Entrer en
résistance
Le
gouvernement des riches, par et pour les riches, accélère le
rythme de ses
attaques pour provoquer une rupture générale avec les acquis de
deux siècles de
luttes.
Avec
un cynisme sans faille, il applique à la lettre le programme de
ses maîtres du
MEDEF et de l'UE afin de renforcer les profits des plus grands
groupes privés
et de briser tous les liens de solidarité collective pour
imposer le cauchemar
néo-libéral fait d'individus « auto-entrepreneurs de leur vie »
en
concurrence permanente. Sauf pour les plus puissants bien sûr,
bien à l'abri de
leurs fortunes et de leurs lois.
Après
la casse du Code du travail par ordonnances et la généralisation
des
« ruptures conventionnelles » qui entraînent déjà une explosion
des
licenciements dans des entreprises gavées par ailleurs de
subventions
publiques, après la réduction du pouvoir d'achat des salariés et
des
pensionnés, après l'étranglement accéléré des hôpitaux publics,
après la casse
du bac national et la mise en concurrence libre et non faussée
des étudiants
pour l'accès à l’université, après l'apprentissage sous contrôle
patronal
direct , après la braderie de fleurons industriels comme Alstom
et STX, avant
les retraites et la sécu, c'est au tour des services publics au
sens large
d'être dans la ligne de mire.
Il
s'agit bien sûr d'ouvrir des nouveaux champs de profits aux
grandes entreprises
privées mais aussi d'en finir avec un des piliers de la Nation
française
construit par l’intervention des travailleurs en 1936 et 1945 :
SNCF et
Fonction publique statutaire. Au menu donc : projet de
privatisation de la
SNCF et de casse des statuts en application du 4ème
paquet
ferroviaire européen imposant l'ouverture à la concurrence du
trafic
voyageur ; « programme action publique 2002 » prévoyant 120000
suppressions de postes, abandons de mission et privatisations,
recrutement de
contractuels et casse des statuts…
Cette
guerre sociale est accompagnée d'un pilonnage idéologique de
grande intensité
de la part des médias aux mains et aux ordres des principaux
groupes
capitalistes. Aucun mensonge n'est de trop pour célébrer le
« courage » de Macron (fort avec les opprimés, mais rampant
devant
ses maîtres de Davos et Versailles…) et pour stigmatiser les
« gens de
rien » se vautrant dans les « privilèges ». Inversant plus que
jamais les significations au moyen d’une novlangue digne
d’Orwell, le
totalitarisme médiatique désormais bien en place vise à faire
passer la
démolition générale pour un progrès de la justice et de la
modernité :
augmenter la CSG et détruire la cotisation patronale « pour
soutenir le
pouvoir d'achat », fermer des hôpitaux « pour sauver la santé »,
fermer des écoles « pour sauver l'École », développer la
précarité et
les licenciements « pour sauver l'emploi », gonfler les dépenses
d’armement et multiplier les interventions militaires « pour
sauver la
paix », fliquer les syndicalistes, les réseaux sociaux, les
migrants
« pour sauver notre démocratie »…
Toutefois,
la réalité est plus forte que les discours qui la travestissent
et le ras-le-bol
monte dans le monde du travail écrasé par une poignée de
financiers. De fait,
les luttes se multiplient depuis le début de l'année : grèves
dans le
privé contre les suppressions d'emplois ou pour des
augmentations de salaires,
grèves dans les départements contre les fermetures de classes et
d'école
notamment en milieu rural, grèves dans les EHPAD, actions des
retraités, grève
dans les trois Fonctions publiques le 22 mars et grève qui
s'annonce chez les
cheminots contre les projets du gouvernement…
Dans
ce contexte, la journée du 22 mars peut être décisive pour la
suite
puisqu' autour de la grève des Fonctions publiques convergent la
mobilisation
des universités, la manifestation nationale des cheminots mais
aussi les appels
des fédération CGT du commerce et mines-énergie.
Il
va
sans dire qu'il faut assurer la plus grande réussite de cette
journée du 22
mars mais qu'à elle-seule, elle ne suffira pas. L'expérience des
nombreuses
luttes perdues au niveau national depuis vingt ans le montre :
les
journées d'action séparées les unes des autres sans construction
d'une lutte
durable, convergente qui associe différentes formes d'action
(grève reconductible,
blocage des profits, manifestation nationale monstre à Paris…)
ne peuvent
déboucher que sur la victoire de notre adversaire de classe.
La
responsabilité de la CGT et de la FSU, qui se réclament du
syndicalisme de
lutte et de la Charte d’Amiens, est grande pour tirer les leçons
de ces
dernières années et pour fédérer les salariés du public, ceux du
privé, les
retraités, les étudiants, les travailleurs ubérisés, les
chômeurs qui ont tous
le même ennemi : l'oligarchie financière représentée aujourd'hui
par
Macron et l'UE.
Elles
doivent cesser toute temporisation pour s'engager clairement
dans la
construction du rapport de force en veillant à combattre les
divisions et
autres méfiances inter-catégorielles. Une défaite des cheminots,
partie la mieux
organisée du prolétariat français, serait une porte grande
ouverte pour écraser
sans fin la France des travailleurs à l’instar de ce qui s’est
passé en
Angleterre quand Thatcher a réussi à isoler et à écraser les
mineurs.
Mais
le rapport de force ne pourra se construire seulement par « en
haut ». Il faut que les masses populaires entrent en résistance
comme
elles ont su le faire en d'autres temps, qu'elles se lèvent dans
un sursaut
général de la jeunesse et des travailleurs permettant de contrer
le
« blitzkrieg » du banquier Macron et d'ouvrir des perspectives
offensives de changement de pouvoir et de société.
La
régression sociale et démocratique n'est pas une fatalité. Elle
est imposée par
un système qui ne plus plus promettre que la barbarie en
l'appelant modernité,
et dont l’UE est l’arme létale continentale.
Mais
personne n’est « légitime » pour détruire les conditions de vie
d’un
peuple et rien n’est plus légitime, en démocratie, que de
« mettre le
monde du travail au cœur de la vie nationale », ainsi qu’y
invitait le
programme du CNR intitulé « Les Jours heureux ».
Contre
la guerre-éclair déclarée à la Nation populaire, salariés du
privé et du
public, cheminots, enseignants, étudiants, retraités, chômeurs,
travailleurs de
Ford-Blanquefort de Carrefour, de Bricodépôt, de PSA, de STX et
d’Alstom, tous
ensemble nous avons la force de les faire reculer !
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