Confiner, surveiller, punir, mater (°)
Sur une période très courte, les Français ont accepté une restriction importante de leurs libertés
par Josepha Laroche
jeudi 14 mai 2020, par Comité Valmy
Dans le Morbihan, à Belle-Île-en-Mer, la
police municipale surveille les plages interdites d’accès pendant le
confinement, le 16 avril 2020 © Philippe Dannic/SIPA Numéro de
reportage : 00956520_000002
Confiner, surveiller, punir, mater
Sur une période très courte, les Français ont accepté
une restriction importante de leurs libertés
Le 11 mai 2020 restera dans l’histoire
comme une date nébuleuse ; celle d’un déconfinement
qui déconfinera sans déconfiner, tout en déconfinant :
comprenne qui pourra !
Seulement certains Français en bénéficieront, mais ni en
tous lieux, ni en tout temps : point trop n’en faut. À cette occasion,
le conseil scientifique viendra de nouveau en renfort du gouvernement.
Avec force tableaux statistiques et cartes de France colorées de rouge
et vert. Il légitimera ainsi une décision que les Français ont bien du
mal à comprendre et a fortiori à accepter. Ce faisant, le savant
continuera une fois de plus d’offrir au politique sa caution dans un
exercice qui apparaît cependant de plus en plus périlleux car il engage
également la responsabilité des experts(1).
Les Français en liberté conditionnelle
Le 11 mai 2020 restera dans l’histoire comme l’horizon
improbable d’une liberté d’aller et venir à reconquérir. Ce que nombre
de Français vivent comme une incarcération ne prendra en effet pas
véritablement fin à cette date. En d’autres termes, leur levée d’écrou
demeurera en grande partie limitée et indéterminée, toujours sujette à
un droit de regard bureaucratique, plus tatillon que jamais. En bref,
ils vont devoir apprendre à vivre sous contrôle et endurer ce que
beaucoup d’entre eux vivent comme une punition.
Certes de prime abord, celle-ci ne se donne pas à voir
comme telle. Bien au contraire, les pouvoirs publics la dénient. Selon
ces derniers, la privation de quelques libertés fondamentales n’aurait
été mise en place le 17 mars que pour le bien des citoyens, afin
d’assurer leur sécurité sanitaire et pour nulle autre raison. C’est donc
avec obéissance et dans la peur, que des millions d’administrés ont
accepté d’être séparés les uns des autres, coupés du jour au lendemain
de leur biotope social. De surcroît, c’est dans le silence qu’ils ont
enduré et endurent encore d’incessantes injonctions paradoxales
auxquelles ils doivent néanmoins se soumettre sous peine d’être
sanctionnés. En effet, depuis le mois de janvier et jusqu’à ce jour,
qu’il s’agisse de la fermeture des frontières, du port du masque, des
tests de dépistage, des gestes barrières, des protocoles thérapeutiques,
de la reprise du travail, du retour des enfants à l’école ou de la
fréquentation des transports en commun, ils ont entendu tout et son
contraire.
Les chiffres de Salomon visent à cacher
le climat politique mortifère
Les innombrables revirements des responsables
politiques, tout comme les violents conflits entre experts médicaux
n’ont pas manqué. Une telle situation illisible et abracadabrantesque a
par conséquent rendu impossible l’adoption d’une ligne de conduite qui
fût rationnelle et efficace. Surtout, ce climat mortifère sur fond de
mesures liberticides, a largement accentué l’angoisse d’une population
infantilisée et maintenue perpétuellement dans l’incertitude. Pendant
des semaines, tests, masques, gels, lits d’hôpitaux et respirateurs ont
manqué et manquent d’ailleurs encore. Rien n’explique, à ce jour, une
pareille impéritie qui exige des Français toujours plus de résilience
sans leur offrir pour autant de véritable contrepartie. Mais la peur au
ventre, les Français ont dû affronter, vaille que vaille, cette pénurie
hors-norme. Or dans le même temps, le gouvernement a cru bon de les
submerger chaque soir d’un déluge de données statistiques dispensées par
le directeur général de la santé publique qui, tel un greffier,
dressait le bilan comptable des pertes humaines de la nation.
Finalement, qu’est-ce qui ressort de cette politique
imprévoyante, brouillonne et si inefficace en termes logistiques et
opérationnels que d’aucuns ont parfois parlé de gabegie pure et simple ?
À l’évidence, se donne à voir un autoritarisme pesant, émaillé
d’incohérences imposées avec une rare arrogance. L’attestation écrite de
dérogation, pièce maîtresse du dispositif de confinement, apparaît à
cet égard comme le symbole vexatoire de ce gouvernement des conduites.
Tous les Français ont par exemple encore en mémoire l’histoire
malheureuse de cet homme empêché de se rendre au chevet de son père
mourant ou bien de cette infirmière de nuit verbalisée alors qu’elle
sortait à l’aube de l’hôpital et n’avait pas indiqué une date exacte sur
son document. Il faudra établir un jour la liste exhaustive de toutes
ces brimades qu’on pourrait imaginer issues d’une terrible dystopie. Non
pas, la réalité dépasse ici la fiction.
Notre malheur fait le bonheur des caisses de l’État
Durant le confinement, plus de 530.000 amendes ont été
délivrées(2), ce qui devrait rapporter à l’État, 60 millions d’euros.
Une répression qui a toutefois souvent scrupuleusement respecté la loi
implicite, mais ô combien implacable, du deux poids deux mesures. Ainsi,
le promeneur solitaire s’est-il vu infliger une amende parce qu’il ne
détenait pas ses papiers d’identité ou qu’il avait mal rempli son
attestation alors même qu’il marchait sur une plage déserte ou dans un
massif montagneux sans âme qui vive. Mais dans le même temps, on notait
l’absence fréquente de verbalisation dans les quartiers où le
confinement n’était pourtant pas respecté par d’innombrables personnes.
Un deux poids deux mesures que le Secrétaire d’État auprès du ministre
de l’intérieur, Mr Laurent Nunez, a lui-même recommandé et qui a si bien
inspiré le préfet du Calvados.
Beaucoup de commentateurs ont souligné, à juste titre,
que, dans les jours à venir, l’on ne pourra toujours pas se rendre dans
un café, un restaurant, une salle de spectacle, un festival ou bien
encore se promener sur une plage. Dans le même temps, les Français
seront autorisés à voyager en toute promiscuité dans le métro, le tram
ou le bus. En l’occurrence, c’est donc tout simplement le plaisir d’être
ensemble, d’échanger, de mener des activités conviviales qui semble
ainsi visé et rien d’autre ; à l’instar de cette Parisienne sommée par
les forces de l’ordre d’interrompre la musique diffusée sur son balcon
pour la plus grande joie de ses voisins. Tout se passe désormais comme
si la destruction des liens de sociabilité s’invitait dans cet étrange
programme sanitaire. On est alors en droit de s’interroger : s’agit-il
avec cette curieuse orthopraxie, de transformer pour leur bien des
citoyens traumatisés et apeurés – voire sidérés – en êtres dociles et
obéissants ?
Quand tout cela s’arrêtera-t-il ?
On nous annonce pour les jours prochains un traçage
numérique et un fichage qui serait opéré par les praticiens du secteur
privé, moyennant une prime, ce que certains d’entre eux dénoncent comme
attentatoire au secret médical. Les médecins généralistes sont en effet
invités à collecter les données personnelles de leurs patients atteints
du coronavirus, de leurs proches et des personnes avec lesquelles ils
sont en contact(3). Dès lors, on voit que sous couvert de sécurité
sanitaire, les pouvoirs publics assènent aujourd’hui aux Français des
kyrielles de prescriptions technocratiques qui les désorientent et
pourraient les conduire demain vers une certaine forme d’anomie. On doit
donc légitimement s’inquiéter de ce contrôle de normalité de plus en
plus oppressant – voire inquisitorial – qui entend les condamner à
résipiscence.
Josepha Laroche
(°) Note de P. On peut ajouter infantiliser, jusqu'au ridicule. Par un gosse de riches. Le pire, peut-être.....au pays des Trois Glorieuses
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