La démolition progressive des piliers de la sécurité sociale
C’est avec l’inversion du rapport de force de la libération, la
division syndicale inspirée par les USA avec la création de FO,
l’apparition de la guerre froide que les premières attaques violentes
tenteront d’ébranler le nouveau système solidaire. Dès 1958, le Général
de Gaulle impose le contrôle préalable des budgets, la nomination et non
plus l’élection des directeurs de caisses. Cette violence atteindra son
acmé en octobre 1967 avec les ordonnances Jeanneney qui sapent les
piliers de l’édifice : découpe de la sécurité sociale en branches,
suppression des élections et surtout imposition de ce que l’on appellera
le paritarisme. Désormais, chacune des caisses sera dirigée par un
conseil d’administration selon le quota des sièges suivant, 50 % aux
salariés, 50 % aux patrons… Une disposition qui fera basculer la gestion
de la sécurité sociale dans les mains du patronat. Ainsi, suffira-t-il
qu’un syndicat salarié, même minoritaire, attentif et complaisant envers
les revendications des syndicats patronaux s’associe à ces derniers
pour faire basculer la gestion d’une caisse selon leurs desiderata.
C’est la porte ouverte à tous les plans de casse qui vont se succéder
jusqu’à nos jours, entre autres, tous les programmes de
déremboursements, l’institution d’un forfait hospitalier, les
dépassements d’honoraires, la lente dégradation des moyens conférés à la
santé et aux hôpitaux, la hausse de la fiscalisation aux dépens de la
cotisation, etc. Les conseils d’administration perdront leurs derniers
pouvoirs et deviendront de simples chambres d’enregistrement avec la loi
Douste Blazy d’août 2004 qui va chapeauter l’ensemble des caisses par
l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie dont le directeur est
nommé par l’État. Une voie grande ouverte pour faire de la sécurité
sociale une coquille vide livrée au privé…
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