Deuxième partie de l'article
LE SOCIALISME CHINOIS ET LE MYTHE....
La réponse à cette question est clairement positive. Lire aussi L'ECHIQUIER MONDIAL. Mer de Chine méridionale : les eaux troubles La difficulté de la pensée dominante à nommer le régime chinois, on l’a vu, vient d’une illusion longtemps entretenue : abandonnant le dogme communiste, la Chine serait enfin entrée dans le monde merveilleux du capital. On aimerait tant pouvoir dire que la Chine n’est plus communiste ! Convertie au libéralisme, cette nation réintégrerait le droit commun. Retour à l’ordre des choses, une telle capitulation validerait la téléologie de l’homo occidentalis.
Or, on a sans doute mal interprété la célèbre formule du réformateur Deng Xiaoping : «peu importe que le chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape les souris». Cela ne signifie pas que le capitalisme et le socialisme sont indifférents, mais que chacun sera jugé sur ses résultats. La Chine demeure un Etat fort qui dicte sa loi aux marchés financiers, et non l’inverse. Son élite dirigeante est patriote. Une forte dose de capitalisme a été injectée dans l’économie chinoise, sous contrôle de l’État, parce qu’il fallait stimuler le développement des forces productives. Pourtant la Chine demeure un Etat fort qui dicte sa loi aux marchés financiers, et non l’inverse. Son élite dirigeante est patriote. Même si elle concède une partie du pouvoir économique aux capitalistes «nationaux», elle n’appartient pas à l’oligarchie financière mondialisée.
Adepte du «socialisme à la chinoise», formée à l’éthique confucéenne, elle dirige un Etat qui n’est légitime que parce qu’il garantit le bien-être d’un milliard quatre cents millions de Chinois. Tout l’attachement que les Chinois affichent encore aujourd’hui pour Mao Zedong tient à ce qu’ils l’identifient à la dignité nationale retrouvée. Il ne faut pas oublier, en outre, que l’orientation économique adoptée en 1979 a été rendue possible par les efforts réalisés au cours de la période antérieure. Contrairement aux Occidentaux, les communistes chinois soulignent la continuité — en dépit des changements intervenus — entre le maoïsme et le post-maoïsme. «Beaucoup ont eu à pâtir de l’exercice du pouvoir communiste. Mais ils adhèrent pour la plupart à l’appréciation émise par Deng Xiaoping, lequel avait quelque raison d’en vouloir à Mao Zedong : 70 % de positif, 30 % de négatif. Une phrase est aujourd’hui très répandue parmi les Chinois, révélatrice de leur jugement sur Mao Zedong : Mao nous a fait tenir debout, Deng nous a enrichis. Et ces Chinois estiment tout à fait normal que le portrait de Mao Zedong figure sur les billets de banque. Tout l’attachement que les Chinois affichent encore aujourd’hui pour Mao Zedong tient à ce qu’ils l’identifient à la dignité nationale retrouvée.» écrit Philippe Barret dans son livre : N’ayez pas peur de la Chine ! Lire aussi La Chine se dit prête à octroyer 113 milliards d’euros aux projets des «Routes de la soie»
Le maoïsme a mis fin à cent cinquante ans de décadence, de chaos et de misère. Il est vrai que le maoïsme a mis fin à cent cinquante ans de décadence, de chaos et de misère. La Chine était morcelée, dévastée par l’invasion japonaise et la guerre civile. Mao l’a unifiée. En 1949, elle est le pays le plus pauvre du monde. Son PIB par tête atteint la moitié environ de celui de l’Afrique et moins des trois quarts de celui de l’Inde. Toutefois, de 1950 à 1980, durant la période maoïste, le PIB s’accroît de façon régulière (2,8 % par an), le pays s’industrialise, et la population passe de 552 millions à 1 017 millions d’habitants. Indicateur qui résume tout, l’espérance de vie [en Chine] passe de 44 ans en 1950 à 68 ans en 1980. Les progrès en matière de santé sont spectaculaires, et les principales épidémies sont éradiquées. Indicateur qui résume tout, l’espérance de vie passe de 44 ans en 1950 à 68 ans en 1980.
C’est un fait indéniable : malgré l’échec du «Grand Bond en avant», et malgré l’embargo occidental — ce qu’on oublie généralement de préciser — la population chinoise a gagné 24 ans d’espérance de vie sous Mao. Les progrès en matière d’éducation ont été massifs, notamment dans le primaire : la part de la population analphabète passe de 80 % en 1950 à 16 % en 1980. Enfin, la femme chinoise — qui «porte la moitié du ciel», disait Mao — a été éduquée et affranchie d’un patriarcat ancestral. En 1950, la Chine était en ruines. Trente ans plus tard, elle est encore un pays pauvre du point de vue du PIB par habitant mais c’est un Etat souverain, unifié, équipé, doté d’une industrie naissante. L’atmosphère est frugale, mais la population est nourrie, soignée et éduquée comme elle ne l’a jamais été au XXe siècle. Lire aussi Près de la ville de Jinan, en Chine, une portion d'autoroute dispose d'équipements alimentés par des panneaux solaires. Energies renouvelables : la Chine teste sa première «autoroute solaire» (IMAGES)
Cette réévaluation de la période maoïste est nécessaire pour comprendre la Chine actuelle. C’est entre 1950 et 1980 que le socialisme a jeté les bases du développement à venir. Dès les années 70, par exemple, la Chine perçoit le fruit de ses efforts en matière de développement agricole. Une silencieuse révolution verte a fait son chemin, bénéficiant des travaux d’une académie chinoise des sciences agricoles créée par le régime communiste. A partir de 1964, les scientifiques chinois obtiennent leurs premiers succès dans la reproduction de variétés de riz à haut rendement. La restauration progressive du système d’irrigation, les progrès réalisés dans la reproduction des semences et la production d’engrais azotés ont transformé l’agriculture. Comme les progrès sanitaires et éducatifs, ces avancées agricoles ont rendu possible les réformes de Deng, elles ont constitué le socle du développement ultérieur. Et cet effort de développement colossal n’a été possible que sous l’impulsion d’un Etat planificateur, la reproduction des semences, par exemple, nécessitant des investissements dans la recherche impossibles dans le cadre des exploitations individuelles.
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