Publié par Marianne
Nazir
Hakim, président du groupe scolaire Al Kindi, situé à Décines-Charpieu,
dans la métropole lyonnaise, est proche d’une organisation suédoise,
The Commission for the Protection of Civilians, qui a procuré des armes à
Al-Qaïda en Syrie.Depuis 2007, date de l’ouverture d’Al Kindi à
Décines-Charmieu, grosse bourgade de près de 30 000 âmes située à un
coup d’accélérateur de Lyon, cet établissement scolaire privé musulman
mène une vie plutôt discrète. Le collège et le lycée ont signé en 2012
un contrat d’association avec l’Éducation nationale. En revanche,
l’école primaire ne bénéficie que d’un contrat simple. Certes, un ancien
proviseur adjoint a posé un congé sabbatique après avoir été élu sur
une liste présentée par le parti Ennahda en Tunisie. Un autre s’est
porté candidat au nom du Parti égalité et justice, qui ne cache pas ses
liens avec le pouvoir turc. Mais, jusqu’à nouvel ordre, il n’est pas
interdit en France d’appartenir à la mouvance des Frères musulmans. Ni
de faire profiter le demi-millier d’élèves d’Al Kindi des « lumières »
d’Hani Ramadan, sulfureux directeur du Centre islamique de Genève et
frère du non moins sulfureux Tariq, plusieurs fois mis en examen pour
diverses affaires de « viol » et « viol sur personne vulnérable ». Ou
encore de Nabil Ennasri, fondateur de l’Observatoire du Qatar, invité
pour des conférences. Évoquant ses activités spirituelles et citoyennes,
le site d’Al Kindi nous apprend qu’en novembre 2014, « l’établissement a
organisé, en collaboration avec l’ONG humanitaire CBSP, une course
solidaire pour Gaza, à laquelle ont participé tous les élèves du collège
et du lycée. » CBSP, c’est le Comité de bienfaisance et de secours aux
Palestiniens. Une ONG parfois soupçonnée, même si elle s’en défend, de
liens financiers avec le Hamas. Malgré ce CV que d’aucuns jugeraient un
peu chargé, après douze années d’existence, cet établissement privé
musulman n’avait jamais attiré l’attention des autorités locales ou
nationales. DES FINANCEMENTS VENUS DU QATAR ? Mais les quelques lignes
que lui consacrent Christian Chesnot et Georges Malbrunot dans l’ouvrage
Qatar papers : comment l’émirat finance l’islam de France et d’Europe
(Ed. Michel Lafon), paru le 4 avril, risquent de provoquer des remous,
bien au-delà de la métropole lyonnaise. Ainsi, l’association Al Kindi, à
l’origine du projet du lycée du même nom, aurait perçu aux environs de
133 000 euros en mai 2008 provenant de l’Association musulmane d’Alsace
(AMAL). Plus précisément, il s’agit de deux versements, l’un de 45 935
euros, le 5 février 2008, et l’autre de 87 360 euros, le 28 mars 2008.
Problème : l’argent a été versé précédemment à l’AMAL par la Qatar
foundation, financée par la famille régnante de l’émirat gazier, comme
le révèle un document de la Direction générale de la police nationale
(DGPN). Ce cheminement, pour le moins complexe, ne révélerait-il pas une
volonté de dissimuler le véritable donateur ? Les sommes devaient
initialement permettre l’édification d’une mosquée. Par ailleurs la
personnalité même de Nazir Hakim, fondateur et actuel président du
groupe scolaire Al Kindi, ajoute aux interrogations que suscite cet
étrange établissement. Les deux auteurs de Qatar papers racontent
l’avoir croisé en novembre 2012 à Marrakech, lors d’une conférence des
amis de la Syrie. Nazir Hakim leur confie que « toutes les armes étaient
bonnes à utiliser contre Bachar al-Assad, y compris celles du Front
al-Nosra », filiale d’Al-Qaïda en Syrie. Or, les États-Unis venaient
juste d’inscrire le Front al-Nosra sur la liste des organisations
terroristes. Cela n’a pas empêché François Hollande de recevoir Nazir
Hakim à l’Élysée, avec d’autres opposants syriens, lit-on également dans
le livre de Chesnot et Malbrunot. “NOUS SOMMES PARTOUT”Plus
perspicaces, les autorités suédoises, comme Marianne le révèle
aujourd’hui, ont mis leur nez dès 2013 dans un trafic d’armes vers la
Syrie via une organisation baptisée The Commission for the Protection of
Civilians (CPC). Elle a été fondée par un certain Haytham Rahmeh, né à
Homs, d’origine syrienne et naturalisé suédois. Il s’agit d’un ancien
imam d’une mosquée de Stockholm. Les armes et munitions étaient
acheminées depuis la Libye et la Bosnie et entraient en Syrie par la
frontière turque. Le 1er novembre 2013, la radio nationale suédoise
Sveriges Radio était en mesure d’affirmer que la CCP n’est autre qu’une
émanation du Syrian national council, créé à Doha en novembre 2011, dont
Nazir Hakim, né à Alep en 1950, est l’un des fondateurs. Le président
du Groupe scolaire Al Kindi aurait d’ailleurs reconnu sur les ondes de
la radio suédoise que son organisation comptait 2 000 combattants en
Syrie et qu’elle collaborait avec des groupes djihadistes, comme le
Front al-Nosra (rebaptisé depuis Jabhat Fatah al-Sham), lié à Al-Qaïda.
Le plus tranquillement du monde Nazir Hakim précisait même que cette «
milice » opérait à « Halab (Alep), Al-Asor (Deir ez-Zor), Latakia
(Lattaquié), Hama, Homs and Damaskus (Damas). » Concluant : « Nous
sommes partout. » Étonnamment, depuis 2013, ces informations ne semblent
jamais être parvenues aux oreilles de la lutte antiterroriste
française. Les services suédois n’ont, il est vrai, apparemment pas
conduit des investigations très poussées pour en apprendre un peu plus.
Pourtant Haytham Rahmeh, citoyen suédois, aurait pu être au minimum
poursuivi pour avoir fait commerce de matériel militaire sans
autorisation… UN MATRICULE PAS BANAL Quant à Nazir Hakim, il n’a jamais
fait mystère de ses liens avec les Frères musulmans. Dans un portrait
publié sur le site de la Coalition nationale des forces de l’opposition
et de la révolution syrienne, on apprend qu’il a rejoint le mouvement
politique islamique en Syrie et a été contraint de quitter le pays en
1976 pour échapper au régime, en raison de son « activité dissidente ».
Il serait titulaire de trois doctorats en informatique et en
microélectronique, obtenus en France. D’autre part, Nazir Hakim affirme
avoir « enseigné dans les universités françaises ». Ce matricule pas
banal avait tout de même attiré l’attention d’Alain Morvan, spécialiste
de la littérature anglaise et ancien recteur de l’académie de Lyon. Pour
s’être publiquement opposé à la création du groupe scolaire Al Kindi,
qualifiant d’« intégristes » les porteurs du projet, le fonctionnaire a
été débarqué sans ménagement en mars 2007 par Gilles de Robien, alors
ministre de l’Éducation nationale. Accusé de « manquements multiples à
l’obligation de réserve », l’ancien recteur a réglé ses comptes dans un
livre intitulé L’Honneur et les honneurs. Souvenirs d’un recteur «
kärcherisé » (Ed. Grasset). Selon Morvan, Nicolas Sarkozy aurait
pareillement exercé des pressions pour que l’ancien recteur de Lyon
assouplisse son attitude… Quant à Nazir Hakim, alors vice-président de
l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) – proche, elle
aussi, des Frères musulmans – il organisait des manifestations sous les
fenêtres du rectorat de Lyon aux cris de « Morvan taliban ! » Contacté
le mercredi 3 avril, le président du Centre scolaire Al Kindi n’a pas
répondu à notre appel. Par Ian Hamel
Note de Pedrito: Il y a longtemps que le feu couve sous la marmite, mais qui s'en est inquiété, parmi nos gouvernants? Qu'ont-ils fait, sinon l'attiser?
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