samedi 26 décembre 2020

VERS LE RETOUR DE LA RÉVOLUTION PROLÉTARIENNE: AUX ÉTATS - UNIS POUR COMMENCER ?

25 Décembre 2020 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Russie, #États-Unis, #Royaume-Uni, #Théorie immédiate, #classe ouvrière, #Front historique, #Economie, #la bonne nouvelle du jour

Illustration : Spencer Rapone, ancien combattant en Afghanistan devenu le spectre rouge de l'académie militaire de West Point.

 

Pourquoi attendre une telle révolution aux États-Unis? 
 
Au moment où un virus dévastateur met à nu l'injustice sociale, où une crise économique majeure commence, où la bourgeoisie américaine ferme précipitamment la porte à la solution social-démocrate de Bernie Sanders, la métropole historique du capitalisme impérialiste est peut-être en voie de devenir son maillon faible. Il y a de nombreuses luttes politiques et sociales dans ce pays depuis 2008, qui sont fort peu relayées dans les médias, mais qui créent une génération politisée.
 
Trump avait gagné en 2016 (à la marge) en proposant une politique protectionniste aux ouvriers mais il n'a pas réussi à rapatrier beaucoup de production industrielle, au-delà des effets d'annonce. Il en a été réduit à tenter une diversion xénophobe anti-chinoise, qu'il ne pouvait encore moins soutenir à terme que ses rodomontades habituelles contre des pays plus faibles (Venezuela, Iran, Corée, etc).
 
(Aujourd'hui où il est poussé vers la sortie, on peut lui appliquer le proverbe :"chien qui aboie ne mord pas". Effectivement c'est un des rares présidents américain à n'avoir pas lancé de guerre extérieure)
 
Dans le pays les inégalités sociales et la misère ont atteint des sommets, et le mythe américain est en berne. Il y a eu les déceptions provoquées par la présidence d'Obama. L'Obamacare s'est révélé n'être qu'une illusion, mais il a posé les jalons d'une revendication de masse à la fois modérée et inacceptable pour l'oligarchie. De même la revendication pour un salaire minimum. Les révolutions se déclenchent quand les masses réclament quelque chose de très raisonnable que les classes dirigeantes refusent avec rigidité. Et il n'y a pas plus rigide que la clique de multimillionnaires narcissiques qui constitue le Congrès américain.
 
Il faut se souvenir que les Américains sont armés ce qui les rend sans doute moins déférents que d'autres devant la violence d'État. Sans doute pas les classes moyennes de gauche qui réclament le contrôle des armes à feu, mais ce ne seront pas elles qui seront déterminantes.
 
Mais surtout, si des troubles révolutionnaires nouveaux apparaissent aux États-Unis, les autorités ne sauront pas les gérer : elles ont perdu la main depuis leur triomphe sur la gauche ouvrière dans les années 1950, elle n'ont plus l'habitude de la négociation de classe, à laquelle est rompue le personnel politique européen. Elles réagiront maladroitement, par une répression exagérée, qui empêchera de trouver les relais opportunistes indispensables au sein de la gauche modérée, sans pour autant pouvoir tout noyer dans le sang, et étendront d'elles-mêmes l'incendie.
 
Arrivé à ce point il manquera à ces autorités le recours habituel dans ces cas là dans tous les autres pays ... qui n'est autre que l'intervention des États-Unis ! pour écraser la révolution et distribuer du pouvoir d'achat pour calmer les masses !
 
A partir de là l'avenir est complètement ouvert.


GQ, 11 mai - 25 décembre 2020

Note du 6 novembre 2020 :

Alexandra Occasio Cortez et les autres élus plus ou moins socialistes du congrès américain sont mis en avant par leurs admirateurs de la gauche bourgeoise américaine comme des représentants "inter-sectionnalistes" de communautés minoritaires, "de couleur" et des femmes qui ne veulent pas se laisser récupérer, des sortes d'enfant terribles du système.

Ce qu'ils ne voient pas (et tant mieux, parce que sinon ils se garderaient de leur faire de la promo), c'est qu'il s'agit de représentants non pas de communautés culturelles, mais de communautés, au sens presque municipal du terme au USA, de zones qui se caractérisent par la pauvreté et l'emploi ouvrier dans le secteur des services, et qui ont obtenu la confiance de leurs habitants sur les questions concrètes qui intéressent la classe ouvrière.

Il y a aussi une rupture du consensus impérialiste chez ces jeunes élus qui se revendiquent du socialisme, notamment dans le refus de l'alignement sur les objectifs sionistes. C'est bien différent de la fourbe opération Obama.

Reste à reconstituer un front prolétarien au-delà des ghettos, avec les ouvriers blancs américains, que l'on fait passer à tort pour des abrutis : ils ont voté en connaissance de cause pour le protectionnisme. Pour y parvenir, cette nouvelle gauche américaine si elle ne veut pas faire long feu devra en rabattre sur l'immigrationnisme et sur les querelles de genre et adopter quelques principes de nationalisme économique qui pour le moment sont plutôt défendus de l'autre bord.

A propos de protectionnisme, il faut remarquer que si les USA cessent de tout faire fabriquer en Chine et de convoiter pour leurs marques le marché de ce pays, ils cessent aussi à avoir un intérêt concret à empiéter sur sa souveraineté et à enrayer son développement, et peuvent envisager de lâcher prise dans la volonté d'empêcher ce pays d'occuper son rang naturel (quatre fois plus peuplé que les États-unis, sa "destinée manifeste" est de devenir quatre fois plus riche). Les ploucs trumpiens (et les bobos obamiens) qui applaudissent au "China bashing" sont sans le savoir les adversaires objectifs de l'impérialisme.

 

Note du 12 juin 2020 :

La mobilisation de protestation contre le meurtre de George Floyd participe, et ne participe pas, accélère, et retarde à la fois le mouvement prolétarien américain : le prolétariat urbain des métropoles d'Amérique du Nord et d'Europe a été "racialisé" au cours du siècle passé, et il donc naturel qu'il se retrouve en première ligne de cette amorce de soulèvement général. Les ghettos et les communautés noires américaines des années 1960 n'étaient encore que partiellement intégrée à l'économie, tandis qu'ils sont maintenant au cœur de la production matérielle et de l'économie de service. Et le racisme idéologique qui a été une arme très efficace dans le passé pour détourner le prolétariat de ses buts historiques, est devenu trop compromettant pour que la bourgeoisie en use directement, comme à l'époque fasciste-nazie. Mais un antiracisme communautarisé au service de la classe moyenne afro-américaine et piloté par les médias "de gauche" tel que celui qui sévit actuellement aboutit au même résultat : dissocier le prolétariat en groupes hostiles, et remplacer la question sociale par la question raciale.

Note du 31 juillet :

La "Commune de Portland" est un signe de la radicalisation de la contestation aux États-Unis, et aussi du déclassement d'une bonne partie de cette classe moyenne de gauche qui existe dans tous les pays économiquement avancés (liée à l'enseignement, la culture, la santé, la gestion des territoires, etc) et dont le statut est de plus en plus précaire, particulièrement aux États-Unis, particulièrement quand elle est confrontée à la pandémie. Mais elle ne pourra pas attirer à elle les masses prolétariennes sans prendre ses distances avec les mouvements petit-bourgeois individualistes et narcissiques qui prétextent de l'écologie, du féminisme ou des droits LGTB pour se donner en spectacle et chercher le "quart d'heure de célébrité" médiatique qui tient lieu d'expression démocratique dans la patrie du capitalisme.

 

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