Le capital tue l'hôpital
Il
était de bon ton parmi les "commentateurs" de télévision et beaucoup de
politiques de droite et socialistes (c'est la même chose) de se pâmer
devant l'exemplaire Allemagne.
Or
face au coronavirus l'enthousiasme ne fut pas de mise. Certes Macron a
expédié quelques malades outre-Rhin mais enfin comme l'Allemagne s'en
sortait mieux que la France et que cela gênait l'Exécutif, les télés
n'en firent pas des tonnes.
Pourtant
il est intéressant de savoir pourquoi cette différence. Les deux pays
sont dirigés par la même mouvance politique donc il y avait un loup
quelque part.
La réponse n'est pas que les Allemands sont ontologiquement plus forts que nous, ni que les vertus (réelles il suffit de lire Le pays disparu. Sur les traces de la RDA de Nicolas Offenstadt ) de la RDA avaient survécu jusque là. Les deux affirmations sont aussi ridicules l'une que l'autre.
Non la réponse est que l'Allemagne est une puissance industrielle.
C'est
cette puissante industrie qui lui a permis d'avoir des masques, des
tests, des respirateurs etc. Réindustrialiser la France est donc aussi
un enjeu de santé publique. Et pour ne pas prêter le flanc aux reproches
de productivisme, rappelons que l'on peut concevoir des industries
respectueuses de l'environnement quand le profit n'est pas le moteur et
que l’intérêt général prime.
De
plus si la France et l'Allemagne dépensent 11,2% de leur PIB pour la
santé le pourcentage est trompeur puisque en fait le PIB n'est pas le
même: l'Allemagne dépense donc 20% de plus que la France pour la santé.
Ce qui fait que notre voisin a 50% de lits d’hôpital en plus et le
triple de lits de réanimation. La décision de supprimer des lits s'est
heurtée à la pression de l'opinion populaire au niveau des Länder
que les présidents n'ont pas osé affronter.
Et bien entendu l'Allemagne, ainsi armée, a donc mieux abordé la crise sanitaire que la France.
Un
autre aspect structurel qui nous a mis en situation limite c'est
l'imposition à l'hôpital d'une logique capitaliste entrepreneuriale de
management qui consistait à mettre la rentabilité comme axe de la
politique de santé et faire des économies sur tout, introduire la
concurrence, traiter l'hôpital comme un lieu dispensateur de prestations
comme les autres.
Cela
malgré, on l'a déjà souligné, les luttes des soignants depuis des
années et particulièrement cette dernière année. Lutte qui avait le
soutien de la population mais à laquelle les gouvernements des droites
(UMP, PS, LREM) répondirent par le mépris et la violence d’État.
Pourtant
les signes avant-coureurs des faiblesses structurelles existaient comme
l'épidémie de bronchiolite l'a révélée sans que le régime macronien ne
change d'un iota sa politique de casse du service public. Des dizaines
d'enfants atteints furent expédiés hors de l’Île-de-France, parfois à
plus de 200 km, par manque de lits et d’infirmières.
La
gangrène entrepreneuriale a joué aussi dans le choix du flux contre le
stock. Ainsi nous sommes-nous trouvés sans stocks de masques, par
exemple, avec, pour aggraver les choses, un mensonge d'Etat délibéré sur
le masque pour camoufler la pénurie qui était le résultat d'une
politique qui met en avant la logique financière au détriment de la
sécurité des citoyens et le bien commun. Des stocks stratégiques doivent
impérativement être mis en place.
De
la même façon il y a eut pénurie de médicaments (curare, morphine,
anesthésiques...) puisque 80% des principes actifs contenus dans les
médicaments sont fabriqués en Inde ou en Chine. Il est temps d'imposer à
l'industrie pharmaceutique par la nationalisation ou tout autre moyen
la priorité de santé contre la rentabilité capitaliste.
Dans
cette optique de stock on peut aussi penser aux lits disponibles.
Il faut des lits vides quand une épidémie éclate. Avoir des lits vides
dans un hôtel est ennuyeux, dans un hôpital, c'est une nécessité.
Enfin
il est grand temps de reconnaître l'utilité sociale dans la
rémunération des soignants. Le salaire des infirmières arrive en queue
de peloton des pays de l'OCDE : 28e rang sur 32 pays. La revalorisation
des salaires et des carrières des soignants est une urgence nationale
d’intérêt général. Car si l'hôpital a tenu face au coronavirus c'est
grâce à une mobilisation hors norme des personnels de santé qui a
impliqué de balayer les impératifs de rentabilité que Macron et les
siens voulaient et veulent toujours, soyons en certains, imposer à
l'hôpital public.
Un
autre service public de la santé est à construire à partir de tout ce
qui en a fait un des meilleurs du monde mais en brisant la logique
capitaliste et bureaucratique qui l'accompagne, en développant une
politique de prévention plus dynamique.
Antoine Manessis.
Pour plus d'information NBH vous propose la lecture des ouvrages d'André
Grimaldi, Professeur émérite CHU, professeur d’Endocrinologie à la
Pitié Salpêtrière, ancien chef du service de diabétologie. Il a publié L’Hôpital malade de la rentabilité (Edit Fayard 2009), il est coauteur du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire publié en 2011 aux éditions Odile Jacob et publie, toujours chez Odile Jacob Santé:urgence (mai 2020).
28 ème sur 32 : c'est le rang - EN QUEUE DE PELOTON - des salaires des infirmières françaises parmi les pays de l'OCDE. Les gens qui applaudissent et frappent sur des casseroles chaque soir pour manifester leur reconnaissance aux personnels soignants auraient été mieux avisés de les soutenir lors de leurs mouvements revendicatifs pourtant parfaitement justifiés, leurs luttes revendicatives ont hélas souvent laissé de marbre ceux qui assistaient sans broncher au démantèlement des services publics.... Pourtant le danger que nos infirmières pressentaient n'était pas une fantaisie ou une vue de l'esprit....la preuve par la pénurie honteuse d'équipements indispensables pour affronter cette pandémie annoncée, et la gestion catastrophique qui s'en suivit et persiste encore aujourd'hui, conséquence de la casse des services de santé par les gouvernements successifs, depuis Sarko, Hollande, et parachevés par Macron, dans l'indifférence générale. Comme si les conquêtes sociales étaient pour de nombreux Français - citoyens ? - des acquis définitifs inviolables, alors qu'il faut sans cesse les défendre contre l' appétit féroce du monde inhumain de la finance!
Conséquence: aujourd'hui, nous sommes muselés, fliqués, encadrés, infantilisés, délits d'opinion considérés comme crimes de lèse-majesté. Sans une opposition crédible pour nous soutenir, pour canaliser cette révolte sourde qui gronde, comme désarmés et abandonnés à la vindicte d'un pouvoir ultra autoritaire, - un autre mot plus vrai m'étrangle - sans limites. Les merdias aux ordres du prince peuvent encore plagier Georges MARCHAIS: lui, au moins, aurait secoué le cocotier. Et la rue aurait résonné des cris de la colère du peuple aujourd'hui étouffée
Alors que le silence assourdissant d'une opposition honteusement absente confine un peu plus notre douleur
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28 ème sur 32 : c'est le rang - EN QUEUE DE PELOTON - des salaires des infirmières françaises parmi les pays de l'OCDE. Les gens qui applaudissent et frappent sur des casseroles chaque soir pour manifester leur reconnaissance aux personnels soignants auraient été mieux avisés de les soutenir lors de leurs mouvements revendicatifs pourtant parfaitement justifiés, leurs luttes revendicatives ont hélas souvent laissé de marbre ceux qui assistaient sans broncher au démantèlement des services publics.... Pourtant le danger que nos infirmières pressentaient n'était pas une fantaisie ou une vue de l'esprit....la preuve par la pénurie honteuse d'équipements indispensables pour affronter cette pandémie annoncée, et la gestion catastrophique qui s'en suivit et persiste encore aujourd'hui, conséquence de la casse des services de santé par les gouvernements successifs, depuis Sarko, Hollande, et parachevés par Macron, dans l'indifférence générale. Comme si les conquêtes sociales étaient pour de nombreux Français - citoyens ? - des acquis définitifs inviolables, alors qu'il faut sans cesse les défendre contre l' appétit féroce du monde inhumain de la finance!
Conséquence: aujourd'hui, nous sommes muselés, fliqués, encadrés, infantilisés, délits d'opinion considérés comme crimes de lèse-majesté. Sans une opposition crédible pour nous soutenir, pour canaliser cette révolte sourde qui gronde, comme désarmés et abandonnés à la vindicte d'un pouvoir ultra autoritaire, - un autre mot plus vrai m'étrangle - sans limites. Les merdias aux ordres du prince peuvent encore plagier Georges MARCHAIS: lui, au moins, aurait secoué le cocotier. Et la rue aurait résonné des cris de la colère du peuple aujourd'hui étouffée
Alors que le silence assourdissant d'une opposition honteusement absente confine un peu plus notre douleur
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