mercredi 26 août 2020

Washington Post : le rapprochement avec l’Occident n’intéresse pas les Biélorusses
par Alexandre Lemoine

mercredi 26 août 2020, par Comité Valmy

Washington Post : le rapprochement avec l’Occident n’intéresse pas les Biélorusses

Les manifestations qui ont commencé en Biélorussie après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, donnant Alexandre Loukachenko vainqueur, ne cessent pas à ce jour. Certains le comparent au maïdan qui s’est produit en Ukraine en 2014. Mais il y a peu de points communs. Cela reconnaît même le quotidien américain Washington Post.
Ce journal indique que si les Ukrainiens exigeaient le rapprochement avec l’Occident et la rupture des relations avec la Russie, les Biélorusses manifestent pour d’autres raisons et ne veulent pas vraiment changer la politique étrangère du pays.

Entre l’Occident et la Russie

Les spécialistes du WP ont mené un sondage qui a montré les sentiments des Biélorusses. Il a été demandé aux habitants locaux d’indiquer où se trouverait leur pays sur une échelle énumérée où l’Occident représente 0 et la Russie – 10. Les résultats ne sont pas rassurants pour les États-Unis et l’Europe. Aux yeux des habitants locaux leur pays se trouve à 7, c’est-à-dire bien plus près de Moscou que de Bruxelles. "Dans l’ensemble, début 2020, les Biélorusses étaient satisfaits que leur pays adopte une position géopolitique légèrement prorusse", écrit le WP.
Par conséquent, les rassemblements actuels ne sont pas liés à la ligne générale du pays. Les habitants de la Biélorussie sont davantage préoccupés par l’inflation, les salaires bas et le chômage que par la position prorusse de leur dirigeant.

Le maïdan n’inspire pas les manifestants

Plus tôt, Alexandre Loukachenko avait déjà accusé ses adversaires et les manifestants d’être des agents de superviseurs étrangers, en comparant la situation au maïdan en Ukraine. Toutefois, rien ne permet encore de confirmer cette théorie. Or en 2014, en Ukraine venaient sans se cacher pour soutenir les manifestants la conseillère du secrétaire d’État américain pour l’Europe Victoria Nuland, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et d’autres personnalités étrangères. Ce qui n’est pas le cas en Biélorussie.
De plus, selon le sondage du quotidien américain, près de deux tiers des Biélorusses pensent que le coup d’État en Ukraine en 2014 était une erreur et a détérioré la situation dans le pays voisin.
"Les protestations sur le Maïdan en 2014 ayant un penchant clairement prooccidental ne sont pas devenues une source d’inspiration pour les Biélorusses", conclut le WP.
En conséquence, les manifestations à Minsk sont purement politiques. Le rapprochement avec l’Occident n’intéresse pas les Biélorusses. Ils sont satisfaits par le maintien des liens culturels étroits de leur pays avec la Russie, tout en restant ouvert aux relations avec l’Occident. Toutefois, le fait que les manifestants ne veulent pas changer la politique étrangère ne signifie pas qu’elle sera maintenue sous sa forme actuelle avec un nouveau dirigeant.
Alexandre Lemoine
25 août 2020

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