29 avril 1945 : les femmes votent
Manif du Rassemblement mondial des femmes contre la guerre et le fascisme 1936
Le
29 avril 1945 pour la première fois dans l'histoire de France les
femmes votaient. Droit inscrit dans la Constitution le 21 avril 1944.
Quelle
que soit la contextualisation nécessaire de tout fait historique, il
reste à cet égard que la décision tardive de l'obtention de ce droit par
les femmes, reste une honte pour notre pays.
Au
mépris classique de la droite qui considérait la femme comme un être
inférieur, on peut dire que la gauche ne fut pas épargnée par le
machisme et le patriarcat même si les positions officielles des
organisations progressistes furent plus dignes.
Lisez les incroyables propos tenus il n'y a pas si longtemps :
On
a donc parfaitement raison d'exclure de la vie politique les femmes et
les personnes qui, par leur peu de maturité d'esprit, ne peuvent prendre
une part intelligente à la conduite des affaires publiques. Morlot député radical 1884
Donner
le droit de vote aux femmes, c'est l'aventure, le saut dans l'inconnu,
et nous avons le devoir de ne pas nous précipiter dans cette aventure. Calmel député radical de droite 1932
II
est établi qu'en temps normal les femmes sont déjà plus nombreuses que
les hommes. Que sera-ce à un moment où les prisonniers et les déportés
ne seront pas encore rentrés. Quels que soient les mérites des femmes,
est-il bien indiqué de remplacer le suffrage masculin par le suffrage
féminin ? Paul Giaccobi 1944 Radical
Le
projet actuel est grave dans ses conséquences vis-à-vis de la famille,
car l’introduction des querelles et des discussions politiques dans le
foyer va être une cause de dissociation du ménage. Edmond Lefebvre du Pery (18866-1955) Député de 1909 à 1927, Ministre de l'Agriculture (1921-1922), de la Justice (1924), et des Affaires étrangères (juin 1924).
Certains membres influents du clergé avançaient que la "loi naturelle" interdisaient le droit de vote aux femmes et les Radicaux craignaient... la tutelle des curés sur les femmes.
Parmi les "arguments" :
Comme une femme mariée a fait le vœu d’obéir à son mari, son vote serait donc le même que celui de son époux.
Le droit de vote éloignerait les femmes de leur devoir de ménagère et de mère.
Les femmes seraient surexcitées par la politique et subiraient des dépressions nerveuses.
Les femmes sont — ou devraient être — trop occupées par leurs tâches ménagères à la maison pour prendre part au jeu politique.
Les
femmes ne connaissent rien à l'économie, au commerce, à la science, à
la finance, à la guerre ou aux lois, et ne peuvent donc pas contribuer à
la politique.
Même
si partout les femmes furent victimes de ségrégation, notre retard est
tout de même remarquable. Puisque les femmes gagnèrent le droit de vote
bien après d'autres :
1906 en Finlande
1913 en Norvège
1917 en Russie soviétique
1918 en Tchécoslovaquie, Pologne, Azerbaïdjan, Allemagne...
1919 en Belgique, Hollande, Suède...
1920 en Albanie
1923 en Turquie
1924 en Mongolie
1928 en Grande-Bretagne
1930
en Grèce (uniquement aux Municipales). Pour toutes les élections dans
les zones contrôlées par la Résistance (EAM-ELAS). Droit supprimé par la
droite monarcho-fasciste et finalement reconquis seulement en 1952.
En Afrique du Sud (uniquement pour les blanches).
1932 au Brésil, Roumanie, Thaïlande...
1934 à Cuba
1944 en France.
Notons
enfin que les dictatures fascistes en Espagne et au Portugal doivent
tomber pour que le droit de vote des femmes soit reconnu (1974 et 1975).
Il
a fallu un si long combat pour que la République française reconnaisse
le suffrage universel que l'on est en droit de s'interroger sur cette
réticence pour la bourgeoisie française, dans toutes ses composantes, à
accepter le suffrage universel (même dans sa phase révolutionnaire avec
le vote censitaire ou avec la Loi Le Pelletier en 1791 interdisant les organisations ouvrières, les rassemblements paysans et ouvriers)
et le fait que cette tendance reste sous-jacente dans son attitude à
l'égard de l'expression politique, y compris électorale, des classes
populaires, femmes et hommes. Le comportement insultant, méprisant et
violent à l'égard des Gilets jaunes et des syndicalistes le démontre
largement. Saluons l'attitude des communistes : dès 1925
le PCF présente des femmes aux élections municipales alors qu'elles
n'ont pas le droit de vote... ni de siéger puisque, même élues, elles sont forcées de renoncer à leur élection.
Soulignons aussi qu'en 1936 la Chambre du Front Populaire vote le droit
de vote aux femmes mais que le Sénat, où la droite domine, s'y oppose.
Oui il faut de longs combats pour les faire reculer mais au moins que chacune et chacun reconnaisse l'ennemi ou l'ami.
NBH
Note de P.: Longtemps, longtemps après d'autres, la France, terre de la Révolution, pays des Lumières, des droits de l'Homme.....Un très grand retard
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