samedi 30 juin 2018

AU MILIEU DES PINÈDES QUI SENTENT LA MORT !


Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

FRANCO 

VA-T-IL ENFIN DÉMÉNAGER? 

CAPTURE D'ECRAN SUR WIKIPEDIA
CAPTURE D'ECRAN SUR WIKIPEDIA
Une fois encore, Jean Ortiz nous délivre sa plume acérée. Petit rappel avant de lire sa chronique parue ce mercredi dans l'Humanité.fr. En juillet 1936, un coup d'état militaire, soutenu par l'Eglise, déclenche une guerre contre la République espagnole de Front populaire légalement issue des urnes. Le général Franco va en être le généralissime, aidé militairement et financièrement par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste. Les démocraties européennes se taisent. Pire, la France de Front populaire, dirigée par le socialiste Léon Blum, déclare la non-intervention. En avril 1939, le général Franco devient le Caudillo de l'Espagne et assume une dictature jusqu'à sa mort en 1975. La république française avait reconnu son régime en février 1938 alors que la République espagnole combattait toujours. Elle avait nommé Philippe Pétain comme ambassadeur de la France auprès du dictateur.
Franco va-t-il enfin déménager par Jean Ortiz
La Vallée des morts : Cuelgamuros (Accroche les murs ?) à 58 km de Madrid, dans la Sierra de Guadarrama : le seul parc thématique fasciste au monde ; morceau infâme du « Patrimoine national » espagnol. 500.000 visiteurs à l’année. 
Un mausolée édifié sur ordre de Franco pour l’édification éternelle des Espagnols, désormais vaccinés définitivement contre le communisme, la République, la révolution, les francs maçons, les Gitans, les homosexuels, les « athées », morts... ou vivants. A chaque élection ou « changement », le « Valle » revient dans les débats, l’espace de quatre matins, et puis (re)devient monument gigantesque d’hommage à Franco, creusé dans la roche, au milieu des pinèdes qui ici sentent la mort.
Franco s’y est fait enterrer... à l’abri du communisme et de la révolution ... dans l’immense basilique bunker construite, dans des conditions terribles, par des milliers de prisonniers politiques esclaves de 1940 à 1958. Le plus souvent « loués » à des entreprises du BTP pour 10,50 pesetas par jour. Négoce juteux. Une croix de plus de 152 m de haut surmonte la basilique-forteresse et permet de voir l’ennemi... ( surtout intérieur), arriver de loin.
Le parti socialiste espagnol (PSOE) ne pense au Mausolée de Franco (déficitaire !  qui paye ?) que lorsqu’il se trouve dans l’opposition. Au pouvoir, il opte pour l’amnésie consciente, délibérée, à propos de cette honteuse Vallée des morts. Il ne faut surtout pas provoquer l’Église ni perdre des électeurs fachos-bigots.
Le relooker Pedro Sanchez, le nouveau et fringant chef « socialiste » du gouvernement, vient de réactiver le dossier Cuelgamuros.
Pedro le malin s’est prononcé pour retirer du Valle le cadavre de Franco, « le plus vite possible », avant Noël et surtout avant de probables élections. Énorme soulagement pour le père Noël !! Il échappe aux guirlandes phalangistes, aux bras tendus (désormais « sur le perron de la Basilique » comme le stipule la fausse Loi de mémoire de 2007. Quelle avancée !) Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant socialiste annonce la « retirada », l’exhumation et la sortie du corps de Franco de la Basilique mille fois sainte, et dans laquelle reposent, entassés dans les cryptes et parois, 33872 « combattants des deux camps » dont 22.000 Républicains... Au moins 500 sans que les familles en aient été informées. Au nom de « l’équilibre de la mémoire », les restes des victimes et « victimaires » fascistes et démocrates empilés ensemble! Franquistes et Républicains renvoyés dos-dos. Que voilà de la bonne « réconciliation » !
Le vieux dictateur fasciste ayant des difficultés à marcher, l’attente s’avère longue. Felipe Gonzalez, Zapatero, ne l’ont pas vu... pas pris (Pierre Carles, lui, a l’œil !). Les socialistes ont exercé le pouvoir à plusieurs reprises pourtant depuis 1981. Comme il est difficile de « faire leur confiance » (sectaire va !), les associations mémorielles, les partis républicains, mettent la pression...
Exhumer les restes de Franco et les rendre à la famille serait certes un premier pas, mais l’essentiel reste de défranquiser cette ignominieuse Vallée des morts, de convertir la Basilique et les terrains attenants en Centre de la mémoire antifasciste. Si cette fois-ci, le PSOE nous rejoue encore et toujours les refrains habituels, il démontrera définitivement que pour lui, « mieux vaut Franco que le Frente popular ». Izquierda Unida, les communistes, des partis « nationalistes », « Podemos », des petits groupes anarchistes, des « alternatifs », des syndicats, les plateformes sociales, des secteurs socialistes « de gauche », des intellectuels, des artistes, des élus de premier plan, exigent que le cadavre de Franco (auteur de crimes monstrueux contre l’humanité) soit retiré de Cuelgamuros, et que l’on y accroche désormais aux murs la mémoire antifasciste.

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