Pourquoi Vilnius...
Auprès de l'opposition au pouvoir biélorusse en place.
On se souvient qu'au début de la crise politique, Macron avait proposé ses services à Loukachenko pour engager le dialogue avec les manifestants. Loukachenko avait répliqué vertement et non sans humour, qu'il pouvait, lui, l'aider pour engager le dialogue avec les Gilets jaunes... Il a réitéré hier, en déclarant que le président français aurait dû s’appliquer à lui-même ses conseils et démissionner face aux Gilets Jaunes.
Obstiné, jouant la carte des "gagnants" de la mondialisation, voilà le président français parti pour la Biélorussie, à Minsk ? à Varsovie? à Riga où se trouve entre deux voyages diplomatiques Tikhanovskaya ? Finalement, c'est Vilnius
Avec le même succès qu'au Liban ? Cet interventionnisme à tout-va dans des pays en crise devient carrément obscène quand le sort des Gilets Jaunes est à ce point nié. 400 sont encore en prison, des centaines de vie brisées. Le Figaro publie le 29 septembre l’analyse d’Amnesty International.
La " démocratie" française, bien pensée en 1958 puis 1962 autour de sa Constitution, permet à un homme qui a recueilli 18% des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle, sur son programme donc, de jouir quasiment des pleins-pouvoirs à la tête de l'état. Loukachenko en rêverait...
Voilà les propos qu'il a tenus sur les manifestants en Biélorussie. Publié par le Figaro.
Repris et souligné avec colère sur un site proche des Gilets Jaunes.
Les manifestants de Minsk sont proches des manifestants de Hong-Kong quant aux revendications : sorte de rêve américain fantasmé. Au moment où se rêve est en train de s'effondrer en Amérique même et dans sa petite soeur l'Union Européenne, si injuste et cruelle pour des millions de personnes.
C'est au sein de ces pays un vrai choc des cultures, la "néo libérale" "les valeurs", comme ils disent, je n'en peux plus d'entendre ces mots qui autorisent l'écrasement des plus faibles. La réaction des pouvoirs est-elle juste ? C'est une autre question. Mais en allant à Minsk soutenir l'opposition, Macron soutient ceux qui ont la même vision de l'ordre mondial que lui. Au moins parmi les animateurs du mouvement, très téléguidés de la Pologne(1) des Pays Baltes tout proches. Ce qui ne veut pas dire que certaines de ces revendications ne soient pas justifiées. Mais à l’échelle de pays ce sont deux mondes qui s’affrontent. Lutte des classes ? Choisir son camp.
Ce que je souhaite mettre en évidence, c'est qu'il y a rue et rue. Les Gilets Jaunes, sortis des milieux les plus en difficulté de notre société sont proches sociologiquement des soutiens à Loukachenko en Biélorussie. Oui, il y en a, et oui, ils manifestent... Mais chut !
Voyez l'analyse publiée dans le journal de PC portugais. La même analyse que les PC espagnol et allemand. Au fait, le PC français ?
Les soutiens au président, ce sont les ouvriers des entreprises nationales, non privatisées, qui aiguisent les appétits des oligarques européens et russes, les fonctionnaires de la santé, de l'éducation, les retraités, les miltaires. Se souvenir que la Biélorussie fut appelée "la République des partisans" à l'issue de la guerre. Aux avant-postes, elle s'est battue comme une lionne, a payé un très lourd tribur. 80% de son territoire dévasté, des millions de morts.
Ceci dit, je ne sais absolument pas comment ce bras de fer va se terminer. La Biélorussie parviendra-t-elle à se réformer ? Eviter la guerre civile ? Rester un état ?
1- À propos de la Pologne actuelle : le 28 septembre dernier était la journée internationale du droit à l’avortement. A l’issue de la manifestation parmi les prises de paroles une femme, polonaise vivant en France, a fait connaître la situation dans son pays. De terribles restrictions au droit à l’IVG, remises en cause aujourd’hui " l’extrême droite est aux portes du pouvoir et il faut d’abord s’occuper de la démocratie " dit le pouvoir en place. Ce qui laisse des centaines de milliers de femmes dans des situations de détresse insupportable. C'est ce pouvoir là qui est très, mais alors très présent auprès des leaders de l’opposition biélorusse.
Remarque :
Toutes les photos sur la une du blog sont miennes, faites quand je rendais visite à mes amis : Yaroslavl, Rostov, Nijni-Novgorod, Carélie et Moscou. Autant de discussions pour apprécier ce qui se passe dans ce pays.
D’autres viendront, dès que le virus le permettra...
Se souvenir de l’anecdote russe, la discussion entre un patient et son médecin. C’était au printemps. D’une actualité détonnante.
Traduction reprise du site géopolitique marxiste
"Histoire et société "
Pour comprendre ce qui se passe en Biélorussie, il suffit de citer Anders Aslund, l’un des auteurs de la «thérapie de choc», dont la méthode en Russie après 1991 a été la restauration du capitalisme. Aslund n’est pas seulement un ennemi de classe, mais aussi un criminel de guerre: au cours de sa première décennie de capitalisme, le PIB russe a diminué de près de moitié, l’espérance de vie des hommes russes est tombée à 59,8 ans et le pays était au bord de l’effondrement. Mais le pillage n’a pas seulement causé le malheur et la mort – il a contribué à créer une classe de millionnaires russes et à reconstituer les comptes des banques occidentales: entre 1992 et 1998, la fuite des capitaux de la Russie vers les pays occidentaux a atteint 210 milliards de dollars.
Aslund déclare aujourd’hui: «Les touristes visitant la Biélorussie sont surpris. C’est la dernière économie soviétique qui fonctionne réellement. […] Cette économie industrialisée est dominée par une quarantaine d’entreprises publiques, notamment dans l’industrie lourde. Ils fabriquent toujours des produits […] soviétiques, mais ce sont les meilleurs produits soviétiques que vous ayiez jamais vus. […] Les problèmes macroéconomiques sont minimes. L’inflation est sous contrôle et avoisine les 5%. Le déficit budgétaire officiel est minime et la dette publique totale est plafonnée à 35% du PIB. […] Dans l’ensemble, la structure de l’administration publique est en bon état, peut-être la meilleure de toute l’ex-URSS. […] Il n’y a pas de grands entrepreneurs ou oligarques privés en Biélorussie. La corruption est encore étonnamment rare … “
Mais tout ce qui précède ne doit pas être considéré de la part d’Aslund comme un compliment à l’économie biélorusse – il s’agit plutôt d’un inventaire de la république, une espèce de catalogue de vente pour la prochaine saison de soldes dans le cadre de l’opération au long cours «Pillage de l’Est».
Aslund, ne voyant pas de maladie, exige des médicaments: “La plupart des grandes entreprises devront être privatisées.” Autrement dit, il faudra laisser le capital impérialiste remplir ses poches, puis fermer les entreprises, détruisant la concurrence. A une certaine époque, même les chantiers navals de Gdansk – berceau de Solidarnocz – n’ont pas échappé à ce sort. En même temps, Aslund est déjà inquiet: “une vente ouverte conduira au fait que les investisseurs russes achèteront presque tout”. Selon Aslund, seuls les Européens et les Américains ont le droit de piller.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko est dans le collimateur non pas du fait de ses erreurs, mais parce qu’il protège systématiquement l’économie biélorusse des appétits gloutons du grand capital mondialiste et des oligarques russes, en maintenant les trois quarts de l’économie dans le secteur public. Si Loukachenko affirmait le contraire, c’est lui, comme le chef de l’opposition vénézuélienne Guaido, qui serait considéré comme le président légitime même avec zéro voix. L’Occident, qui condamne Loukachenko, parvient à entretenir d’excellentes relations avec les Émirats arabes unis “démocratiques”, très appréciés par Israël et les États-Unis, et avec le roi honoraire d’Espagne légalement élu, qui a fui le fisc pour la République dominicaine.
Ne vous laissez pas berner par les récits des “démocrates” Macron, Trump et Biden: demandez aux “gilets jaunes” combien les droits des manifestants sont respectés en France, où la police peut même crever un œil, ou aux victimes de violences policières aux Etats-Unis, ou encore aux milliers d’habitants de New York qui viennent chaque jour aux distributions d’aide alimentaire, tandis que les multimillionnaires utilisent la pandémie pour se remplir encore plus les poches.
1 commentaire:
"Mais en allant à Minsk soutenir l'opposition".....(dans le texte de Jacqueline BOYER)
Je pense que l'auteur de l'article a voulu dire " ....en allant à VILNIUS soutenir l'opposition au président Bielo-russe"
A moins que je me trompe...
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