mercredi 5 juin 2024

 

La légion étrangère russe pourrait combattre sous le drapeau rouge, par Serguei Aksionov

Nous reviendrons sans doute sur une explication de la situation russe qui risque d’échapper au lecteur français. En septembre, il va y avoir des élections régionales et législatives en Russie. S’il était difficile de prétendre présenter un challenge aux présidentielles face à Poutine chef des armées dans une opération massivement approuvée par les Russes, il n’est pas question que les communistes laissent le parti du président jouer la même opération. En effet il faut mesurer que le parti du président et son entourage d’oligarques sont en train de tenter de récupérer à leur profit l’unanimité du regret de l’URSS. Cette intervention à la Douma d’un député qui propose vu la présence internationalistes dans les rangs russes en particulier dans le Donbass, de recréer sous le drapeau rouge des brigades internationales. C’est un phénomène que l’on retrouve dans toute l’Europe et au-delà que l’élan des peuples souverains luttant contre l’injustice de l’hégémonie occidentale. Quand il n’y a plus de gauche ni même de PCF pour porter cet élan, celui-ci peut être récupéré par des nationalistes d’extrême-droite mais en Russie il existe un parti communiste ce qui change de la situation d’autres pays. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://svpressa.ru/war21/article/417313/

Des Britanniques, des Espagnols, des Indiens et même un Japonais se battent pour la Russie dans le cadre de l’opération spéciale.

Une Légion étrangère pourrait voir le jour en Russie. L’initiative de créer une unité de combat pour compléter les forces armées russes a été présentée par le député de la Douma d’État Ivan Soukharev. Son appel décrivant cette innovation dans l’armée a déjà été envoyé au Premier ministre Mikhail Michoustine.

« Étant donné la pertinence de la proposition, y compris dans les conditions de la guerre hybride menée par les États-Unis et les pays de l’OTAN contre la Fédération de Russie, je vous demande de donner l’ordre d’examiner l’initiative de créer une organisation militaire en Russie, qui pourrait inclure des citoyens de pays étrangers qui ont exprimé le désir d’agir aux côtés de la Russie, y compris en soutenant notre pays dans la réalisation de l’opération SVO en Ukraine », indique l’appel cité par RT.

Selon l’auteur du document, la nouvelle unité pourrait être utilisée en dehors de la Russie. Il s’agira donc d’un « calque » complet de la Légion étrangère française, dont le champ d’action est clairement défini par la loi.

Une mesure incitative pour les combattants de la Légion russe sera l’octroi de la citoyenneté russe à eux et à leurs familles après cinq ans de service.

Ce sujet est envisagé depuis un certain temps déjà. « De plus en plus d’étrangers viennent prendre part à la SVO. Il ne s’agit pas de « mercenaires spécialisés », mais d’hommes et de femmes ordinaires, sous contrat. Les États-Unis ne sont pas appréciés par tout le monde sur la planète Terre, et nombreux sont ceux qui veulent freiner leurs ambitions. Si nous parvenons à opérer des changements puissants, la Russie comptera davantage de volontaires et les opposants aux Anglo-Saxons seront plus actifs”, écrivait le correspondant militaire Alexander Sladkov en janvier 2023.

Peut-être les conditions politiques d’une systématisation du processus sont-elles désormais réunies. Un signe : Sergei Naryshkin, chef du SVR, a noté lors d’une table ronde sur l’histoire du Comintern qu’« aujourd’hui, alors que la Russie est à l’avant-garde des changements globaux de l’ordre mondial, des leçons appliquées très utiles peuvent être tirées de l’expérience de l’Internationale communiste ». C’est tout à fait vrai.

Par exemple, la Légion étrangère russe pourrait hisser le drapeau rouge. Si l’on devait créer une telle unité, il pourrait être utile de réfléchir à une ligne idéologique commune pour tous ces gens hétérogènes venant du monde entier. Et l’idée du rouge s’y prête. Après tout, la Russie est le successeur de l’URSS et le monde nous connaît, nous respecte et nous soutient encore pour cette raison. Surtout que maintenant, à Kiev, c’est le « brun » qui s’impose.

Une personnalité militaire célèbre, aux convictions de gauche, pourrait être placée à la tête de cette armée…

Toutefois, selon l’expert militaire Viktor Litovkine, la Russie n’a pas besoin de Légion étrangère.

– La Russie est un État autosuffisant. Qui devrions-nous inviter ? Les Nord-Coréens ? Les Chinois ? Personne ne se battra pour nous. Nous n’en avons pas besoin. Nous avons suffisamment de forces, d’équipements et de munitions pour vaincre la coalition de 50 pays étrangers qui se battent contre la Russie en Ukraine.

Notez que lorsque nous avons lancé l’Opération militaire spéciale, nous n’avons même pas demandé l’aide de l’OTSC. D’ailleurs il y avait probablement un risque de rejet.

Les pays membres de l’OTSC ne soutiennent pas fermement notre opération spéciale en Ukraine. En outre, ils craignent la réaction des pays occidentaux.

– Des étrangers combattent déjà aux côtés de la Russie dans les forces spéciales”, explique Dmitri Seleznev, correspondant militaire de WarGonzo. – On peut distinguer plusieurs groupes. Le premier est constitué d’étrangers venus de loin qui, pour une raison qui leur est propre, sont enclins à se rallier à la Russie. J’ai personnellement vu de telles personnes. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un phénomène de masse, mais ils existent. De nombreux étrangers sont arrivés ici, dans le Donbass, par l’intermédiaire des « Interbrigades ».

« SP : Par exemple ?

– Ben Simson, un Britannique. Il a purgé une peine dans son pays pour cela et est retourné dans le Donbass. Un jeune Espagnol, Andreas, son compatriote plus âgé, avec l’indicatif « Simon ». Il y a beaucoup d’étrangers exotiques dans l’unité « Piatnachka ». Par exemple, le Japonais Kaneko. Nous lui avons déjà consacré un reportage. Et une fois, dans un magasin, j’ai parlé à un Tchèque. Son chevron était un drapeau soviétique.

Par ailleurs, les médias rapportent que des mercenaires indiens sont présents dans la zone SVO. Il s’avère qu’il s’agit à nouveau de « Hindi-Rusi bhai-bhai » [Amitié éternelle indo-russe, NdT]. Il est vrai que je ne les ai pas rencontrés personnellement, je ne peux donc pas confirmer. Mais je soupçonne qu’il existe des structures étatiques qui recrutent de tels combattants dans des pays plus ou moins amis de la Russie.

Il y a même des vidéos de combattants venus d’Afrique. C’est logique. Moscou est en train d’établir des liens avec le continent noir et de former ses habitants aux affaires militaires.

Quand je rentre chez moi à Saint-Pétersbourg, je vois souvent des étudiants africains à l’école militaire. Il est tout à fait possible qu’ils s’entraînent dans la zone SVO, où ils acquièrent une expérience du combat.

Naturellement, il y a beaucoup de volontaires des anciennes républiques de l’Union soviétique, avec lesquelles nous partageons un passé commun et des liens historiques. Ils auraient besoin d’une Légion étrangère, pour laquelle ils obtiendraient la citoyenneté russe.

Comme, par exemple, dans les pays d’Asie centrale, il est devenu prestigieux d’avoir un passeport russe, celui-ci peut être utilisé. En outre, dans leur pays, tous les étrangers sont souvent persécutés pour leur participation à la SVO.

Comme le disait l’écrivain et homme politique Edouard Limonov (et chroniqueur de notre publication « SP »), si une personne a versé son propre sang et celui d’autres personnes pour la Russie, pour la culture russe, pour le monde russe et ne pense à aucune autre patrie que la Russie, alors elle est, en fait, russe et la citoyenneté russe devrait lui être accordée sans condition. Il ne doit pas y avoir d’obstacles bureaucratiques.

« SP » : En fait, il s’agit plutôt d’une question politique

« SP : En fait, il s’agit plus d’une question politique que militaire….

– Il est possible de créer une institution et d’introduire une norme – l’octroi de la citoyenneté russe pour le service militaire en Russie. Mais je ne sais pas s’il est nécessaire de rassembler ces personnes au sein d’une unité spécifique comme la Légion étrangère… Ils devraient d’une manière ou d’une autre interagir entre eux, parler une langue compréhensible par tous.

Alexandre Averine, ancien membre de la milice de la LPR, a expliqué où et comment la Légion étrangère russe pourrait être impliquée.

– Ce n’est un secret pour personne que des volontaires étrangers du monde entier ont rejoint les milices de la DNR et de la LNR en 2014. Ils sont également présents parmi les combattants de la SVO. Pour de nombreux volontaires étrangers, il s’agit d’un aller simple sans retour – des affaires pénales et de longues peines les attendent dans leur pays. L’officialisation de l’obtention de la citoyenneté russe pour eux est donc une bonne nouvelle. 5 ans sous le feu de l’ennemi, c’est un prix suffisant pour obtenir un passeport russe.

Quant au placement de volontaires étrangers en dehors de la Fédération de Russie, il s’agit pour l’instant d’une mesure inconcevable. On a beaucoup plus besoin d’eux dans la zone SVO.

« SP : Exactement…

– On peut supposer que des bases similaires seront créées en Afrique. Il est également probable que des soldats de la Légion étrangère soient utilisés dans les bases déjà existantes en Asie centrale. Les adversaires de notre pays mènent une politique anti-russe active dans la région, et la Fédération de Russie a besoin, entre autres, d’un soutien énergique pour ses intérêts nationaux.

Parmi les volontaires potentiels, il y aura à la fois des résidents des républiques post-soviétiques elles-mêmes – ils deviendront des agents locaux des intérêts russes – et des natifs des pays d’Asie du Sud – en particulier, il y a d’excellentes recrues au Népal.

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