Le billet du Dr Christophe Prudhomme MÉDECIN AU SAMU 93
Méfiance
Le premier ministre et le ministre de la Santé ont voulu faire oeuvre de «pédagogie», dimanche soir.
Mais,
une fois de plus, la stratégie proposée pour la levée du confinement
est imposée par la pénurie des outils essentiels dont nous avons besoin
pour gérer cette épidémie.
Nous
le répétons et l’exemple de certains pays étrangers est là pour le
confirmer: les masques et les tests nous ont manqué et continuent à nous
manquer. En effet, pour détecter et confiner de manière stricte et
sélective, il faut que chacun puisse être testé au moindre doute, et pas
seulement en cas de symptômes, isolement sélectif veut dire absence de
contact rapproché, y compris dans le milieu familial, et pour ceux qui
vivent seuls, par exemple le portage des repas pour éviter les sorties.
Sur
les masques, la multiplication des initiatives de bonne volonté pour
bricoler des masques en tissu est une solution au rabais. Des masques de
ce type, de fabrication artisanale, sans aucun contrôle de qualité,
sont moins efficaces que des masques chirurgicaux.
Une
fois de plus, ceux qui nous gouvernent ne nous ont pas présenté une
stratégie validée par des données de santé publique, mais bien des
mesures motivées par leur incapacité à nous fournir les moyens
nécessaires à la reprise d’activité. Éviter de nouvelles contaminations
doit rester la priorité, car notre système hospitalier est au bout du
rouleau et ne pourra pas encaisser une deuxième vague.
Cela
ne peut se faire en maintenant un confinement total de la population,
dont l’efficacité est certaine, mais qui a été motivé, au début de
l’épidémie, uniquement par notre incapacité à détecter les premières
personnes contaminées, pour les isoler elles, et elles seules.
De
fait, les explications confuses et incomplètes de MM. Philippe et Véran
n’inspirent pas confiance. Or, celle-ci est absolument nécessaire pour
que les citoyens puissent adopter un comportement adapté, réfléchi et
librement consenti.
Les
soignants le savent bien. Comment croire que le malade continuera à
prendre des médicaments, qui ont tous des effets secondaires, s'il n’a
pas reçu des explications convaincantes sur le rapport bénéfice-risque
favorable?
Alors,
Messieurs les ministres, arrêtez de nous mener en bateau, jouez cartes
sur table, reconnaissez vos erreurs et vos limites. •
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