mardi 7 août 2018

FOOT....FRIC....MISÈRE.....

140 euros le maillot dont... 3 euros de production

 Les grands équipementiers sportifs se détournent désormais de la Chine, devenue trop « chère », et lui préfèrent l’Indonésie, la Thaïlande et le Cambodge. Photo AFP AFP 

Les maillots des champions du monde de foot arrivent bientôt sur le marché avec leurs deux étoiles. A la vente : 140 euros. A la production : 3 euros. Le collectif éthique sur l’étiquette met une nouvelle fois en lumière les pratiques des grands équipementiers sportifs. Quand les actionnaires empochent des dividendes colossaux, les travailleurs, eux, peinent à toucher « un salaire vital ».

Les supporters de foot ne sont pas les seuls à se frotter les mains lors d’un événement tel que la Coupe du monde. Les fabricants de vêtements de sport, aussi. Les nouveaux maillots à deux étoiles vont arriver sur le marché. Prix de vente : 140 euros. De quoi alimenter la manne financière estimée à 17 milliards d’euros lors de ces événements. Soit « deux fois plus qu’il y a 10 ans », relève le collectif éthique sur l’étiquette. Qui ajoute que les deux leaders en la matière, Nike et Adidas, « se partagent près de 60% du marché européen ». Dans le même temps, les petites mains qui, de par le monde, confectionnent ces articles ne sont rétribuées que par quelques miettes de ces profits colossaux.
C’est ce que met notamment en lumière la campagne « Anti-jeu » du collectif qui, comme son nom l’indique, milite pour la « mondialisation des droits humains » et un « progrès social négocié » synonyme de « 100% de liberté syndicale, 0% d’exploitation ». Aux antipodes de ce qui se pratique actuellement.
Le rapport « Anti-jeu » avance ainsi une série de chiffres dont il ne manque d’ailleurs pas de relever « l’indécence ». « La part revenant aux travailleur.euse.s des usines sur le prix d’une basket a baissé de 30 % entre 1995 et 2017 ! Sur un maillot Adidas de la Coupe du monde vendu 85 euros, les travailleur.euse.s ne touchent que 0,8 euro, tandis qu’Adidas empoche 18 euros de bénéfice » campent tout d’abord les auteurs. « Avec le contrat à vie qu’il a signé avec Nike, Cristiano Ronaldo gagne en un jour ce qu’un travailleur gagnant le salaire minimum moyen en Europe réunira en six ans. Si Adidas et Nike avaient maintenu les mêmes montants de sponsoring entre 2012 et 2017, un million de travailleurs en Asie auraient pu recevoir un salaire vital pendant un an » ajoutent-ils.

Rémunérations inférieures au salaire vital

Le collectif dénonce un certain nombre de pratiques des équipementiers qui n’hésitent pas à sous-traiter afin de ne pas ternir leur image. Et, dans une course effrénée au profit, les délocalisations vont bon train à la recherche du moins disant social. Ainsi, à l’heure où les salariés chinois du textile tendent vers un « salaire vital », les marques s’en détournent pour leur préférer les usines d’Indonésie, du Cambodge ou du Vietnam, dans lesquelles les rémunérations moyennes sont bien en deçà du salaire permettant d’avoir accès aux droits fondamentaux. Il y est fréquemment « inférieur de 45% à 65% », précise le rapport.
D’une manière générale, l’univers du textile fait figure de zone de non-droit, nombre de multinationales n’hésitant pas à bafouer les textes internationaux quant au respect des droits fondamentaux des travailleurs.
En France, la loi de mars 2017 sur le devoir de vigilance des multinationales a constitué une avancée majeure en la matière. Sauf qu’elle a été expurgée du volet sanction...
Agnès Masseï
Dernière modification le jeudi, 26 juillet 2018 08:41
Sources: LA MARSEILLAISE

Aucun commentaire: