LA RÉFORME DE LA SNCF
SERAIT LE DÉBUT DE LA DÉSAGRÉGATION DE L’ÉTAT
par Roland Hureaux
samedi 16 juin 2018, par Comité Valmy
LA RÉFORME DE LA SNCF SERAIT
LE DÉBUT DE LA DÉSAGRÉGATION DE L’ÉTAT
Beaucoup, en particulier à droite, n’ont pas saisi le
danger que représenterait pour notre pays un éventuel succès de Macron
dans la réforme du statut des cheminots.
Si ce statut saute, c’est, dans la brèche ainsi ouverte, le statut de la fonction publique elle-même qui serait remis en cause.
Si ce statut saute, c’est, dans la brèche ainsi ouverte, le statut de la fonction publique elle-même qui serait remis en cause.
Les libéraux s’en réjouiront. Ils n’ont pas saisi que
cet effacement des statuts sera la porte ouverte à un recrutement
massif de contractuels dont on peut d’ores et déjà prévoir les critères,
au vu de l’état d’esprit qui règne dans les hautes sphères de l’État :
priorité à la diversité, discrimination positive, haro sur les « mâles
blancs » !
L’État français, l’État républicain, avec ses forces
et ses faiblesses – et les faiblesses tiennent bien plus aux reformes
hasardeuses qu’on lui a infligées depuis trente ans qu’à un vice
congénital -, représente le dernier bastion d’une certaine France.
Recrutés parmi les nationaux, au travers de concours qui n’ont longtemps
pas laissé place à la faveur, les fonctionnaires de l’État assurent la
pérennité nationale à travers les générations.
On dénigre, aujourd’hui, beaucoup le corporatisme
mais c’est lui qui a fait la force de la France. Les Ponts et Chaussées
ont équipé le territoire, les Mines accompagné le développement
industriel, le Génie rural celui de l’agriculture ; instituteurs,
postiers, gendarmes avaient d’abord le souci de faire du bon travail
jusqu’à ce que des réformes destructrices ne démoralisent ces
professions.
La doctrine dominante, d’inspiration anglo-saxonne,
veut remplacer l’esprit de corps par un système de primes de type
« pavlovien » : quelle régression que de passer d’un agent de l’État
fier d’appartenir à un corps et d’être reconnu par ses pairs à un
employé anonyme courant après les primes, lesquelles sont déjà, là où le
système a été mis en œuvre, distribuées dans l’opacité et
l’arbitraire !
Au Royaume-Uni, une gestion entièrement libéralisée
est loin de faire l’unanimité : hausse incontrôlée du prix des billets,
trains supprimés et réduction du personnel conduisent près de deux
Britanniques sur trois à souhaiter une renationalisation complète, comme
le rapportait un article de La Tribune en janvier 2017. Un rapport
récent du Parlement met en cause les effets délétères, tant pour le
personnel que pour les voyageurs, de la gestion, selon ces nouveaux
principes, d’une filiale de la SNCF outre-Manche.
La réforme de la SNCF, comme celle qu’on veut
appliquer à l’État, est la mise en œuvre des principes dogmatiques de
libre concurrence qui inspirent les directives de Bruxelles, lesquelles
ne tiennent aucun compte de la spécificité des pays. Peut-être même
ont-elles l’ambition sournoise de détruire celle de la France, d’araser
la spécificité de notre pays – pour, quelque part, l’affaiblir.
Spécificité particulièrement remarquable de notre
pays : un monde rural vivant, ordonné et diversifié que des forces
obscures s’attachent à normaliser, lui aussi : l’extension de la logique
libérale à la SNCF conduira, n’en doutons pas, à un délaissement
supplémentaire des territoires.
Face à ce libéralisme dogmatique, beaucoup
d’économistes pensent que la libre concurrence intégrale n’est pas
adaptée et que, dès lors qu’il n’est pas question de dédoubler les
réseaux, une gestion intégrée est préférable.
Beaucoup, à droite, se targuent aujourd’hui de se
dire « conservateurs » : eh bien, qu’ils le soient jusqu’au bout, qu’ils
se soucient donc de conserver cette grande réussite qu’ont été nos
« chemins de fer français » !
Roland Hureaux
Essayiste
Dimanche 3 juin 2018
Essayiste
Dimanche 3 juin 2018
(°) ¨note de Pedrito : parce que leurs "RÉFORMES" signifient DÉMANTÈLEMENTS au profit des banques, des financiers, des milliardaires parasitaires de tout poil, choses que de trop nombreux citoyens n'ont pas encore intégrées
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