mercredi 30 juin 2021

Idées d’extrême droite, fascisme imaginaire et autres calembredaines

par Denis COLLIN, le 14 juin 2021

Ainsi le samedi 12 juin nous eûmes droit à des mani­fes­ta­tions contre « les idées d’extrême droite », mani­fes­ta­tions bon enfant, dit la Pravda (pardon, « Le Monde ») qui se féli­cite de leur bonne tenue. La police n’a pas jugé bon de « nasser » et de gazer les mani­fes­tants. Les « black blocks » sont restés à la niche. À une semaine du pre­mier tour des régio­na­les et des dépar­te­men­ta­les, le ban et l’arrière-ban de la gauche et de l’extrême gauche se sont égayés dans les rues de France pour faire enten­dre le mes­sage subli­mi­nal « tous et tout contre le RN ». Muselier aurait pu en être…

Mais au-delà de cet aspect très cui­sine électorale, on devrait essayer de faire un peu de ménage dans la confu­sion intel­lec­tuelle qui règne chez tous ces gens. Il sont tous unis contre les « idées d’extrême droite ». Mais que sont donc les « idées d’extrême droite » contre les­quel­les il faut d’urgence s’unir ? S’agit-il des attein­tes à la laï­cité de la part de ceux qui veu­lent impo­ser leurs mœurs dans l’espace public ? S’agit de l’atteinte aux droits de la femme de la part de ceux qui voi­lent les femmes et pro­pa­gent une idéo­lo­gie qui fait de la femme une mineure et la moité d’un homme dans le droit civil ? S’agit-il de ceux qui bafouent la liberté d’expres­sion jusqu’à orga­ni­ser l’assas­si­nat de toute la rédac­tion d’un jour­nal sati­ri­que ? S’agit-il de ceux qui approu­vent la pen­dai­son des homo­sexuels dans ces sym­pa­thi­ques pays que sont l’Iran ou l’Arabie Saoudite ? Vous n’y êtes pas ! « Extrême droite » se dit de toutes les idées qui déplai­sent aux hal­lu­ci­nés qui se pré­ten­dent éveillés, aux « indi­gè­nes de la répu­bli­que », aux LGBTQ et à tous les amis de Coquerel, Obono, Autain, Mélenchon et autres Taha Bouhafs – le célè­bre chas­seur de têtes dans les uni­ver­si­tés d’été de LFI. Fabien Roussel doit main­te­nant faire partie de ces idées d’extrême droite au même titre que ceux qui objec­tent à la PMA « pour tou.te.s » ou refu­sent de cen­su­rer les pièces d’Eschyle. Le terme « extrême droite » est ainsi à peu près vidé de sens : est d’extrême droite qui­conque ne se plie pas aux injonc­tions des com­mis­sai­res poli­ti­ques de la gauche « cor­recte ».

Ceux à qui on fait remar­quer que plutôt que défi­ler contre les « idées d’extrême droite », il eût été pré­fé­ra­ble de défi­ler contre la poli­ti­que concrète du gou­ver­ne­ment de Macron, santé, réduc­tion des pres­ta­tions socia­les, retour de la réforme des retrai­tes, etc., répon­dent imman­qua­ble­ment : « c’est la même chose, Macron, c’est l’extrême droite. » Voici la mise en œuvre du prin­cipe « tout ce que je déteste s’appelle extrême droite ». Dans le cas d’espèce, nous avons une idée des som­mets de bêtise aux­quels la gauche est désor­mais capa­ble de se hisser. Car Macron est certes un fondé de pou­voir des ban­ques et des opé­ra­teurs des médias, mais il n’est pas un homme d’extrême droite. Pour tout dire, Macron est de gauche. Il vient de la gauche, a été minis­tre d’un pré­si­dent de gauche, et a été élu grâce à la gauche. Si l’appa­reil du PS, contre son propre can­di­dat, n’avait pas bas­culé dès le pre­mier tour vers Macron, celui-ci serait arrivé der­rière Fillon ! Si Hamon avait retiré sa can­di­da­ture pour Mélenchon, c’est ce der­nier qui serait allé au second tour ! Bref sans les com­pli­ci­tés direc­tes ou indi­rec­tes des socia­lis­tes, même « de gauche », Macron n’exis­te­rait pas. Macron est un pro­duit par­fait de ce qu’est la gauche depuis trois ou quatre décen­nies, un ras­sem­ble­ment de bour­geois, défen­seurs du profit capi­ta­liste, du marché, de l’UE… et des liber­tés des liber­tins ! Du reste, l’équipe rap­pro­chée de Macron est com­po­sée en bonne partie des « bébés DSK », c’est-à-dire de tous ceux qui atten­daient l’arri­vée de l’ex-pré­si­dent du FMI pour pren­dre leur envol. Mais sur le plan des idées rien d’extrême droite chez tous ces gens. Ils ont défendu le mariage homo­sexuel, ils aiment les « trans » et détes­tent la famille, ne sont pas racis­tes pour un sou – le pré­si­dent aime se faire palper en public par des voyous noirs – et, par-dessus tout n’ont aucun souci de la nation. Tous ces mar­queurs des idées d’extrême droite, on les retrouve chez les amis isla­mis­tes (CCIF et autres Frères musul­mans) de Mélenchon et Obono, mais pas chez les macro­nis­tes. Les macro­nis­tes eux se concen­trent sur l’essen­tiel : défen­dre les pro­fits des pro­fi­teurs et pour cela il n’est pas néces­saire d’être d’extrême droite, bien au contraire. Le capi­tal, aujourd’hui, n’a vrai­ment plus rien à faire des « valeurs » tra­di­tio­na­lis­tes héri­tées du passé. Il est révo­lu­tion­naire et ultra­mo­derne. Comme les mani­fes­tants de samedi der­nier. La lutte contre les « idées d’extrême droite » n’est donc qu’un leurre ima­giné par l’extrême gauche du capi­tal pour pro­té­ger Macron et pré­pa­rer un « tous contre MLP » lors des pro­chai­nes échéances.

Ceci se pro­duit alors que les mêmes répan­dent une petite musi­que de fond bien connue, his­toire de rejouer le coup des « heures som­bres » : nous serions face à une montée du fas­cisme. Le fas­cisme en ques­tion est un fas­cisme ima­gi­naire. Quelques bandes d’allu­més iden­ti­tai­res – qui ont tou­jours existé et par­fois bien plus vio­lem­ment qu’aujourd’hui – ne font pas un danger fas­ciste. Ils ne sont qu’un épouvantail à moi­neaux. Le capi­tal n’a nul besoin de la solu­tion coû­teuse du fas­cisme pour la bonne raison qu’il n’est abso­lu­ment pas menacé par un mou­ve­ment ouvrier puis­sant mon­tant à l’assaut. Nous ne sommes ni en Italie ni en Allemagne dans les années 1920. Nulle mobi­li­sa­tion du « lumpen » contre les orga­ni­sa­tions ouvriè­res ! Les seules mobi­li­sa­tions de « lumpen » furent celles qu’encou­ra­gea la gauche décé­ré­brée en sou­tien au clan Traoré ! Le « lumpen » des cités contrôle le trafic de came et le trafic d’opium du peuple et l’ordre règne ainsi. Le vrai danger n’est pas fas­ciste : il réside dans le tota­li­ta­risme sour­nois qui se déve­loppe à partir du centre des ins­ti­tu­tions étatiques, avec les mul­ti­pli­ca­tions des lois liber­ti­ci­des, le déve­lop­pe­ment sans limite du contrôle des corps et des âmes avec tous les moyens de la tech­ni­que moderne et, sur ce plan, les petits Torquemada de l’extrême gauche appor­tent sans bar­gui­gner leur contri­bu­tion en récla­ment tou­jours plus lois et plus de sanc­tions pour muse­ler les paro­les qui leur déplai­sent.

Donc la mise en scène du 12 juin 2021 n’est bien qu’une des innom­bra­bles varia­tions que nous offre (gra­tui­te­ment) la société du spec­ta­cle dont la gauche est l’acteur prin­ci­pal. Ce 12 juin confirme la déli­ques­cence abso­lue de ce mou­ve­ment que fut la gauche et qui n’a plus aucun rap­port avec la « gauche » d’antan. L’anti-Le Pen, grosse ficelle inven­tée par Mitterrand, est le seul pro­gramme de ces appa­rat­chiks qui, s’ils vou­laient vrai­ment lutter contre le RN, devraient se tour­ner vers les ouvriers et les employés et défen­dre leurs reven­di­ca­tions, chose dont ils se gar­dent bien.

Denis Collin – le 14 juin 2021.

Note  de Pedrito. Plus je réfléchis, moins je cherche pourquoi je n'ai voté que pour les cantonales du premier tour. Point barre !!!! Surtout pas pour les mastrichiens qui nous enfument autant ou plus que les mêmes mastrichiens, dont le petit Jupiter, l'un et les autres agglutinés sous le même parapluie de l'OTAN, la machine US de guerre.

 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Pedrito
Désolé Pedrito mais ce texte de Denis Collin est selon moi un ramassis d énormes stupidités à 80%; seul le fait de dire que Macron n est pas d'extrême droite me parait sensé. Stupide de critiquer les manifs anti extrême droite quand on sait que M Le Pen présente malheureusement le risque de gagner les élections de 2022 et de minimiser les actes des identitaires. L auteur ne doit pas savoir ce qui se dit sur les réseaux (a)sociaux pour tenir cette position.
Et vive le front républicain (certes réduit à sa plus simple expression vu le nombre d abstentionnistes) qui a encore quelques beaux jours devant lui, tout comme la corrida par rapport aux différents présidents de régions qui ont été élu (hé oui il faut bien trouver une consolation) P. Sabatier 13300

pedrito a dit…

Bonjour Patrick. Il va sans dire que je n'approuve pas toujours et totalement les articles que je reprends et qui me semblent dignes d'intérêt. Mais je finis aussi par douter de tellement de convictions qui me semblèrent à une époque de ma vie tellement irréfutables....

Patrick SABATIER a dit…

Oui Pedrito je vous comprends il m arrive de faire de même mais pas sur de sujets aussi graves que les idées d extrême droite ou là, il faut être intraitables sur ces idées pourries et ne pas laisser un seul pouce de terrain à ceux qui les portent. Toute initiative pouvant les combattre doit être soutenue. A bientôt à Vic pour un autre type de discussion. Amitiés Patrick Sabatier