Coronavirus – Pourquoi l’hystérie ne retombe-t-elle pas ?
La diminution du nombre de morts, le désengorgement des
hôpitaux et l’annonce de la fin du confinement devraient normalement
avoir atténué la peur du virus. On peut donc se demander pourquoi on
continue, sur les plateaux de télévision, à entretenir l’hystérie, à
grand coups de propagande anxiogène. Comme les médias dominants sont la
voix de leurs maîtres, c’est sans doute que l’oligarchie a intérêt à
maintenir un certain niveau d’hystérisation.
A mon avis, il y a deux raisons, à cela. D’une part il
ne faut pas perdre le contrôle de la population et d’autre part il faut
la préparer à de plus grandes souffrances. Noémie Klein a expliqué tout
ça dans la Stratégie du choc. Une population submergée par des émotions
fortes ne peut plus penser logiquement. Ses défenses tombent et elle
accepte de se soumettre à des mesures restrictives et/ou abusives
qu’elle n’aurait jamais acceptées autrement. Tétanisée, elle se laisse
dépouiller de ses libertés, de ses droits, de ses biens collectifs ou
personnels, en échange de vagues promesses de sécurité.
Le gouvernement par la peur et la haine, dans sa version
hystérique, a commencé, pour l’Occident, après les attentats du 11
septembre 2001 avec la guerre de Georges W. Bush contre le terrorisme,
une guerre sans fin, puisque l’ennemi est à la fois partout et nulle
part. Les Etats-Unis peinaient à maintenir sur le monde une hégémonie
remise en cause par la Chine, la Russie, et les Républiques
bolivariennes. La guerre contre le terrorisme a permis aux Etats-Unis
d’entraîner la nation et ses satellites dans des guerres de pillage tous
azimut. Cerise sur le gâteau, les dirigeants étasuniens ont pu imposer
le Patriot Act, et les dirigeants français l’Etat d’urgence à leurs
populations. A l’époque, on nous a répété sur tous les tons qu’il
fallait nous habituer à vivre avec le terrorisme et, aujourd’hui, on
nous rabâche qu’il faut s’habituer à vivre avec le coronavirus. Nos
dirigeants ne cessent de nous désigner des ennemis, au dehors et
au-dedans, qui changent tout le temps. On ne peut s’empêcher de penser à
1984 de Georges Orwell :
« Au sixième jour de la Semaine de la
Haine … Alors que « la haine générale contre l’Eurasia avait atteint son
point culminant … juste à ce moment, on annonça qu’après tout l’Océania
n’était pas en guerre contre l’Eurasia. L’Océania était en guerre
contre l’Estasia … Il n’y eut naturellement aucune déclaration d’un
changement quelconque. On apprit simplement, partout à la fois, avec une
extrême soudaineté, que l’ennemi c’était l’Estasia et non l’Eurasia …
L’orateur, qui étreignait encore le tube du microphone, les épaules
courbées en avant, la main libre déchirant l’air, avait sans
interruption continué son discours. Une minute après, les sauvages
hurlements de rage éclataient de nouveau dans la foule. La Haine
continuait exactement comme auparavant, sauf que la cible avait été
changée. »
La Macronie veut que nous comprenions bien qu’il n’y
aura pas de « retour à la vie normale » Nous serons en liberté
surveillée, un peu comme des prisonniers qui viennent de finir leur
peine. Et la réinsertion ne sera pas facile. Car le monde que nous
allons retrouver dehors n’a rien de réjouissant !
Pendant que nous étions en prison, les Ehpad ont été
décimés. Cela a beaucoup choqué à l’étranger. “Sacrifiées”,
“abandonnées”, “stigmatisées” : le drame des personnes âgées en France a
titré le journal québécois, le Devoir : « L’un des exemples les plus
flagrants de ce que l’on pourrait qualifier de mépris à l’égard des
aînés est le fait que les autorités françaises, notamment, n’ont pas
comptabilisé le nombre de décès résultant du Covid-19 dans les maisons
de retraite [au début de la crise]. Faut-il en conclure que leurs décès
étaient insignifiants par rapport à ceux des jeunes adultes ? »
En France on est habitué. Depuis que les maisons de
retraites ont été bradées au privé par des gouvernements aux ordres de
la finance, les scandales succèdent aux scandales dans l’indifférence
générale. L’essentiel étant que les profits des actionnaires augmentent
sans cesse. Il y a un an, on lisait sur France Inter :
« Personnel insuffisant et désemparé,
tarifs élevés, seniors livrés à eux-mêmes et rationnés… Le groupe
Korian, qui affiche des bénéfices record, est à nouveau pointé du doigt
depuis la mort de cinq personnes dans une de ses maisons de retraite,
des suites d’une probable intoxication alimentaire … En 2016, il avait
déjà doublé les dividendes versés à ses actionnaires, en l’espace de
cinq ans »
Et on vient d’apprendre, dans un article titré :
Dépistage : les salariés de Korian payent leur protection que « Le
groupe Korian instaure une campagne de dépistage de ses salariés,
conformément aux instructions et annonces gouvernementales pour les
EHPAD. Mais il impose à tous ses salariés de régler la facture du
dépistage à travers leur carte Vitale et leur mutuelle, donc au frais de
la princesse et de la Sécurité sociale. » Et le journaliste de
s’indigner naïvement : « Le traitement et la pilule sont durs à avaler
mais jusqu’où la marchandisation de la santé va-t-elle aller ? » Eh
bien, je peux lui répondre sans difficulté : jusqu’où nous les
laisserons aller !
La médecine libérale, elle aussi, a été abandonnée. Le
président de la fédération des médecins des Bouches-du-Rhône, dans un
article intitulé : Il y a de quoi se jeter d’un pont » la détresse des
médecins libéraux, alerte sur la détresse et l’angoisse des généralistes
et médecins libéraux face au manque de moyens pour lutter contre le
coronavirus.
Le tourisme est en perdition. Cette activité, non
essentielle, est actuellement généreusement renflouée par le
contribuable. Elle était pourtant la fierté de nos dirigeants, tous
acharnés à transformer la France en un gigantesque Disney Land, où nous
serions tous réduits à vendre des souvenirs fabriqués en Chine à des
touristes chinois.
A vrai dire, il n’y a quasiment plus rien qui marche en
France. Les petites entreprises sont en train de faire faillite en
cascade, les salariés et indépendants vont se retrouver au chômage sans
indemnités puisque Macron les a supprimées, et les Français vont glisser
toujours plus dans la précarité, la pauvreté, la morosité, la
dépression.
La crise sanitaire a, bien sûr, fait quelques gagnants, les mêmes que d’habitude, les multinationales et les mafias :
Les multinationales, parce que la situation leur profite
(nouvelles technologies, surveillance, formation, armement, big pharma,
etc.) ou que, « too big to fall », elles bénéficient de la « solidarité
nationale ». C’est le capitalisme socialiste à usage exclusif des
multinationales que nous connaissons bien puisque nous en faisons les
frais : privatisation des profits et socialisation des pertes.
Les mafias, parce qu’elles remplacent des gouvernements
défaillants, en distribuant nourriture et matériel médical, pour redorer
leur image et laver leur argent.
Au plan politique, un événement capital s’est produit, selon Politis, pendant que nous étions en prison :
« L’abandon des contre-pouvoirs ».
Politis s’en prends naïvement au Conseil d’État : « Ultime recours
administratif vanté comme le garant des libertés fondamentales, le
Conseil d’État, assailli de requêtes contre l’action du gouvernement,
agit tel un soutien indéfectible du pouvoir et rejette à tour de bras.
Son échec traduit celui des contre-pouvoirs français … Au 15 avril : 41
rejets avaient été prononcés sur 46 requêtes, soit 90% ».
Nous, ça fait longtemps qu’on le sait que « l’ensemble
des contre-pouvoirs vacillent » dans les régimes dits démocratiques et
tout particulièrement en France. Nous écoutons assidûment les
Pinçon-Charlot et la corruption et la collusion des soi-disant
« élites » n’ont plus de secret pour nous. Nous savons parfaitement que
l’élite médiatique fricote avec l’élite entrepreneuriale qui fricote
avec l’élite de la fonction publique, qui fricote avec l’élite
judiciaire, qui fricote avec l’élite politique. Tout ce joli monde se
tient par la barbichette et s’entend comme larrons en foire pour nous
esclavagiser et nous dépouiller à qui mieux mieux. La seule question
qu’on se pose encore, c’est jusques à quand ? Jusques à quand les gens
vont-ils supporter ça ?
Il y a quand même quelque chose qui m’a fait plaisir,
aujourd’hui, en dehors de prendre un peu le soleil à la fenêtre. La côte
de popularité de la Macronie a encore dégringolée, selon un sondage que
même Macron ne peut pas contester car il vient d’un institut de
Sciences Po : « Méfiance et peur sont au maximum dans le pays et les
Français ont du ressentiment envers leur gouvernement qu’ils jugent
inefficace ». Tiens donc ! « Seulement 32% des français ont confiance
dans le gouvernement contre 60% des Allemands et des Britanniques ».
Voilà ce qui arrive quand on érige en doctrine l’incohérence et
l’amateurisme !
Nous savions déjà que nous entretenions le plus grand
nombre d’élus du monde (618 384 soit 1/108 hab) mais, pendant que nous
étions enfermés, le Conseil d’Etat nous a appris que tous ces élus ne
servent absolument à rien, que ce sont des incapables, et que seule la
Macronie sait ce qu’il faut faire. Les maires ne sont pas d’accord et
franchement, moi non plus je ne vois pas comment on pourrait être plus
incapable que la Macronie.
D’ailleurs, nos élus, infatigables et imaginatifs, ne
ménagent pas leurs efforts pour résoudre les problèmes de transport et
de pollution. « La présidente de la région Valérie Pécresse, travaille
« avec le RER-vélo », un collectif d’associations qui a imaginé neuf
lignes cyclables, jusqu’à Mantes-la-Jolie ou Melun ». Vous voyez, on est
sauvé !
Pour finir, je ne saurais trop vous conseiller de
regarder Ruy Blas, une merveilleuse pièce de Victor Hugo, le grand
pourfendeur de « Napoléon le petit », qui n’a pas pris une ride, et dont
la tirade contre les ministres vous rappellera sûrement quelque chose :
« Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
L’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez ici pas d’autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
…
Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L’Espagne est un égout où vient l’impureté
De toute nation. – tout seigneur à ses gages
…
L’alguazil, dur au pauvre, au riche s’attendrit.
La nuit on assassine, et chacun crie : à l’aide !
– Hier on m’a volé, moi, près du pont de Tolède ! –
La moitié de Madrid pille l’autre moitié.
Tous les juges vendus. Pas un soldat payé.
Dominique Muselet
22 avril 2020
22 avril 2020
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