"Monsieur Montebourg, ne vous ralliez pas à Madame Taubira !"
L'humeur de David Desgouilles Par David Desgouilles Blog de Marianne
IL y aurait un certain panache de la part d'Arnaud Montebourg à endosser à nouveau la combinaison d’apiculteur, prenant acte de l’échec de sa candidature, estime notre chroniqueur David Desgouilles. Qui prévient : un ralliement à Christiane Taubira serait en revanche impardonnable à ses yeux.
Cher Arnaud Montebourg, Si je me permets de prendre la plume et de vous interpeller ainsi, publiquement, c’est parce que des articles de presse font écho de la tentation que vous auriez de vous ranger derrière Christiane Taubira. J’ai bien vérifié : il ne s’agit pas du Gorafi et je ne saurais mettre en doute les informations sourcées de nos confrères. Dissipons tout malentendu. Loin de moi l’idée de vous reprocher de prendre acte de l’échec de votre candidature. Ce n’est pas moi qui ai la pression d’une candidature présidentielle, qui ai eu le courage de me lancer dans cette aventure. Ce n’est pas moi qui supporte cette pression. Ce n’est pas moi qui dois chercher les financements. Ce n’est pas moi qui dois recueillir les parrainages. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Et le fait est que votre candidature n’a pas rencontré l’écho que vous auriez voulu. Il faut dire aussi que ni votre entrée en campagne avec un slogan footballistico-barcelonais, ni vos tergiversations autour des versements Western Union n’ont aidé au décollage. Nul ne peut savoir ce qui serait advenu avec un meilleur départ, mais reconnaissons que la forme de votre candidature n’a jamais été à la hauteur du sérieux de vos orientations, lesquelles pouvaient attirer le suffrage d’un républicain venu de l’autre rive, prêt à fermer les yeux sur l’écriture inclusive qui polluait parfois vos différents supports numériques.
Dire que votre personnalité fantasque est à la fois ce qui fait votre charme mais peut aussi être la pire ennemie de l’homme politique que vous êtes, c’est devenu un lieu commun. N’est-ce pas vous, finalement, qui avez créé le candidat Emmanuel Macron un dimanche d’août peu avant l’apéro, du côté de Frangy-en-Bresse, invitant le président de la République à déguster une cuvée du redressement ? En qualifiant le chef de l’État d’impuissant (politique) devant la France entière, non seulement vous laissiez ce dernier choisir de la date de votre départ, faisant passer sous silence le fond de votre discours, excellent, sur l’alignement du gouvernement sur les desiderata de la droite allemande, mais vous déclenchiez le retour d’Emmanuel Macron en politique, lui qui se voyait à ce moment-là en créateur de start-up à Londres.
Mais après tout, ce côté mousquetaire avait aussi quelques atouts séduisants. On comprenait que la quête des postes, la « carrière, ce n’était pas votre priorité », et ça, c’était très rafraîchissant. On comprenait que vous vous battiez pour des idées, vous qui, dès votre première candidature à la députation en 1997, alertiez sur les méfaits du libre-échange débridé. De même, votre retrait de la politique pour créer des entreprises, le miel, la glace de mémé, forçaient le respect. Ils ne sont pas si nombreux, dans le monde politique et en particulier à gauche, à avoir fait le pari de la création d’entreprises, en pleine cohérence avec leurs idées politiques. « Quelles sont les idées de la passionaria de la gauche sociétale, en matière économique et sociale, ou en matière européenne ? Sont-ce celles d’Édouard Balladur, dont elle a voté le budget en 1993 ? » On vous pardonnerait donc largement de jeter l’éponge pour retourner à vos entreprises. Il y aurait un certain panache à endosser à nouveau votre combinaison d’apiculteur, prenant acte de l’échec de votre candidature.
On comprendrait même qu’avant de reprendre le chemin de Montret (71), vous apportiez un soutien fraternel à Fabien Roussel ou à Georges Kuzmanovic. Mais un ralliement à Christiane Taubira, comment vous dire à quel point ce serait impardonnable à mes yeux ? Quelles sont les idées de la passionaria de la gauche sociétale, en matière économique et sociale, ou en matière européenne ? Sont-ce celles d’Édouard Balladur, dont elle a voté le budget en 1993 ? Sont-ce celles de Bernard Tapie et d’« Énergie Radicale » qui proposaient l’Europe fédérale ? Sont-ce celles de François Hollande, puisqu’elle n'a pas quitté le gouvernement sur un désaccord économique, mais sur la question de la déchéance de nationalité, à peu près au moment où Flamby (est-ce bien vous qui lui aviez trouvé ce formidable surnom ?) décidait de l’abandonner. Un article de presse explique que vous tenteriez de monnayer votre ralliement contre la reprise d’une à deux propositions de votre programme. Les idées avant tout, m’objecteriez-vous ! Qui peut croire que cette éventuelle concession serait sincère, quand on connaît l’itinéraire politique de madame Taubira ? D’autre part, j’ai été un lecteur attentif de L’engagement (Grasset, 2020) et ce que j’y ai lu de votre compréhension des problématiques sur les sujets régaliens se situe aux antipodes de tout ce que représente celle qui fut une bien médiocre ministre de la Justice. Par pitié, Arnaud Montebourg, n’en faites rien ! Vous vous voyez, assis sur scène, derrière madame Taubira déclamant du René Char ? Par pitié, pas vous, pas ça ! Si vous m’écoutez, je m’engage à me rendre à Montret à bicyclette. Je vous achèterai du miel, peut-être bien de la glace de mémé. Et nous boirons pourquoi pas un peu de cuvée du redressement.
Note de Pedrito
D'où peut-être ce bruit qui court sur la toile ici et là: MONTEBOURG apporterait son soutien à Fabien ROUSSEL.... Si c'était vrai, je n'irais pas à Montret à bicyclette, mais je ferais un petit stock de miel à distribuer aux amis. en leur expliquant le pourquoi de mon cadeau, et même à ceux qui n'auraient pas voté ROUSSEL.
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