150 soignants du CHU Henri Mondor infestés par le COVID 19. Ils craquent !
Dès
le début de l’afflux massif de patients Covid 19 dans les hôpitaux, la
préoccupation des soignants était déjà de tenir dans la durée. Après
plusieurs semaines à constamment repousser les limites du possible pour
ouvrir de nouveaux lits et soigner plus de patients, l’épuisement
physique et psychologique des personnels est devenu préoccupant, malgré
la légère décrue des nouveaux malades.
Au CHU
Henri Mondor de Créteil (AP-HP), l’intersyndicale CFDT- CGT- FO – SUD
santé a déposé vendredi 17 avril une alerte pour Danger Grave et
Imminent (DGI). Celle-ci porte sur quatre points : l’état d’épuisement
physique et psychologique des personnels, la mise en place d’horaires
imposés, le matériel de protection et la reprise d’activité des blocs
opératoires.
A cette
alerte, la direction a répondu ce lundi 20 avril en motivant la nouvelle
organisation par le Plan Blanc d’urgence lié au coronavirus, et rappelé
les dispositifs de soutien psychologique mis en place pour soutenir le
personnel. Une réponse qui n’a pas satisfait l’intersyndicale qui a
décidé maintenir son alerte DGI. La balle est donc désormais dans le
camp de l’Inspection du Travail qui doit rendre son rapport dans les
jours qui viennent.
L’ouverture du RBI : une prouesse qui a pesé sur les personnels
Quelques
jours avant l’alerte, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été
l’ouverture du nouveau bâtiment, dit le RBI pour Réanimation – Blocs –
Interventionnel. Destiné à remplacer les blocs opératoires actuels par
une plate-forme ultra-moderne, ce bâtiment, qui était attendu de longue
date et devait être inauguré en septembre, a réussi à ouvrir à une
vitesse record grâce à un don financier du groupe Dassault.
Une prouesse logistique du groupe hospitalier et des soignants volontaires venus de plusieurs régions.
Une
réactivité qui a permis de faire face à l’afflux de patients au pic de
la crise mais qui a pesé fortement sur le personnel, selon les
syndicats.
« Personne
ne vous a expliqué le fonctionnement interne de ce bâtiment ainsi que
des réanimations de Mondor. Pour faire fonctionner les réanimations de
notre hôpital, les plannings, imposés à certains et proposés à d’autres,
exigent pour les semaines à venir aux soignants, « ces héros », de
travailler plus de 50 heures supplémentaires sur 4 semaines »,
dénonce
l’intersyndicale, en colère contre les nouveaux horaires permis par la
loi d’urgence sanitaire, instaurant une alternance de 2 journées de 12
heures de travail et 2 jours de repos (ce qui fait passer de 144 heures
pour 4 semaines travaillées à 180 voire 192 heures sur la même période
pour un certain nombre de personnels).
« Ne
parlons pas de conserver une éventuelle vie de famille quand le 1er
week-end vous travaillez le dimanche, quand le 2ème week-end vous
travaillez le samedi, quand le 3ème week-end vous travaillez le samedi
et le dimanche et qu’il faut attendre le 4ème week-end pour être enfin
de repos… », déplorent les syndicats.
Au-delà de
la seule prise en charge du Covid 19, les soignants s’agacent de la
continuité de certaines opérations qui ne présentent pas à leurs yeux un
caractère d’urgence et qui mobilisent du personnel. Des opérations qui
sont à nouveau programmées de plus en plus régulièrement. « Il faut savoir si l’on n’est ou pas en plan blanc », questionne
Eric Tricot, délégué Sud Santé, qui s’inquiète déjà de la deuxième
vague de patients, celle qui risque de déferler après le dé-confinement.
150 soignants malades du Covid 19 au CHU Mondor
Les
personnels alertent par ailleurs sur le nombre de soignants infectés par
le coronavirus, le chiffrant à 150 au CHU Mondor dont 3 en réanimation.
Dans cette
épidémie, l’AP-HP, en première ligne, compte déjà 4 275 professionnels
atteints par le Covid 19, reconnaît la direction qui précise toutes les
mesures prises pour protéger les personnels. « Depuis le début du
mois de mars, le port d’un masque chirurgical en continu a été
recommandé pour les personnels travaillant dans les services d’accueil
des patients (services d’accueil des urgences, consultations…). Cette
mesure a été étendue à tous les personnels évoluant dans les services
hospitaliers, dans la semaine qui a suivi le confinement national », indique l’AP-HP, ajoutant que les masques FFP2 sont utilisés pour les manœuvres respiratoires à risque d’aérosolisation.
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