mercredi 9 janvier 2019

QUARANTE ET UN JOURS DE DEUIL, APRÈS DES MOIS DE SOUFFRANCE

 Mon cher amour adoré, ma petite femme, tu me manques, mais que tu me manques! On me dit souvent que je dois me raisonner, que j'ai eu une chance extraordinaire, peu commune, de vivre près de toi ce que j'ai vécu, ces quasi 29 années de bonheur. Et c'est vrai! Mais ce qui est non moins vrai, c'est qu'il ne me reste qu'à pleurer ce bonheur perdu, tellement le vide que tu as laissé est immense, aussi difficile à combler que mon chagrin est impossible à consoler. 
Aujourd'hui, ce matin, j'avais rendez-vous chez B., notre bon rhumatologue. Rendez-vous pris lundi matin pour ce matin, encore une fois, j'ai eu beaucoup de chance, je continue à prendre le médicament avec diminution de la dose, j'ai pris rendez-vous à nouveau pour avril, il faudra entre temps que C. notre infirmière "préférée" me fasse deux prises de sang, j'espère qu'elle m'aidera à cette occasion à décider de libérer la table de notre séjour: depuis bientôt quatre mois, pratiquement tout ce qui concernait tes traitements est resté en place, je n'ose pas y toucher, comme si j'attendais ton retour, ton avis, pour faire un peu de ménage. Comment me décider à regarder la réalité en face? j'ai tellement mal de toi, de ton absence....La secrétaire du docteur, la brunette si gentille que nous aimions tant, toi et moi- elles sont en réalité super adorables, toutes les deux - avait pitié de mon chagrin, c'est vrai que nous sommes TOUJOURS venus au cabinet de médecin ensemble, et venir seul aujourd'hui est toujours une épreuve cruelle, insupportable, la douleur me submerge, toujours aussi forte, il m'est impossible de la cacher, d'empêcher mes larmes de couler. Combien de temps encore cela durera-t-il? Je ne sais pas, ce que je sais, c'est que le mal de t'aimer est toujours aussi profond. Je voudrais tant pouvoir dominer mes sentiments, ma peine, mon deuil....Rien n'y fait.
Un peu plus tard, je suis allé manger chez mon cousin M., il avait aussi invité son ami H., de Séméac, qui est aussi mon copain, tu te rappelles? C'est M. sa seconde fille, qui  préparait le repas. Nous avons passé quelques heures agréables, j'ai bien essayé de ne pas me montrer trop triste, mais que c'était difficile. ...Au retour, je me suis arrêté chez C. et C., juste pour leur faire un coucou, C. commençait déjà à tailler la vigne. Et moi qui n'ai rien fait chez nous, rien de rien: jardin, rosiers, vigne, fruitiers....Je n'ai pas encore pris le dessus sur mon abattement, peut-être quand les  jours seront meilleurs, plus clairs, plus longs? En attendant, j'ai demandé à D. de venir faire un peu de travaux, elle m'a appelé ce soir, elle devrait venir vendredi. Tu te souviens comme elle est mignonne, énergique, comme tu l'avais appréciée, lorsqu'elle avait repeint ta jolie cuisine... J'ai eu aussi des nouvelles de A., d'Andrest, elle non plus n'est pas très gâtée par la vie, elle a beaucoup de courage, et mérite mieux que ce qui lui arrive, elle m'a promis de passer dès qu'elle trouvera un petit moment....Ah oui! J'oubliais.... Avant d'aller chez le cousin, je me suis arrêté à Armentieux, j'ai pris quelques minutes pour saluer A., on les rencontrait dans les bals, lui et sa femme. J'ai eu l'impression qu'il n'était pas au mieux de sa forme, je n'ai pas eu la possibilité de parler un peu à part avec sa femme....Je suis reparti assez triste de ma visite. Il est de la classe 34, comme mon frère, il m'a paru bien changé.
Enfin, ce soir, j'ai appris une chose très triste, terriblement injuste. Depuis quelques jours, j'essayais de prévenir C. ou Ch., ces amis de près de Castel, que nous avions connus il y a une dizaine d'années, je voulais leur dire que tu nous avais quittés. J'étais loin de penser à ce que j'allais apprendre. C. et sa femme N. s'étaient séparés, leur fils Ch. était devenu prêtre, nous n'avions plus entendu parler d'eux. J'ai réussi à joindre une sœur de C., pour qu'elle m'annonce  brutalement que N. n'avait vécu qu'un an à peine après son divorce: crise cardiaque! J'avoue, mais sans doute ton esprit était-il auprès de moi,  lorsque j'ai appris cette triste nouvelle, que j'en ai été très affecté, et que j'ai encore laissé couler mes larmes: ils étaient si hospitaliers, si chaleureux, N. avait été si agréable avec nous, comme son mari et son fils, nous avions passé de si bons moments....Quelle horreur, tant de mauvais coups du sort! Une si belle femme, pleine de vie, généreuse, sociable, gaie...Pourquoi la vie est-elle si dure, si injuste, incompréhensible? Pauvre C., son fils, le ciel parait-i lui est tombé sur la tête!
Je t'écrirai encore, ma petite femme adorée, ma perle d'amour, tout ce qui me rattache à la vie et qui me relie à toi, tout ce qui nous était et restera toujours commun à notre vie, à notre amour.
Je t'aime tant et tant, ma perle adorée, je t'aime à en crever. A la folie. A la locura. 

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