jeudi 23 juillet 2020

De la Russie dans la France profonde.

Publié le par Boyer Jakline Blog Bordeaux/Moscou
Le cadeau des voyages et des rencontres inattendues. 
Dans la France profonde où je suis venue passer quelques jours chez des amis,  une rencontre riche avec un créateur qui a vécu à Moscou et à  Donetsk, avant la  catastrophe,  c'est à dire  Maidan,  la guerre,  Odessa.
Nos regards se croisent.  Une connaissance de la vraie vie là bas. A Donetsk, il avait posé ses valises et ouvert son atelier. 
Il est exaspéré,  comme je le suis souvent, par les discours monochromes répandus ici. Ce qui a motivé  la création de ce blog. 
Depuis,  il ne va plus dans le Donbass. À  Kiev aussi  il avait acquis une certaine  notoriété, de nombreux passages à la télévision, sa démarche intéressait.  Avant 2014.
1-  La guerre. 
Oui, elle  continue même si elle  n'intéresse plus personne ici.
De l'aéroport de Donetsk à la ville,  il y a  20 km d'une route à 4 voies. Les hélicoptères ont craché leurs missiles  tout le long. La route était jonchée de  cadavres.  
Il raconte  et il les voient  encore. 
2- les journalistes 
Je devrais écrire  des journalistes,  par respect pour ceux qui continuent à honorer cette profession,  bien qu'ils soient moins nombreux que ceux  qui la déshonorent dans  les  "grands " médias. 
"je me suis fait plein de fric  en enjambant des cadavres" raconte, goguenard,  un journaliste français. 
3- Odessa.
2 mai 2015. J'ai raconté ce massacre dans le blog.  J'étais à Moscou  et nous étions en état de choc en voyant les images en quasi direct que diffusait la télévision. 
Lui aussi a été profondément choqué : comment peut on si rapidement attiser des haines dans une population. 
Remarque personnelle : le pouvoir de Kiev y travaille  scrupuleusement. Réécriture de l'histoire, interdiction  de la langue russe, holodomor,  culte de Bandera et des nationalistes ukrainiens  compromis avec Hitler...
Il a assisté au  défilé aux flambeaux  des néonazis dans le centre  de Kiev sur fond de Carmina Burana. "J'en ai des frissons rien qu'à le raconter "...
1er janvier 2015, et c'est une tradition désormais.

4- La Russie de Poutine. 
Il y a vécu et travaillé un an.
Incompréhension totale  entretenue chez nous  de ce qu'est ce pays et ce que sont ces gens. Ce sont des gens  de grande culture et très soucieux  de leur indépendance.  Très attachés à leur histoire, leurs racines. Ils en sont fiers. 
La religion omniprésente permet la cohésion. Sur ce point nos points de vue  se séparent.  Oui, la religion est très  présente,  joue un rôle très politique auprès de Vladimir Poutine, ce que pense aussi mon interlocuteur.  Et qu'il approuve. 
Il y a plutôt un sentiment religieux  diffus que j'analyse comme une réminiscence du paganisme animiste culturel,  très fort toujours, encouragé par  les tremblements sociaux, "quand le ciel vous tombe sur la tête".  Ainsi les expressions invoquant dieu sont omniprésentes. Dieu m'en garde, Dieu m'en préserve, grâce à Dieu, etc... etc...
Mon interlocuteur donne une analyse pertinente pour expliquer la très grande impopularité  de Vladimir Poutine en Occident, parmi  les élites et  les éditorialistes à leur solde : la Russie  n'a pas  de dettes.  Elle ne crache pas au bassinet des grandes banques...De ce point  de vue, incontournable dans ce capitalisme financier, elle est indépendante. C'est le diable. 

J'ai volontairement intitulé ces remarques  " la  Russie de Poutine " car c'est la première réaction qui m'est opposée quand j'évoque mon lien avec la Russie.  Sur tous les tons, inquiet,  ironique,  cynique... "Tu es pro-Poutine?" Je peux ainsi  mesurer l'ampleur et la force du conditionnement  à  l'oeuvre. 
Nous nous sommes séparés,  heureux de ce moment inattendu. Finalement pas si rare. Mon intérêt pour la Russie  suscite de bien belles rencontres. 

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