jeudi 14 mai 2020

FRANCE: 28 ème RANG SUR 32 !! MAIS EN QUOI ?








Il était de bon ton parmi les "commentateurs" de télévision et beaucoup de politiques de droite et socialistes (c'est la même chose) de se pâmer devant l'exemplaire Allemagne.
Or face au coronavirus l'enthousiasme ne fut pas de mise. Certes Macron a expédié quelques malades outre-Rhin mais enfin comme l'Allemagne s'en sortait mieux que la France et que cela gênait l'Exécutif, les télés n'en firent pas des tonnes.
Pourtant il est intéressant de savoir pourquoi cette différence. Les deux pays sont dirigés par la même mouvance politique donc il y avait un loup quelque part.
La réponse n'est pas que les Allemands sont ontologiquement plus forts que nous, ni que les vertus (réelles il suffit de lire Le pays disparu. Sur les traces de la RDA de Nicolas Offenstadt ) de la RDA avaient survécu jusque là. Les deux affirmations sont aussi ridicules l'une que l'autre.
Non la réponse est que l'Allemagne est une puissance industrielle.
C'est cette puissante industrie qui lui a permis d'avoir des masques, des tests, des respirateurs etc. Réindustrialiser la France est donc aussi un enjeu de santé publique. Et pour ne pas prêter le flanc aux reproches de productivisme, rappelons que l'on peut concevoir des industries respectueuses de l'environnement quand le profit n'est pas le moteur et que l’intérêt général prime.
De plus si la France et l'Allemagne dépensent 11,2% de leur PIB pour la santé le pourcentage est trompeur puisque en fait le PIB n'est pas le même: l'Allemagne dépense donc 20% de plus que la France pour la santé. Ce qui fait que notre voisin  a 50% de lits d’hôpital en plus et le triple de lits de réanimation. La décision de supprimer des lits s'est heurtée à la pression de l'opinion populaire au niveau des Länder que les présidents n'ont pas osé affronter.
Et bien entendu l'Allemagne, ainsi armée, a donc mieux abordé la crise sanitaire que la France.
Un autre aspect structurel  qui nous a mis en situation limite c'est l'imposition à l'hôpital d'une logique capitaliste entrepreneuriale de management qui consistait à mettre la rentabilité comme axe de la politique de santé et faire des économies sur tout, introduire la concurrence, traiter l'hôpital comme un lieu dispensateur de prestations comme les autres.
Cela malgré, on l'a déjà souligné, les luttes des soignants depuis des années et particulièrement cette dernière année. Lutte qui avait le soutien de la population mais à laquelle les gouvernements des droites (UMP, PS, LREM) répondirent par le mépris et la violence d’État.
Pourtant les signes avant-coureurs des faiblesses structurelles existaient comme l'épidémie de bronchiolite l'a révélée sans que le régime macronien ne change d'un iota sa politique de casse du service public. Des dizaines d'enfants atteints furent expédiés hors de l’Île-de-France, parfois à plus de 200 km, par manque de lits et d’infirmières.
La gangrène entrepreneuriale a joué aussi dans le choix du flux contre le stock. Ainsi nous sommes-nous trouvés sans stocks de masques, par exemple, avec, pour aggraver les choses, un mensonge d'Etat délibéré sur le masque pour camoufler la pénurie qui était le résultat d'une politique qui met en avant la logique financière au détriment de la sécurité des citoyens et le bien commun. Des stocks stratégiques doivent impérativement être mis en place.
De la même façon il y a eut pénurie de médicaments (curare, morphine, anesthésiques...) puisque 80% des principes actifs contenus dans les médicaments sont fabriqués en Inde ou en Chine. Il est temps d'imposer à l'industrie pharmaceutique par la nationalisation ou tout autre moyen la priorité de santé contre la rentabilité capitaliste.
Dans cette optique de stock on peut aussi penser aux lits disponibles. Il faut des lits vides quand une épidémie éclate. Avoir des lits vides dans un hôtel est ennuyeux, dans un hôpital, c'est une nécessité.
Enfin il est grand temps de reconnaître l'utilité sociale dans la rémunération des soignants. Le salaire des infirmières arrive en queue de peloton des pays de l'OCDE : 28e rang sur 32 pays. La revalorisation des salaires et des carrières des soignants est une urgence nationale d’intérêt général. Car si l'hôpital a tenu face au coronavirus c'est grâce à une mobilisation hors norme des personnels de santé qui a impliqué de balayer les impératifs de rentabilité que Macron et les siens voulaient et veulent toujours, soyons en certains, imposer à l'hôpital public.
Un autre service public de la santé est à construire à partir de tout ce qui en a fait un des meilleurs du monde mais en brisant la logique capitaliste et bureaucratique qui l'accompagne, en développant une politique de prévention plus dynamique.

Antoine Manessis.

Pour plus d'information NBH vous propose la lecture des ouvrages d'André Grimaldi, Professeur émérite CHU, professeur d’Endocrinologie à la Pitié Salpêtrière, ancien chef du service de diabétologie. Il a publié L’Hôpital malade de la rentabilité (Edit Fayard 2009), il est coauteur du Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire publié en 2011 aux éditions Odile Jacob et publie, toujours chez Odile Jacob Santé:urgence (mai 2020).


28 ème sur 32 : c'est le rang - EN QUEUE DE PELOTON - des salaires des infirmières françaises  parmi les pays de l'OCDE. Les gens qui applaudissent et frappent sur des casseroles chaque soir pour manifester leur reconnaissance aux personnels soignants auraient été  mieux avisés de les soutenir lors de leurs mouvements revendicatifs pourtant parfaitement justifiés, leurs luttes revendicatives ont hélas souvent laissé de marbre ceux qui assistaient sans broncher au démantèlement des services publics.... Pourtant le danger que nos infirmières pressentaient n'était pas une fantaisie ou une vue de l'esprit....la preuve par la pénurie honteuse d'équipements indispensables pour affronter cette pandémie annoncée, et la gestion catastrophique qui s'en suivit et persiste encore aujourd'hui, conséquence  de la casse des services de santé par les gouvernements successifs, depuis Sarko, Hollande, et parachevés par Macron, dans l'indifférence générale. Comme si les conquêtes sociales étaient pour de nombreux Français - citoyens ? - des acquis définitifs inviolables, alors qu'il faut sans cesse les défendre contre l' appétit féroce du monde inhumain de la finance!
Conséquence: aujourd'hui, nous sommes muselés, fliqués, encadrés, infantilisés, délits d'opinion considérés comme crimes de lèse-majesté. Sans une opposition crédible pour nous soutenir, pour canaliser cette révolte sourde qui gronde, comme désarmés et abandonnés à la vindicte d'un pouvoir ultra autoritaire, - un autre mot plus vrai m'étrangle -  sans limites. Les merdias aux ordres du prince peuvent encore plagier Georges MARCHAIS: lui, au moins, aurait secoué le cocotier. Et la rue aurait résonné des cris de la colère du peuple aujourd'hui étouffée
Alors que le silence assourdissant d'une opposition honteusement absente confine un peu plus notre douleur
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