les Britanniques, qui sont de grands experts en la matière, aident volontiers les Français. L’opinion publique sera alors travaillée par la propagande, Macron présenté comme un sauveur et des troupes sont envoyées en Ukraine. Compte tenu de la détermination collective de l’Occident à faire triompher l’Ukraine à tout prix, aucun scénario ne doit être sous-estimé.
C’est apparemment l’une des raisons pour lesquelles Vladimir Poutine a déjà mis en garde contre les conséquences de l’envoi de contingents de l’OTAN en Ukraine. Le président russe a déclaré que les conséquences seraient “tragiques” et que le discours de l’Occident semant la peur dans le monde entier “représente réellement une menace de conflit avec l’utilisation d’armes nucléaires, et donc la destruction de la civilisation”.
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