mardi 21 avril 2020

MÉFIANCE.

Le billet du Dr Christophe Prudhomme MÉDECIN AU SAMU 93

21 Avril 2020, 18:03pm
| Publié par BLOG-PCF-ARRAS
Le billet du Dr Christophe Prudhomme MÉDECIN AU SAMU 93

Méfiance

Le premier ministre et le ministre de la Santé ont voulu faire oeuvre de «pédagogie», dimanche soir.

Mais, une fois de plus, la stratégie proposée pour la levée du confinement est imposée par la pénurie des outils essentiels dont nous avons besoin pour gérer cette épidémie.
Nous le répétons et l’exemple de certains pays étrangers est là pour le confirmer: les masques et les tests nous ont manqué et continuent à nous manquer. En effet, pour détecter et confiner de manière stricte et sélective, il faut que chacun puisse être testé au moindre doute, et pas seulement en cas de symptômes, isolement sélectif veut dire absence de contact rapproché, y compris dans le milieu familial, et pour ceux qui vivent seuls, par exemple le portage des repas pour éviter les sorties.

Sur les masques, la multiplication des initiatives de bonne volonté pour bricoler des masques en tissu est une solution au rabais. Des masques de ce type, de fabrication artisanale, sans aucun contrôle de qualité, sont moins efficaces que des masques chirurgicaux.
Une fois de plus, ceux qui nous gouvernent ne nous ont pas présenté une stratégie validée par des données de santé publique, mais bien des mesures motivées par leur incapacité à nous fournir les moyens nécessaires à la reprise d’activité. Éviter de nouvelles contaminations doit rester la priorité, car notre système hospitalier est au bout du rouleau et ne pourra pas encaisser une deuxième vague.

Cela ne peut se faire en maintenant un confinement total de la population, dont l’efficacité est certaine, mais qui a été motivé, au début de l’épidémie, uniquement par notre incapacité à détecter les premières personnes contaminées, pour les isoler elles, et elles seules.

De fait, les explications confuses et incomplètes de MM. Philippe et Véran n’inspirent pas confiance. Or, celle-ci est absolument nécessaire pour que les citoyens puissent adopter un comportement adapté, réfléchi et librement consenti.

Les soignants le savent bien. Comment croire que le malade continuera à prendre des médicaments, qui ont tous des effets secondaires, s'il n’a pas reçu des explications convaincantes sur le rapport bénéfice-risque favorable?
Alors, Messieurs les ministres, arrêtez de nous mener en bateau, jouez cartes sur table, reconnaissez vos erreurs et vos limites. •

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