Covid19 : pourquoi zéro mort au Vietnam ?
La
réaction des autorités politiques et sanitaires vietnamiennes devant la
menace venue du géant voisin fut rapide, vigoureuse, systématique.
L’annonce par l‘Organisation mondiale de la santé de l’émergence de la
maladie date du 10 janvier 2020. Or, dès le 11 janvier – le jour où le
gouvernement chinois annonce son premier mort de la maladie -, le
gouvernement vietnamien organise une surveillance rigoureuse de ses
frontières. Tous les passagers des aéroports internationaux sont soumis à
une recherche de suspicion de la Covid-19 et ceux provenant de régions à
haut risque sont soumis à une quarantaine obligatoire et conduits
directement en bus à la sortie de l’avion dans des centres isolés. Cette
surveillance des frontières restera très stricte en février et mars,
avec des fermetures de lignes aériennes en provenance des régions à
risques et quarantaines pour toutes les arrivées, sans s’arrêter aux
conséquences économiques en particulier sur le tourisme dont le rôle est
pourtant croissant dans les revenus des populations vietnamiennes.
Tests massifs
Dès
le 15 janvier, le ministère de la santé décide d’une stratégie de
lutte, en coopération avec l’OMS. Un comité scientifique de prévention
de l’épidémie est constitué. L’une des premières mesures sera la
fermeture des écoles. Les mesures de confinement local sont décidées sur
la base des tests : le premier confinement est décidé à la mi-février
pour 20 jours et concerne une population rurale de 10 000 habitants
après la détection de 7 cas. En avril, les trois premières semaines
voient un confinement national décidé par le gouvernement.
La
stratégie suivie est fondée sur des tests massifs, dès que le pays en a
réuni les moyens. Dès la fin avril, le Vietnam peut tester 27 000
personnes par jour et environ 1000 personnes sont testées pour chaque
cas détecté. Un taux plus élevé que des pays comme la Nouvelle-Zélande.
Les personnes mises en quarantaine sont testées en début et fin, les
populations jugées à risques sont massivement testées.
Traçage systématique
Le
traçage de tous les contacts des personnes détectées positives est
systématisé à l’aide de 63 centres provinciaux, 700 centres de districts
et 11.000 dispensaires de santé. Les médias informent les populations
où des personnes ont été détectées positives afin qu’elles se présentent
aux centres de tests. L’objectif est de tester, à partir de chaque cas
confirmé – et donc mis en quarantaine et non renvoyés chez eux comme en
France – les contacts des contacts des contacts de cette personne (trois
degrés de proximité).
La
mobilisation des populations dans une action présentée comme une «
guerre contre le virus » se fait par des moyens de communication de
toutes sortes : journaux, télévision, radio, internet… Une vidéo et une
chanson en vietnamien expliquant le mode de propagation du virus et les
gestes barrières a été vue plus de 53 millions de fois…
La
précocité, la rapidité, la vigueur et la rigueur de la réaction
gouvernementale, ainsi que l’efficacité des mesures prises avec une
population participante, ont permis au pays de bloquer la propagation du
virus. De sorte que le coût économique de la crise sanitaire est resté
plutôt bas si l’on compare aux pays d’Europe de l’ouest par exemple, car
la période de confinement a pu rester limitée.
Sylvestre Huet
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