Cette
visite, je n'aurais pas dû la faire, trimballant journaux, radios et
caméras entre les couloirs, d'un pavillon à un autre. C'est la
directrice de l'ARS qui aurait dû être à ma place. Avec la ministre de
la Santé, Agnès Buzyn. Et son Premier ministre, ancien maire du Havre,
Edouard Philippe. Qu'ils voient comme j'ai vu. Comme France 3 a vu.
Comme Ouest-France a vu. Comme l'AFP a vu.
Des
chambres prévues pour deux accueillant trois patients. Des lits dans
les salles de télévision. Dans les couloirs. Des vêtements entassés dans
les salles de soin, par manque d'armoires. Des patients qui ne trouvent
plus de place après leur sortie du weekend. L'absence d'activités
sportives, culturelles, de loisirs, même au sein de l'établissement.
Et
encore, il leur aurait manqué ce qui est invisible : la fin des
activités de musique, d’art, de cuisine. Les 40 médecins qui manquent.
Les infirmiers et infirmières en sous-effectifs, qui courent entre
l'ouverture des portes, les repas, l'assistance. Qui, bien obligés,
remédient à l'urgence par la chimie : et la psychiatrie, thérapie par la
parole, devient une affaire cachetons. Quand ce ne sont pas eux-mêmes
qui les prennent, pour tenir.
Ces
décisions, prises à des centaines, des milliers de kilomètres de là,
les dirigeants économiques ne les voient pas. Voilà notre défi : leur
mettre le nez dedans. Qu'ils se rendent compte de la maltraitance
budgétaire qu'ils infligent.
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