lundi 24 août 2020

Monde

Pour sauver des emplois, le président du plus grand syndicat allemand réclame la semaine de 4 jours

Dans un entretien accordé au Süddeutsche Zeitung publié ce 16 août, Jörg Hofmann, président d'IG-Metall qui représente notamment les ouvriers de l'industrie métallurgique, propose de baisser le temps de travail pour éviter les licenciements.
Pas sûr que les habituels thuriféraires du "modèle allemand" ne fassent beaucoup de publicité à cette proposition. Mais c'est bien d'outre-Rhin qu'émane un projet social audacieux : passer à la semaine de 4 jours afin de limiter les dégâts sociaux de la crise économique née de la pandémie de coronavirus. L'idée vient d'être lancée par Jörg Hofmann, qui préside IG-Metall : cette puissante centrale syndicale, la plus grande d'Europe, représente les ouvriers de l'industrie métallurgique, du textile et de l'habillement, du bois et du plastique. Elle compte 2,3 millions d'adhérents, et ses propositions servent souvent de base aux négociations entre les syndicats de salariés et le patronat.
Dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung, Hofmann se réjouit de la stabilité économique de son pays, mais relève que 300.000 emplois seraient menacés par les retombées de la crise économique dans l'industrie métallurgique et électrique allemande. Après avoir réclamé une extension de l'allocation de chômage partiel de 21 à 24 mois, le chef d'IG-Metall met au débat une proposition : "Fixer le passage à une semaine de quatre jours comme option pour les entreprises lors de la prochaine négociation tarifaire", une mesure qu'il juge à même "d'amortir la récession" et d'apporter "la réponse aux changements structurels dans des secteurs tels que l'industrie automobile", afin d'éviter des licenciements et de fournir "un bon travail pour tous". Hofmann réclame également "une certaine compensation salariale", afin que la baisse du temps de travail ne s'accompagne pas pour les employés d'une brutale chute de revenus et que ceux-ci puissent "utiliser ce temps libre pour la formation professionnelle".

Un "large consensus"

En 2018, IG-Metall avait engagé une série de grèves importantes et était parvenu à un accord permettant aux salariés de la métallurgie de travailler 28 heures par semaine pendant deux ans. Jörg Hofmann estime toutefois que sa proposition est susceptible de rencontrer l'assentiment des patrons allemands : "Chaque fois que j'évoque l'idée d'une semaine de quatre jours, cela rencontre un large consensus", déclare-t-il, évoquant que les employeurs peuvent éviter la variation des coûts salariaux, augmenter la productivité, de conserver les savoir-faire et d'économiser les coûts d'un plan social.
Cette déclaration a d'autant plus d'écho que le rôle des syndicats en Allemagne est bien plus central qu'en France. Le taux de syndicalisation est de 20% chez nos voisins germaniques, deux fois plus que dans l'Hexagone. Surtout, les syndicats de salariés disposent d'un rôle institutionnel important, négociant en amont avec leurs homologues patronaux les règles économiques et sociales branche par branche et disposant d'une grande autonomie à l'égard de l'État

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