Un tribunal de guerre soviétique : qu’est-ce que la justice internationale ?
JUSTICE INTERNATIONALE: je dois dire que la lecture
de ce texte et de ces événements dont j’ignorais tout m’a non seulement
stupéfaite mais révulsée, ce qu’ont accompli les Japonais en Asie semble
le disputer en horreur aux nazis eux-mêmes, cette entreprise de torture
“au nom de la science” est une abomination. Si les soviétiques ont créé
ce tribunal c’est parce que les Américains avaient décidé de “blanchir”
nombre de criminels de guerre pour ici comme ailleurs les enrôler dans
leur croisade anti-communiste. Une pièce au dossier de ceux qui
cherchent à minimiser la victoire des troupes soviétiques et qui osent
créer des identifications nauséabondes (note de Danielle Bleitrach).
KHABAROVSK, LE TRIBUNAL OUBLIE
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A l’issue de la deuxième guerre mondiale se mettent en place des
tribunaux spéciaux chargés de juger les dirigeants des pays dont les
agressions ont déclenché la guerre.
Le plus connu est le tribunal de Nuremberg devant lequel
comparaissent les dirigeants allemands ayant ouvert les hostilités le 01
Septembre jour où l’armée du III° Reich envahit la Pologne, le second,
déjà moins connu, est le Tribunal de Tokyo chargé de juger les
dirigeants japonais responsables de l’attaque des Etats-Unis à Pearl
Harbor le 7 décembre 1941.
Il a souvent été écrit que ces tribunaux mettaient en œuvre la
justice des vainqueurs. Cette vérité n’est qu’apparente puisque les pays
accusés dont les dirigeants seront condamnés sont effectivement les
vaincus mais ils ont avant d’être vaincus d’abord été les agresseurs et
les déclencheurs de la guerre : en Europe l’Allemagne, en Asie le Japon.
Ils avaient d’ailleurs lié leur destin en signant en 1936 le pacte
« Anti-Kominterm » c’est-à-dire anti soviétique.
Mais un troisième tribunal du même type a existé qui est presque totalement méconnu : le Tribunal de Khabarovsk.
Celui-ci va siéger du 25 au 31 décembre 1949 dans la principale ville
de l’Extrême-Orient soviétique : Khabarovsk. Pourquoi cette juridiction
tardive et pourquoi ce procès où les accusés sont tous des militaires
japonais alors que le Tribunal de Tokyo a rendu ses jugements un an plus
tôt ?
Tout simplement parce ce que le tribunal de Tokyo a, sur la demande
expresse des Etats-Unis exprimée dès la capitulation du Japon en
septembre 1945, écarté un des principaux criminels de guerre japonais,
le général Shiro Ishii, commandant de l’unité de guerre bactériologique
dite UNITE 731.
Cette unité a sévi en Chine à partir de l’invasion japonaise de 1937.
A son « palmarès » deux catégories de crimes majeurs :
– des actions de guerre bactériologiques sous forme de parachutages
sur des villes chinoises de puces porteuses de la peste et des
disséminations de divers germes : anthrax, variole, typhus, typhoïde qui
auraient fait entre 300 000 et 400 000 morts civils principalement.
L’attaque biologique la plus connue est celle de la ville chinoise de
Changde dans la province du Hunan. Elle a eu lieu pendant une bataille
ayant opposé pendant les mois de novembre et décembre 1943 les armées de
la Chine et du Japon impérial. Dans cette bataille L’armée japonaise a
également utilisé des gaz de combat. Des recherches récentes menées par
des chercheurs chinois ont montré que des petits groupes de l’UNITE 731
avaient également sévi en différents lieux pendant la guerre du
Pacifique comme les Philippines. Le bilan complet des crimes de l’UNITE
731 reste donc encore à faire.
– des expériences à une échelle industrielle sur des prisonniers
vivants chinois, russes, étasuniens tout ceci effectué dans un vaste
camp installé dans la colonie japonaise du Mandchoukouo à Pingfan à
proximité de la ville chinoise d’Harbin. Ce camp d’où aucun prisonnier
n’est sorti vivant est du même niveau de barbarie qu’Auschwitz.
Les accusés au procès de Khabarovsk sont, à défaut de Shiro Ishii et
de nombreux cadres de l’unité des militaires japonais capturés par
l’armée soviétique au moment de son attaque – entamée le 8 Aout 1945 –
de la Mandchourie japonaise. Les documents récupérés par l’armée
soviétique dans les installations de l’UNITE 731 sont accablants et tous
les inculpés qui reconnaissent les faits sont condamnés à des peines
s’étageant entre 6 et 25 ans. En pratique ils seront, à l’instar de tous
les prisonniers de guerre japonais détenus en URSS, tous libérés en
1956. Shiro Ishii qui a été protégé et a échappé au procès des criminels
de guerre de Tokyo bien que le procureur ait demandé aux Etats-Unis des
documents sur l’UNITE 731 qui ne lui ont jamais été fournis. Il vit
tranquillement au Japon. Il ne sera pas inquiété par le tribunal de
Khabarovsk puisqu’il n’est pas aux mains de l’URSS qui a compris qu’il
ne lui serait pas livré et doit se contenter de condamner ceux de ses
collaborateurs qu’elle a pu faire prisonniers.
Shiro Ishii a donc été aussi bien traité par les Etats-Unis que
l’empereur du Japon lui-même. Mais pour des raisons différentes : les
documents sur les travaux de l’UNITE 731 saisis au Japon même par
l’armée étasunienne ont en effet été remis au laboratoire d’étude et de
fabrication des armes bactériologiques ouvert par les Etats-Unis en 1941
à Fort Detrick (Maryland) et qui n’a jamais cessé son activité.
Curieusement il a fait l’objet d’une fermeture administrative au mois
d’aout 2019 en raison de « fuites » sur lesquelles aucune explication
publique n’a été fournie. Il faut bien comprendre qu’une « fuite » dans
un laboratoire de très haute sécurité de ce type qui manipule des
produits très dangereux n’est pas une fuite d’eau. Son activité a repris
après le début de la pandémie COVID 19.
Les jugements du procès de Khabarovsk étaient très solidement fondés
et ne pouvaient être contestés. En cette période de lancement de la
guerre froide la seule solution pour l’Occident était d’étouffer
l’affaire et quand elle était, très rarement, évoquée, de riposter sur
le mode anti communiste en usage à l’époque : « En URSS tous les procès
sont truqués » et le débat était clos. Il l’est resté longtemps.
L’ensemble de la documentation sur ces crimes de guerre a fini par
être rassemblé par l’administration étasunienne à partir de la fin des
années 90 (https://ahrp.org/conspiracy-of-denial-complicity-of-u-s-government-in-japans-fabricated-history-decades-of-willful-national-amnesia/).
Des chercheurs japonais soutenus par un mouvement d’opinion réclamant
l’expiation officielle de ces crimes avaient ouvert la voie. Dans son
gros livre consacré à la bataille de Nomahan (ou Khalkin Gol) « Nomahan
–Japan against Russia 1939 » (Stanford University Press 2015) Alvin D.
Coox -– ne reconnait pas l’usage d’armes biologiques et
bactériologiques par l’armée japonaise mais concède dans note 38 page
1167 que des chercheurs japonais « de gauche » en font état.
Bien que l’historiographie occidentale évite de classer l’empire
japonais parmi les régimes fascistes, cet épisode montre bien qu’il y
avait toute sa place car les « buches », voir le texte qui suit, ont
toute leur place dans la catégorie des « UNTERMENSCHEN » (sous hommes)
chère aux nazis mais que plus encore que dans le cas de l’Allemagne
nazie les Etats—Unis ont décidé de limiter « l’épuration » au strict
minimum. Encore aujourd’hui sous occupation militaire étasunienne le
Japon s’est rapidement reconstruit, est rentré dés 1964 dans l’OCDE, a
été admis dans la commission Trilatérale en 1974. Il est partenaire de
l’OTAN depuis les années 90 et ses forces armées très modernes
participent régulièrement aux manœuvres navales de l’OTAN.
Pour le capitalisme occidental le fascisme n’est qu’un désordre
passager dans la famille même si le rappel à l’ordre est brutal. Le seul
adversaire c’est le communisme.
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UN TEXTE ECLAIRANT
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Docteurs de la dépravation
Par CHRISTOPHER HUDSON*
Dernière mise à jour à 23:50 2 mars 2007
(Traduction COMAGUER)
Après plus de 60 ans de silence, le secret le plus durable et le plus horrible de la Seconde Guerre mondiale est dévoilé à la lumière du jour. Un par un, les participants, aux cheveux blancs et aux manières douces, font la queue pour raconter leurs histoires terribles avant de mourir. Akira Makino est un veuf frêle vivant près d’Osaka au Japon. Sa seule habitude inhabituelle est de visiter régulièrement une petite ville obscure du sud des Philippines, où il donne des vêtements à des enfants pauvres et a érigé des monuments aux morts. M.Makino y était stationné pendant la guerre. Ce qu’il n’a jamais dit à personne, y compris à sa femme, c’est qu’au cours des quatre mois qui ont précédé la défaite du Japon en mars 1945, il a disséqué dix prisonniers de guerre philippins, dont deux adolescentes. Il a coupé leurs foies, leurs reins et leurs utérus alors qu’ils étaient encore en vie. Ce n’est que lorsqu’il a ouvert leurs cœurs qu’ils ont finalement péri.
Ces actes barbares étaient, a-t-il dit cette semaine,
“éducatifs”, pour améliorer ses connaissances en anatomie. “Nous avons
prélevé certains organes et amputé des jambes et des bras. Deux des
victimes étaient des jeunes femmes de 18 ou 19 ans. J’hésite à le dire
mais nous avons ouvert leur utérus pour montrer aux jeunes soldats. Ils
connaissaient très peu les femmes – c’était de l’éducation sexuelle. “
Pourquoi l’a-t’il fait? “C’était l’ordre de l’empereur, et
l’empereur était un dieu. Je n’avais pas le choix. Si j’avais désobéi,
j’aurais été tué.” Mais les vivisections étaient aussi une vengeance
contre “l’ennemi” – des tribus philippines que les Japonais
soupçonnaient d’espionner pour les Américains. Les prisonniers de M.
Makino semblent avoir été plus chanceux que certains: il les a
anesthésiés avant de les couper. Mais le département du gouvernement
secret qui a organisé de telles expériences dans la Chine occupée par le
Japon a pris plaisir à expérimenter sur leurs sujets alors qu’ils
étaient encore en vie. Un vieux fermier japonais jovial qui pendant la
guerre avait été assistant médical dans une unité de l’armée japonaise
en Chine a récemment décrit à un journaliste américain ce que c’était
que de disséquer un prisonnier chinois encore en vie.
En mangeant des gâteaux de riz, il se souvient: “Le gars savait
que c’était fini pour lui, et donc il n’a pas eu de mal quand ils l’ont
conduit dans la pièce et l’ont attaché. Mais quand j’ai ramassé le
scalpel, c’est alors qu’il a commencé à crier. Je l’ai ouvert de la
poitrine à l’estomac et il a crié terriblement, et son visage était
tordu d’agonie. “Il a fait ce son inimaginable, il criait si
horriblement. Mais finalement, il s’est arrêté. “Tout cela faisait
partie d’une journée de travail pour les chirurgiens, mais cela m’a
vraiment laissé une impression car c’était ma première fois.” L’homme
n’a pas pu être mis sous sédation, a ajouté le fermier, car cela aurait
pu fausser l’expérience. L’endroit où ces atrocités ont eu lieu était
une unité secrète d’expérimentation médicale de l’armée impériale
japonaise. Il était officiellement connu sous le nom de Bureau
antiépidémique d’approvisionnement en eau et de purification – mais tous
les Japonais qui y travaillaient le connaissaient simplement sous le
nom d’unité 731.
Il avait été créé comme unité de guerre biologique en 1936 par un
médecin et officier de l’armée, Shiro Ishii. Diplômé de l’Université
impériale de Kyoto, Ishii avait été attiré par la guerre contre les
germes par le Protocole de Genève de 1925 interdisant les armes
biologiques. S’ils devaient être interdits en vertu du droit
international, a expliqué Ishii, ils doivent être extrêmement puissants.
Ishii a prospéré sous le patronage du ministre japonais de l’armée. Il a
inventé un filtre à eau qui était utilisé par l’armée et aurait
démontré son efficacité à l’empereur Hirohito en urinant dedans et en
offrant les résultats à l’empereur à boire. Hirohito a refusé, alors
Ishii l’a bu lui-même. Un coureur de jupons courageux qui pouvait se
permettre de fréquenter les maisons de geisha haut de gamme de Tokyo,
Ishii est resté assidu dans la promotion de la cause de la guerre des
germes. Sa chance est venue lorsque les Japonais ont envahi la
Mandchourie, la région de l’est de la Chine la plus proche du Japon, et
l’ont transformée en un État fantoche.
Compte tenu du budget important accordé par Tokyo, Ishii a rasé
huit villages pour construire un énorme complexe – plus de 150 bâtiments
sur quatre miles carrés – à Pingfan près de Harbin, une partie isolée
et désolée de la péninsule mandchoue. Complet avec un aérodrome, une
ligne de chemin de fer, des casernes, des donjons, des laboratoires, des
salles d’opération, des crématoires, un cinéma, un bar et un temple
shintoïste, il rivalisait pour la taille du tristement célèbre camp
d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau.
Le nombre de prisonniers était plus faible. De 1936 à 1942, entre
3 000 et 12 000 hommes, femmes et enfants ont été assassinés dans
l’unité 731. Mais les atrocités qui y ont été commises étaient
physiquement pires que dans les camps d’extermination nazis. Leurs
souffrances ont duré beaucoup plus longtemps – et aucun prisonnier n’a
survécu. À l’unité 731, Ishii a rendu sa mission limpide. “La mission
donnée par un médecin à Dieu est de bloquer et de traiter la maladie”,
a-t-il déclaré à son personnel, “mais le travail sur lequel nous devons
maintenant nous engager est à l’opposé de ces principes.” La stratégie
consistait à développer des armes biologiques qui aideraient l’armée
japonaise à envahir le sud-est de la Chine vers Pékin. Il y avait au
moins sept autres unités parsemées dans la zone d’occupation japonaise
Il y avait au moins sept autres unités disséminées dans l’Asie
occupée par le Japon, mais elles étaient toutes placées sous le
commandement d’Ishii. L’un a étudié les fléaux; un autre dirigeait une
usine de bactéries; un autre a mené des expériences de privation humaine
de nourriture et d’eau et de typhus d’origine hydrique. Une autre usine
au Japon a produit des armes chimiques pour l’armée. Les bactéries:
typhoïde, choléra et dysenterie ont été cultivées pour être utilisées
sur le champ de bataille.
La plupart de ces installations ont été combinées à l’unité 731
afin qu’Ishii puisse jouer avec sa boîte d’horreurs. Sa parole était la
loi. Quand il a voulu expérimenter un cerveau humain, les gardes ont
attrapé un prisonnier et l’ont retenu pendant que l’un d’eux ouvrait son
crâne avec une hache. Le cerveau a été prélevé et transporté au
laboratoire d’Ishii. Les êtres humains utilisés pour les expériences
étaient surnommés “maruta” ou “bûches” parce que l’histoire de
couverture donnée aux autorités locales était que l’unité 731 était une
scierie. Les grumes étaient une matière inerte, une forme de vie
végétale, et c’est ainsi que les Japonais considéraient les “bandits”,
“criminels” et “suspects” chinois ramenés de la campagne environnante.
Blog de Danielle Bleitrach
"Texte éclairant" à lire bien sûr et à diffuser sans modération
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