mardi 25 août 2020

Pour une plate-forme électorale

 résolument sociale

Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Élections, #Qu’est-ce que la "gauche", #Economie, #GQ
Imaginons une plate-forme électorale populaire qui pourrait gagner en France en 2022 !
C’est le moment de proposer un programme résolument social : les traitements successifs de la crise des subprime en 2008 et de la crise du Covid 19 en 2020, par l’émission de quantités folles de monnaie montrent que la marge de manœuvre est politique et non économique : on peut imprimer de la monnaie pour embaucher des fonctionnaires, réaliser des grands travaux, financer la santé et l’éducation, nationaliser des entreprises, plutôt que renflouer des banques, construire des armes et nourrir la spéculation.
On ne peut sans doute pas le faire indéfiniment, mais on peut le faire pendant beaucoup plus longtemps que l’on croyait, et si une part substantielle de cet argent est utilisé pour relocaliser l’industrie et l’agriculture en France, il se transformera rapidement en richesse réelle.
a) Rendre du pouvoir d’achat aux masses en commençant par les plus pauvres et précarisés :
- Baisser significativement (50%) la TVA et la TIPP et supprimer la CSG
- Rétablir la prise en charge et le remboursement de la sécu à 100 %
- Revaloriser les retraites par retour à la situation d’avant 1993 : 150 trimestres et 60 ans pour le taux plein, pour le public et le privé
- Revaloriser résolument les allocations familiales, dès le premier enfant
- Relever la valeur du point de la fonction publique de 16 % (montant de pouvoir d’achat perdu en 20 ans) et consolidation du statut de la fonction publique
- Relever les minimas sociaux nets, notamment le SMIC, du même taux
- Relever tous les salaires nets de 16 % du niveau du salaire médian, soit de 300 euros par mois
- Développer les prestations gratuites des services publics : transports, communications, énergie (créer un droit à l’énergie par la facturation d’une première tranche de consommation gratuite), nationalisation et gratuité des autoroutes
- Revaloriser les APL et à plus long terme, relancer le programme de construction dans l’habitat social.
- Créer un salaire pour les étudiants et pour les jeunes en formation professionnelle (tous niveaux) assorti à des obligations d’assiduité.
- Assurance chômage et droit du travail, retour au statu quo ante des contre-réformes (situation de 1986)
b) Réforme économique et fiscale pour mener à bien cette politique résolument sociale :
- Opérer un transfert de l’impôt des taxes indirectes vers l’IR (augmenter le nombre de tranches), l’ISF rétabli, l’impôt sur les sociétés, les droits de mutation et de succession, etc.
- Augmentation des cotisations sociales, obtenue par une revalorisation du salaire brut supérieure à celle du salaire net. Revalorisation du salaire total (salaire net + cotisations salariales + cotisations patronales) et introduction des cotisations patronales dans le salaire brut, suppression des allègements de charge. Revalorisation annuelle du salaire total pour équilibrer automatiquement les comptes de la sécu (santé, retraite et famille). Suspension de tous les licenciements économiques pour deux ans, durée estimative de la mise en place de la réforme.
- Lancer un grand plan de développement des services publics, avec le retour au monopole public de la Poste, des télécoms, de la SNCF, et la nationalisation des banques, de l’énergie.
- Embauches et investissements significatifs dans les services publics et dans la fonction publique : transports, santé, éducation, recherche , par augmentation des effectifs de 10 %
- Développer résolument l’offre de transports collectifs, urbains, locaux et régionaux gratuits (chemins de fer et autocars), accessibles à tous.
- Réindustrialisation du territoire, protection du marché par des normes strictes de qualité, sociales et environnementales, promotion et détaxe pour les produits fabriqués en France
- Aides aux artisans, aux commerçants et aux PME pour revitaliser les centres urbains, et aux agriculteurs de montagne et des zones en désertification
c) Pour avoir les moyens politiques de la politique économique et sociale :
- Nationalisation des banques, de l’énergie, des télécoms, des transports et des grands groupes industriels stratégiques.
- Retour de la souveraineté monétaire, de la souveraineté économique : abolition des directives européennes imposant les privatisations et le contrôle budgétaire
d) Sur les questions de police et de justice :
- Rétablissement de la police de proximité abolie par Sarkozy
- Revalorisation des services publics de la justice et de la police
- Lutte résolue contre les incivilités, le vandalisme, la violence urbaine, le travail non déclaré, et la fraude fiscale.
e) Sur les institutions :
- Supprimer les régions et reporter leurs compétences sur les départements, revitaliser l’échelon communal, subdiviser les communes pour créer une cellule territoriale de base autogérée
f) sur la politique internationale
- Souveraineté militaire : retrait de l’OTAN
- Retrait des troupes française d’Afrique
- Reconnaissance de la Palestine
- Abolition de toutes les sanctions contre des pays étrangers et leurs ressortissants et refus de l’ingérence dans la politique intérieure des États étrangers
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g) culture et communication
- Mettre en vigueur une législation contre la concentration et la mainmise financière dans les médias. Renationalisation des chaînes de télévision historiques : TF1, M6.
- Relancer une action culturelle à destination du public populaire
- Réévaluer les aides et les subventions destinées à l’art contemporain et définir des critères précis pour les attribuer
h) Contre le consumérisme, modifier les mentalités :
- Limitation drastique des espaces publicitaires autorisés, du sponsoring, du mécénat privé, suppression de la publicité sur les médias publics et interdiction de l’usage de l’image des enfants dans la pub.
- Limitation des soldes, des crédits à consommation, suppression des crédits renouvelables « revolving »
g) Ce programme ne doit pas contenir de propositions sociétales pour éviter le rejet des classes populaires ou leur division
Explication de ce point : je crois que laisser le "sociétal" à qui voudra le prendre permet de remettre les questions sociales au premier plan pour créer une plateforme qui serait fédératrice et populaire chez les ouvriers et les précarisés qui sont invisibilisés dans les débats idéologisés et hystérisés qui accaparent l’espace public, et qui aurait aussi beaucoup d’attraits pour les salariés à revenus moyens.
Je pense que le "sociétal" sous tous ses aspects dits « de gauche » (écologisme, genre, antiracisme, migrations, communautarisme, laïcité, animalisme, etc.) intéresse réellement 10% de ceux qui votent, ceux qui se disent encore "de gauche" dans les enquêtes d’opinion, et qu’il provoque un puissant rejet dans le reste de la société, y compris chez les femmes, les homosexuels, les immigrés, et les personnes préoccupées par l’écologie rationnelle.
Se retirer volontairement du terrain sociétal ne signifie évidemment pas faire du sociétal à l’envers, du registre des extrêmes-droites idéologiques. Les notions sociétales marquées à droite, comme le conservatisme culturel, l’identité nationale ou la demande d’ordre moral paraissent encore plus marginales que les autres dans les préoccupations des masses.
Pour résumé, ce qui nous intéresse, c’est l’emploi, le pouvoir d’achat, l’égalité réelle et la paix.
Gilles Questiaux, 20 août 2020, compte tenu des observations (parfois sceptiques !) d’El Diablo, Antoine Mannessis, Jean Lévy, Pasquale Noizet
23 août 2020

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