La Pravda : Le projet polonais “Intermarium” n’est pas oublié
Dans la figure de Iago, “le monstre aux yeux verts”, la Pologne comme
d’habitude est là pour inscrire le projet hitlérien à la Pilduski du
“go east” en soutien à la politique américaine. Celle-ci affirme
hautement se désengager de l’OTAN en Allemagne mais c’est pour mieux
assurer sa prise européenne en Pologne et en Ukraine en exaspérant la
russophobie de ces pays. Encore un fagot apporté à la joyeuse flambée
d’une guerre mondiale, en tous les cas à une augmentation des dépenses
militaires (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop).
La Pravda No 46 (30978) 16-17 juin 2020
Auteur: Tatyana AVERTCHENKO.
Le président de la République de Pologne, Andrzej Duda, a
déclaré ce printemps: «Le projet historique Intermarium* n’est pas
oublié. J’aimerais que nous devenions un tel centre d’expansion
américaine dans les Trois mers. » Et il a souligné qu’à cette fin,
plusieurs milliers de soldats de l’Alliance de l’Atlantique Nord seront
bientôt déployés dans le pays. »
Et VOILA que les médias nous annoncent: la première phase de la
construction d’un canal contournant les eaux territoriales de la Russie
sur le cordon littoral de la Baltique (presqu’île de la Vistule),
faisant partie du projet Intermarium, est terminée. TVP.Info cite le
Secrétaire d’Etat de Duda – Krzysztof Szczierski: «Nous devons restaurer
la souveraineté sur nos propres eaux territoriales, sur notre côte, qui
est en outre située dans une partie géopolitiquement sensible de
l’Europe, à la jonction entre le flanc oriental de l’OTAN et les voisins
de l’OTAN à l’Est» . Le responsable a indiqué que ce canal permettra à
la Pologne de renforcer sa position de leader parmi les républiques
baltes, la Biélorussie et l’Ukraine.
… Oui, les nationalistes polonais se bercent encore du rêve de voir
la mise en œuvre du projet bien connu «La Pologne d’un océan à l’autre»,
mis en avant au début du siècle dernier après la Première Guerre
mondiale par le chef du pays Jozef Pilsudski et soutenu par les États de
l’Entente. Son essence agressive était la suivante: restaurer la
Pologne à l’intérieur des frontières de 1772, apporter la soi-disant
liberté aux marges de la Russie et la transformer elle-même en pays de
second ordre. Il s’agissait de la conquête de territoires de la mer
Noire et de la mer Adriatique à la Baltique, de la création d’un
puissant État confédéré qui comprendrait la Pologne, l’Ukraine et la
Biélorussie, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, la Moldavie, la
Hongrie, la Roumanie et la Yougoslavie, une partie de la
Tchécoslovaquie, et aussi, si possible la Finlande. Il n’y a pas à dire,
ils ont un gros appétit !
Cependant, ils ne sont pas seuls à rêver, et certains non seulement
en Pologne, mais aussi en Occident imaginent la mise en œuvre d’au moins
une partie de ce projet. Par exemple, George Friedman, le chef de
l’agence de renseignement américaine Stratfor, a écrit il y a plusieurs
années: «Je vais étudier la théorie que Pilsudski a posée sur la table.
Ce projet bloque les Russes, les coupe des Allemands et limite doucement
l’empiètement de la Turquie sur l’Europe du Sud-Est. “Les Polonais
devraient être les dirigeants du bloc, et les Roumains – l’ancre sud.”
Les élections présidentielles en Pologne, prévues pour le 28 juin,
peuvent, selon les analystes, insuffler une nouvelle énergie aux
relations ukraino-polonaises. L’extrême droite de l’Ukraine
« indépendante » ne pouvait qu’approuver un tel projet. L’un des
dirigeants néonazis, Andrei Biletsky, a même créé un groupe de soutien
idoine. Il existe des informations sur la formation d’un réseau
d’organisations néonazies interdites en Fédération de Russie, qui
possède tous les attributs d’une structure paramilitaire souterraine du
futur “Intermarium”.
L’essentiel, bien sûr, est le plein soutien du projet par les
États-Unis d’Amérique. L’OTAN déplace le centre de gravité européen de
l’Europe occidentale (l’Allemagne et la France se sont récemment
distanciées des demandes de Washington, malgré sa pression politique et
économique brutale) vers l’Est. Et maintenant, comme l’écrivent les
experts, “l’extrémité européenne de l’axe transatlantique est fermement
ancrée sur la Pologne”. L’administration actuelle des États-Unis et de
Varsovie avait un désir persistant et mutuel: renforcer le flanc
oriental de l’OTAN. Afin de devenir un pilier fiable de l’alliance, le
ministère polonais de la Défense a approuvé en février un plan de
modernisation de l’armée du pays, qui lui coûtera 48,9 milliards de
dollars. Varsovie offre proactivement ses terres pour le déploiement de
bases militaires américaines, exprime sa volonté de payer d’énormes
sommes d’argent pour cela, et fait même campagne auprès d’autres États
pour qu’ils augmentent leurs contributions à l’OTAN. Il est clair que
les armes seront achetées aux États-Unis.
Ainsi, la phase initiale de construction du canal sur le cordon
littoral de la Baltique (Vistule) est terminée, nous parlons maintenant
de la construction des brise-lames nord, ouest et est, ainsi que de deux
ponts. Les cercles dirigeants de la Pologne sont pressés d’achever la
construction, ils sont impatients de réaliser ces objectifs ambitieux de
longue date: permettre aux navires polonais d’entrer librement dans les
ports de la baie, en contournant les eaux territoriales de la
Fédération de Russie. Varsovie est inspirée, selon les experts, par le
fait que les investissements européens afflueront dans le pays. En un
mot, le chef susmentionné de l’appareil présidentiel K. Shchersky
souligne: «Le canal s’inscrit dans les trois dimensions: économie
polonaise, emplois polonais, infrastructure polonaise; cohésion
régionale, importance régionale, subjectivité des régions et plan
européen de relance économique après la crise. »
Mais l’essentiel n’est pas dit: le projet Intermarium a été repris
par les stratèges américains et l’armée, et la Pologne est devenue un
agent fidèle de Washington.
*Intermarium (en polonais Międzymorze) appelé aussi Union Baltique-Mer Noire
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