Billet d'humeur d'Yves Adam
J’ai
un peu de mal à comprendre et trouver formidables les applaudissements
de 20h vers les personnels soignants. Bien sûr que ces personnes mettent
leur vie en danger pour aider les autres, bien sûr que grâce à elles la
pandémie va peut-être se réduire plus rapidement. Et puis ça leur donne
du baume au cœur et du courage pour poursuivre leur action.
Mais
n’est-ce pas aussi pour nous donner bonne conscience que nous les
applaudissons chaque jour, en leur « déléguant » pour ainsi dire le soin
de faire avancer les choses ?
Je
ne parle pas seulement des hypocrites qui continuent à ne pas respecter
les règles de confinement, ou qui continuent à se réunir « pour garder
le moral ».
Il
faudra bien tirer les leçons de cette crise sanitaire, à savoir la
non-préparation des gouvernements précédents, et leur politique de
destruction du service public de santé (pour ne parler que de celui-là).
Alors, on se contenterait d’applaudir ceux qui sont au front, sans
poser les responsabilités de ceux qui ont le pouvoir de faire bouger les
choses ?
Bien
sûr que nous avons chacun à notre niveau la possibilité d’apporter une
aide aux personnes en difficulté, et c’est très bien ainsi. Mais il en
va de la pandémie du covid-19 comme du grave problème de la
détérioration du climat : l’addition des initiatives individuelles ne
remplacera jamais les possibilités du pouvoir central. Et il y aurait
tant à faire : pour simplifier, aller chercher les moyens là où ils
sont.
Alors
oui, portons aux nues nos sauveurs qui par leur sens du sacrifice et de
la responsabilité, parviennent à sauver des vies. Nos applaudissements
leur feront pour un temps oublier leur colère, qu’ils manifestent depuis
un an dans les rues.
Au
passage, merci aux médecins, mais n’oublions pas « le petit personnel »
que sont les infirmier(ière)s, les aides-soignants et autres personnels
d’entretien qui travaillent dans les établissements de soin.
Il n’est pas temps d’aller manifester dans les rues, mais dès que la crise sera passée n’oublions pas d’où est venu ce gâchis.
La fatalité a bon dos.
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