lundi 9 août 2021


 

Photo : Affiches.
 
Le romancier Mario Vargas Llosa a déclaré dans les pages du quotidien espagnol El País que Cuba était une « dictature militaire » et que, pour parvenir à cette conclusion, il avait eu des informations en lisant les « chroniques des correspondants ». On peut ne pas partager son opinion, mais il faut d’abord comprendre que pour un écrivain de fiction, comme il en est un, et parmi les meilleurs, la vérité, ce n'est pas le plus important ; et c'est précisément la vérité qui a fait défaut dans les reportages sur Cuba publiés par les grands médias.

La presse, qui réclame à Cuba la pluralité depuis des décennies, a une nouvelle fois construit un récit dans lequel toute voix qui s'identifie à la Révolution cubaine est exclue. Et cette fois, elle est allée encore plus loin. Aussi bien le New York Times que CNN se sont appropriés des images de révolutionnaires dans les rues de La Havane et les ont fait passer pour des manifestations antigouvernementales. Ils ne peuvent rien faire d’autre, car pour parler de « manifestations pacifiques », il faut des symboles, comme les drapeaux cubains et celui du 26 juillet que portaient les révolutionnaires sur des photos que la presse corporatiste a attribuées le plus souvent à la contre-révolution, et aussi des idées, comme celles exprimées sur les pancartes que Fox News s’est empressée d'effacer lors de l'interview du sénateur étasunien Ted Cruz.

Il est curieux que les manifestants que ces médias présentent comme des personnes tourmentées uniquement par les coupures d'électricité et d'eau, lesquelles tourmentent également tous ceux qui sont descendus dans la rue pour défendre la Révolution, ne l'aient pas exprimé sur des pancartes ou par des slogans. Scander « liberté » – le mot qui, selon Frances Stonor Saunders, auteure du livre Qui mène la danse – La CIA et la guerre froide culturelle, est en tête de presque tous les projets de propagande de Washington – ou reprendre en chœur des couplets de chansons fabriquées à Miami dans le feu du chantage et de l'extorsion, à un moment où la COVID-19 a laissé de nombreux musiciens sans revenus faute de concerts, n'est pas exactement un symptôme de spontanéité. « Spontanéité » dont a fait preuve le conseiller pour l'Amérique latine au Conseil national de sécurité des États-Unis, Juan Gonzalez, lorsqu’il a déclaré à un youtuber trumpiste qu'ils allaient « continuer à soutenir ces artistes, ces journalistes » qu'il appelle indépendants, dans un oxymore que la littérature devrait recueillir pour l'anthologie universelle du cynisme.

Quant à Joe Biden, il pourrait rivaliser avec M. Gonzalez pour le même genre de déclaration. Après la mise en lumière de l’usage fait par son gouvernement des plateformes telles que Twitter et Facebook visant à inciter à la violence à Cuba, Biden a déclaré à CNN que « la désinformation sur les réseaux sociaux peut tuer des gens ». Or, s’agissant de la question de Cuba, le président démocrate est le plus fidèle des partisans de Donald Trump, non seulement pour avoir maintenu en place les 243 mesures avec lesquelles ce dernier s’était chargé de colmater toutes les brèches par lesquelles l'économie cubaine pouvait échapper à la guerre économique, mais aussi pour ses alliances avec le secteur le plus trumpiste du sud de la Floride.

C'est ce même Biden qui avait fait campagne en critiquant sans merci la politique de Trump, y compris celle suivie contre Cuba, et avait préconisé d'emprisonner les manifestants qui avaient envahi le Capitole à Washington le 6 janvier dernier, ainsi que leur instigateur qui l'avait précédé dans ses fonctions, mais il approuve le fait que les trumpistes cubains appellent à prendre le Capitole de La Havane sur les réseaux numériques.

On sait désormais qu'il n'y a eu aucune spontanéité à San Antonio de los Baños, que des personnes depuis Miami, dont les noms et prénoms ont été publiés, ont incité et encouragé à la manifestation. Depuis des mois, on a mis un prix au vandalisme et chaque acte délictueux est côté sur les réseaux numériques, par exemple pour caillasser une vitrine ou incendier une voiture de police, même si malheureusement les médias auprès desquels Vargas Llosa «  s’informe », et une grande partie du monde, continuent à ne parler que de « protestations spontanées » et de « manifestants pacifiques » à Cuba. Pas un mot pour les professeurs d'université blessés par les «  pacifiques », ni pour les mères, les médecins et les infirmières terrifiés par les jets de pierres contre l'hôpital pédiatrique de Cardenas, ni pour les femmes de l'ambassade de Cuba à Paris dont la vie et celle de leurs enfants ont été mises en danger lorsque les instigateurs « pacifiques » du 11 juillet, poussés par la frustration, ont attaqué avec des cocktails Molotov le siège diplomatique de Cuba en France.

Après avoir échoué à imposer la terreur à Cuba, comme dans les années 1970, ils tentent à nouveau « la guerre sur les routes du monde », menée par des personnages de triste mémoire au service de la CIA, dont la sinistre besogne a coûté la vie à de nombreux Cubains et étrangers.

Ceux qui prédisaient depuis des décennies que, comme en URSS, le socialisme cubain allait tomber sans que les révolutionnaires ne le défendent ont été contredits par les faits et, faisant mine d'oublier leurs prédictions, ils accusent le président cubain d’être responsable de la violence, afin de dissimuler sous des analyses la défaite de leurs vieilles aspiration. Ils passent sous silence Roger Waters, une légende de la musique mondiale, lorsqu'il défend Cuba, et amplifient ceux qui, sans avoir plus de stature artistique que Waters, corroborent ce que dit Biden. Quelle importance accordent-ils à l'art, à la liberté d'expression ? Qui est maintenant le « larbin docile de la pensée officielle », Waters ou Vargas Llosa ?

L'agression impériale contre Cuba est plus forte que jamais. Démocrates et républicains, tous pro-Trump font front commun lorsqu'il s'agit d'écraser Cuba. Le blocus renforcé et la violence induite fournissent la matière première pour que des journaleux qui émargent en dollars nous présentent la réalité telle que l'empire le leur demande comme si c’était leurs propres idées. Quoi qu’il en soit, ce que nous ferons ici sera toujours déterminant, en rassemblant tous les patriotes et toutes les personnes honnêtes, à Cuba et dans le monde.

Comme le 5 août 1994, le 11 juillet doit être un tournant pour ceux d'entre nous qui défendent la Révolution cubaine. Il ne suffit pas de la défendre un jour contre les complots impérialistes ; la défendre, c'est aussi faire face chaque jour à nos manques de sensibilité, nos dogmatismes et nos médiocrités. C'est au moment le plus difficile de la période spéciale que Raul a parcouru le pays pour analyser de manière critique la façon dont les principaux cadres de chaque province faisaient face à ces circonstances défavorables et avec un énergique «  Oui, c’est possible » avec la direction ferme et intelligente de Fidel, il a contribué de manière décisive à l'unité du pays pour aller de l'avant.

Les ennemis tentent de séparer le peuple et le gouvernement, le peuple et le Parti, car ils savent que l'unité est notre ressource la plus précieuse. Une unité qui n’inclut ni les annexionnistes, ni les vendus ni les corrompus ; une unité qui est érodée par des pratiques négatives qui ne peuvent pas représenter la Révolution. Les bulles de confort sont aliénantes sur les réseaux numériques, mais aussi dans les processus de direction. Ce n'est pas en nous entourant de ceux qui ne disent que ce qu'ils pensent que le chef veut entendre que nous pourrons conduire la transformation révolutionnaire de la réalité.

Celui qui promet et ne tient pas ses promesses ; celui qui, loin de l'exemple personnel, a appelé depuis ses fonctions à une participation active sur les réseaux sociaux et qui aujourd'hui – désormais sans cette responsabilité – garde le silence sur son profil dans des moments de définition, ou pire, flirte avec ceux qui nous condamnent, fait autant de dégâts que plusieurs plans subversifs réunis. L'exclusion de la critique honnête et frontale au profit de l'opportuniste qui, loin de servir le peuple et la Révolution, ne veut que se perpétuer dans ses fonctions, est un virus qui a pour vaccin l'intégrité des candidats face à l'adulation.

Nous vivons une guerre symbolique. La dignité du cri du boxeur Julio César La Cruz à Tokyo, nous a rappelé que nous n'avons pas toujours estimé le symbolique à sa juste valeur, alors que les productions à caractère épique ou ludique destinées à nos plus jeunes compatriotes sont devenues de plus en plus rares, et que nous savons, grâce à Fidel, que l'approche désidéologisante, économiciste et à courte vue de la culture et du sport ne doit pas prévaloir parmi nous.

Ne pas communiquer efficacement sur les nouvelles circonstances de la lutte idéologique à l'époque d'Internet, le traitement bureaucratique de revendications légitimes telles que celle ne pas se résigner à la file d'attente comme méthode de distribution, la démobilisation qui ne considère pas le peuple comme le protagoniste central de la confrontation avec l'impérialisme, la sous-estimation du coût de ne pas se préparer culturellement à l'échelle de toute la société au scénario numérique, la dévalorisation des méthodes fidélistes de reconnexion avec les secteurs sociaux vulnérables, la vision technocratique des solutions, ne sont pas des pratiques révolutionnaires et doivent être écartées de notre pratique politique.

Au nom de cette unité, le Premier secrétaire de notre Parti a appelé à défendre la paix pour tous et toutes, à l'instar des vaccins, des écoles et des hôpitaux qui, depuis plus de 60 ans à Cuba, ne posent jamais à personne la question de l’affiliation politique. Nous défendons la paix, même pour ceux qui sont descendus dans la rue pour la mettre en pièce, parce que les bombes qui tomberaient ici, si nous nous divisions, feraient plaisir à ceux qui les exigent contre nous confortablement installés à 90 miles de distance, des bombes cependant qui n'auraient ni noms ni prénoms, et ne demanderaient pas si vous êtes révolutionnaire ou non.

C'est le peuple cubain qui a payé avec des milliers de vies le droit de décider de son avenir en paix, c’est pour la justice que les jeunes gens de la Génération du Centenaire ont attaqué la caserne Moncada et qu'ils sont arrivés jusqu'à aujourd’hui en la protégeant, et nous devons être à leur hauteur, avec tous les Cubains qui veulent une Cuba libérée du joug yankee, quoi que fassent et quoi que disent les impérialistes, qu'ils s’appellent Joe Biden ou Donald Trump.

source : http://fr.granma.cu/cuba/2021-08-04/un-partisan-de-trump-nomme-joe-biden-et-la-bataille-de-cuba

 

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