Le coronavirus n'arrête pas la lutte des classes, il l'aiguise
Classes et confinement
Entre les 5% les plus riches et les 5% le plus pauvres ici, en France, il y a 13 ans d'espérance de vie en moins.
Avec ou sans épidémie, l'organisation sociale, telle quelle est, tue. Le capitalisme tue.
Le
taux de mortalité en Seine Saint Denis a connu une hausse de 63% depuis
l'épidémie. Est-ce un hasard ? Est-ce du à une cause génétique ? Évidemment non. La taille des logements, la promiscuité que les cités
induisent, la malnutrition et son cortège d'obésité et de diabète en
sont les causes. Chacun comprend que le confinement ne sera pas vécu de
la même façon dans une maison avec jardin et dans un logement surpeuplé
du 14e étage d'une barre. Ainsi dans les quartiers populaires on
constate que le taux de personnes frappées par le diabète est plus
élevé de 27% à 102% que la moyenne. On notera aussi, par exemple, que
deux familles sur cinq ont un logement surpeuplé aux Minguettes. Les
médias peuvent alors stigmatiser ces quartiers où le confinement est ou
serait moins bien respecté.
Que
dire du désert médical qu'est ce département, sous-doté en toute chose.
L'accès aux soins est pourtant essentiel pour protéger les personnes
dans des situations normales et donc encore plus dans des situations de
crise épidémique. Or l'accès aux soins est aléatoire, du fait de la
situation économique, salariale, des milieux populaires. L'accès aux
soins, la prévention des maladies, sont déterminés par le niveau de
revenu.
Que
dire du stress qui est considéré comme un facteur déterminant par les
médecins. Le stress qui aggrave la réponse inflammatoire de l'organisme.
Le stress qui frappe massivement les plus pauvres par le cumul de
difficultés quotidiennes au long cours.
Bref
il n'est donc pas étonnant que les quartiers populaires présentent le
bilan le plus lourd face au coronavirus. Autre facteur, c'est dans ces
quartiers populaires que vivent les femmes et les hommes qui sont en
première ligne face au virus : éboueurs, infirmières, aides-soignantes,
caissières, personnels d'entretien ou de sécurité....Non seulement les
milieux populaires cumulent les facteurs à risque mais ils sont laissés
sans masques, sans liquide hydroalcoolique et ils sont en plus menacés
d'être frappés par la crise économique du capitalisme aggravée par la
pandémie. Sans toutefois oublier 1- que la crise du capitalisme n'est
pas provoquée par l'épidémie mais par le capitalisme lui-même, et 2- que
l'épidémie elle-même est gravement amplifiée par les inégalités
produites par le capitalisme.
Ailleurs
qu'en France le constat est le même. Un seul exemple : les Noirs
étasuniens sont deux fois plus frappés par le coronavirus que les blancs
et comptent trois fois plus de morts. La mortalité des Noirs est de 67%
à Chicago alors qu'ils représentent 32% de la population. Cela est du
évidement à la pauvreté qui frappe les Afro-américains mais aussi qui
est directement lié au système de santé assurantiel, privé, auquel 30
millions de citoyens des Etats-Unis, blancs et noirs, n'ont pas accès du
fait de son coût. Sans parler de l'aggravation de la situation par
Trump qui a démoli le très timide Medicare d'Obama.
Et
pendant ce temps-là, l'Île de Ré connaissait une augmentation de sa
fréquentation de 30%, 1,2 millions de Franciliens ont pu se réfugier
dans leurs maisons de campagne et les CSP+ peuvent envisager le
confinement comme un exercice de yoga et se demander sérieusement si
cette situation ne va pas traumatiser le petit dernier privé de ses
cours d'équitation.
Le coronavirus n'arrête pas la lutte des classes, il l'aiguise.
Antoine Manessis.
Blog Commun Commune El Diablo
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