lundi 27 avril 2020

POING LEVÉ: LES LUTTEUSES QUI ONT FAIT HONNEUR À LA FRANCE.






                     Manif du Rassemblement  mondial des femmes contre la guerre et le fascisme 1936  

Le 29 avril 1945 pour la première fois dans l'histoire de France les femmes votaient. Droit inscrit dans la Constitution le 21 avril 1944.
Quelle que soit la contextualisation nécessaire de tout fait historique, il reste à cet égard que la décision tardive de l'obtention de ce droit par les femmes, reste une honte pour notre pays.
Au mépris classique de la droite qui considérait la femme comme un être inférieur, on peut dire que la gauche ne fut pas épargnée par le machisme et le patriarcat même si les positions officielles des organisations progressistes furent plus dignes.
Lisez les incroyables propos tenus il n'y a pas si longtemps :
On a donc parfaitement raison d'exclure de la vie politique les femmes et les personnes qui, par leur peu de maturité d'esprit, ne peuvent prendre une part intelligente à la conduite des affaires publiques. Morlot député radical 1884  
Donner le droit de vote aux femmes, c'est l'aventure, le saut dans l'inconnu, et nous avons le devoir de ne pas nous précipiter dans cette aventure. Calmel député radical de droite 1932
 II est établi qu'en temps normal les femmes sont déjà plus nombreuses que les hommes. Que sera-ce à un moment où les prisonniers et les déportés ne seront pas encore rentrés. Quels que soient les mérites des femmes, est-il bien indiqué de remplacer le suffrage masculin par le suffrage féminin ? Paul Giaccobi 1944 Radical
Le projet actuel est grave dans ses conséquences vis-à-vis de la famille, car l’introduction des querelles et des discussions politiques dans le foyer va être une cause de dissociation du ménage.     Edmond Lefebvre du Pery (18866-1955) Député de 1909 à 1927, Ministre de l'Agriculture (1921-1922), de la Justice (1924), et des Affaires étrangères (juin 1924).
Certains membres influents du clergé avançaient que la  "loi naturelle"  interdisaient le droit de vote aux femmes et les Radicaux craignaient... la tutelle des curés sur les femmes.
Parmi les "arguments" :
Comme une femme mariée a fait le vœu d’obéir à son mari, son vote serait donc le même que celui de son époux. 
Le droit de vote éloignerait les femmes de leur devoir de ménagère et de mère.
Les femmes seraient surexcitées par la politique et subiraient des dépressions nerveuses.
Les femmes sont — ou devraient être — trop occupées par leurs tâches ménagères à la maison pour prendre part au jeu politique.
Les femmes ne connaissent rien à l'économie, au commerce, à la science, à la finance, à la guerre ou aux lois, et ne peuvent donc pas contribuer à la politique.
Même si partout les femmes furent victimes de ségrégation, notre retard est tout de même remarquable. Puisque les femmes gagnèrent le droit de vote bien après d'autres :
1906 en Finlande
1913 en Norvège
1917 en Russie soviétique
1918 en Tchécoslovaquie, Pologne, Azerbaïdjan, Allemagne...
1919 en Belgique, Hollande, Suède...
1920 en Albanie
1923 en Turquie
1924 en Mongolie
1928 en Grande-Bretagne
1930 en Grèce (uniquement aux Municipales). Pour toutes les élections dans les zones contrôlées par la Résistance (EAM-ELAS). Droit supprimé par la droite monarcho-fasciste et finalement reconquis seulement en 1952. 
En Afrique du Sud (uniquement pour les blanches). 
1932 au Brésil, Roumanie, Thaïlande...
1934 à Cuba
1944 en France.
Notons enfin que les dictatures fascistes en Espagne et au Portugal doivent tomber pour que le droit de vote des femmes soit reconnu (1974 et 1975).
Il a fallu un si long combat pour que la République française reconnaisse le suffrage universel que l'on est en droit de s'interroger sur cette réticence pour la bourgeoisie française, dans toutes ses composantes, à accepter le suffrage universel (même dans sa phase révolutionnaire avec le vote censitaire ou avec la Loi Le Pelletier en 1791 interdisant les organisations ouvrières, les rassemblements paysans et ouvriers) et le fait que cette tendance reste sous-jacente dans son attitude à l'égard de l'expression politique, y compris électorale, des classes populaires, femmes et hommes. Le comportement insultant, méprisant et violent à l'égard des Gilets jaunes et des syndicalistes le démontre largement. Saluons l'attitude des communistes : dès 1925  le PCF présente des femmes aux élections municipales alors qu'elles n'ont pas le droit de vote... ni de siéger puisque, même élues, elles sont forcées de renoncer à leur élection. Soulignons aussi qu'en 1936 la Chambre du Front Populaire vote le droit de vote aux femmes mais que le Sénat, où la droite domine, s'y oppose.
Oui il faut de longs combats pour les faire reculer mais au moins que chacune et chacun reconnaisse l'ennemi ou l'ami.

NBH
Note de P.: Longtemps, longtemps après d'autres, la France, terre de la Révolution, pays des Lumières, des droits de l'Homme.....Un très grand retard

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