FRANCO
VA-T-IL ENFIN DÉMÉNAGER?
Une fois encore, Jean Ortiz nous délivre sa plume acérée. Petit rappel avant de lire sa chronique parue ce mercredi dans l'Humanité.fr.
En juillet 1936, un coup d'état militaire, soutenu par l'Eglise,
déclenche une guerre contre la République espagnole de Front populaire
légalement issue des urnes. Le général Franco va en être le
généralissime, aidé militairement et financièrement par l'Allemagne
nazie et l'Italie fasciste. Les démocraties européennes se taisent.
Pire, la France de Front populaire, dirigée par le socialiste Léon Blum,
déclare la non-intervention. En avril 1939, le général Franco devient
le Caudillo de l'Espagne et assume une dictature jusqu'à sa mort en
1975. La république française avait reconnu son régime en février 1938
alors que la République espagnole combattait toujours. Elle avait nommé
Philippe Pétain comme ambassadeur de la France auprès du dictateur.
Franco va-t-il enfin déménager par Jean Ortiz
La
Vallée des morts : Cuelgamuros (Accroche les murs ?) à 58 km de Madrid,
dans la Sierra de Guadarrama : le seul parc thématique fasciste au
monde ; morceau infâme du « Patrimoine national » espagnol. 500.000
visiteurs à l’année.
Un
mausolée édifié sur ordre de Franco pour l’édification éternelle des
Espagnols, désormais vaccinés définitivement contre le communisme, la
République, la révolution, les francs maçons, les Gitans, les
homosexuels, les « athées », morts... ou vivants. A chaque élection ou
« changement », le « Valle » revient dans les débats, l’espace de quatre
matins, et puis (re)devient monument gigantesque d’hommage à Franco,
creusé dans la roche, au milieu des pinèdes qui ici sentent la mort.
Franco
s’y est fait enterrer... à l’abri du communisme et de la révolution ...
dans l’immense basilique bunker construite, dans des conditions
terribles, par des milliers de prisonniers politiques esclaves de 1940 à
1958. Le plus souvent « loués » à des entreprises du BTP pour 10,50
pesetas par jour. Négoce juteux. Une croix de plus de 152 m de haut
surmonte la basilique-forteresse et permet de voir l’ennemi... ( surtout
intérieur), arriver de loin.
Le
parti socialiste espagnol (PSOE) ne pense au Mausolée de Franco
(déficitaire ! qui paye ?) que lorsqu’il se trouve dans l’opposition.
Au pouvoir, il opte pour l’amnésie consciente, délibérée, à propos de
cette honteuse Vallée des morts. Il ne faut surtout pas provoquer
l’Église ni perdre des électeurs fachos-bigots.
Le
relooker Pedro Sanchez, le nouveau et fringant chef « socialiste » du
gouvernement, vient de réactiver le dossier Cuelgamuros.
Pedro
le malin s’est prononcé pour retirer du Valle le cadavre de Franco,
« le plus vite possible », avant Noël et surtout avant de probables
élections. Énorme soulagement pour le père Noël !! Il échappe aux
guirlandes phalangistes, aux bras tendus (désormais « sur le perron de
la Basilique » comme le stipule la fausse Loi de mémoire de 2007. Quelle
avancée !) Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant socialiste
annonce la « retirada », l’exhumation et la sortie du corps de Franco de
la Basilique mille fois sainte, et dans laquelle reposent, entassés
dans les cryptes et parois, 33872 « combattants des deux camps » dont
22.000 Républicains... Au moins 500 sans que les familles en aient été
informées. Au nom de « l’équilibre de la mémoire », les restes des
victimes et « victimaires » fascistes et démocrates empilés ensemble!
Franquistes et Républicains renvoyés dos-dos. Que voilà de la bonne
« réconciliation » !
Le
vieux dictateur fasciste ayant des difficultés à marcher, l’attente
s’avère longue. Felipe Gonzalez, Zapatero, ne l’ont pas vu... pas pris
(Pierre Carles, lui, a l’œil !). Les socialistes ont exercé le pouvoir à
plusieurs reprises pourtant depuis 1981. Comme il est difficile de
« faire leur confiance » (sectaire va !), les associations mémorielles,
les partis républicains, mettent la pression...
Exhumer
les restes de Franco et les rendre à la famille serait certes un
premier pas, mais l’essentiel reste de défranquiser cette ignominieuse
Vallée des morts, de convertir la Basilique et les terrains attenants en
Centre de la mémoire antifasciste. Si cette fois-ci, le PSOE nous
rejoue encore et toujours les refrains habituels, il démontrera
définitivement que pour lui, « mieux vaut Franco que le Frente
popular ». Izquierda Unida, les communistes, des partis
« nationalistes », « Podemos », des petits groupes anarchistes, des
« alternatifs », des syndicats, les plateformes sociales, des secteurs
socialistes « de gauche », des intellectuels, des artistes, des élus de
premier plan, exigent que le cadavre de Franco (auteur de crimes
monstrueux contre l’humanité) soit retiré de Cuelgamuros, et que l’on y
accroche désormais aux murs la mémoire antifasciste.
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