mardi 8 mars 2022

Publié par El Diablo

image d'illustration

Si la guerre en Ukraine est une catastrophe pour ses habitants, les classes dominantes françaises elles se frottent les mains. Sous couvert de compassion et de bons sentiments, elles ont trouvé là le moyen idéal pour faire réélire leur petit préféré. Le « monde libre » est menacé ! Regroupons-nous derrière notre guide suprême ! Lui saura nous protéger de tous les dangers ! 

C’est un classique de la politique dans l’Histoire. Quand le système est largement contesté, le plus efficace est de se trouver un ennemi extérieur pour en appeler à l’unité de la nation. Nos « élites » ne pouvaient rêver meilleures circonstances pour dynamiter l’élection présidentielle. Le moment démocratique le plus important du pays est sur le point d’être volé aux citoyens. Nul bilan de la politique d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat, nul débat de fond sur les orientations économiques et sociales pour les 5 années à venir. Non ! Avec le retour de la guerre en Europe, le président en exercice n’a même plus à s’abaisser à faire campagne pour solliciter un second mandat. En bon « père de la nation », il surplombe les bas enjeux électoraux qui occupent l’esprit de ses rivaux pendant que lui consacre toute son énergie à sauvegarder les intérêts vitaux de la France. 

Ce récit semble fonctionner si l’on en croit les sondages, ce qui n’est malheureusement pas étonnant. Ce type de communication est redoutablement efficace car la peur est l’un des leviers les plus puissants pour manipuler les masses. L’autre biais utilisé est qu’en période d’incertitude, les gens préfèrent se raccrocher à ce qu’ils connaissent plutôt qu’expérimenter une nouveauté. Dès lors, Macron a un énorme avantage sur ses concurrents : il occupe déjà la place. Et c’est ainsi que le Président le plus détesté de la Vème République pourrait être réélu … accompagné des cris de joie de toute une cour béate d’admiration. Gloire à Macron 1er ! Vive Jupiter ! Tout va pouvoir continuer comme avant. Quel soulagement …

Grave erreur. Le monde d’avant n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont surgi alors que le système économique, structurellement défaillant, était déjà à bout de souffle. Les répercussions économiques vont être catastrophiques. Déjà l’inflation est vertigineuse ! Le prix du carburant atteint un niveau historique ! Ni les particuliers ni les entreprises n’ont les moyens de surmonter l’envolée des prix sur l’énergie et les matières premières sur la durée. 

En pareilles circonstances, il n’existe qu’une seule solution raisonnable. Une seule. Taxer les plus riches. Autrement dit, répartir la richesse plus équitablement. Or, Emmanuel Macron a été porté au pouvoir précisément pour préserver les privilèges de la bourgeoisie. Vous pouvez compter sur lui pour qu’il fasse payer la plus grave crise économique que notre pays a connu depuis la Seconde Guerre mondiale aux pauvres et aux classes moyennes. La destruction des acquis sociaux risque d’être terrible. La contestation sociale étouffée depuis la crise du Covid pourrait bien exploser. Une colère légitime et immense. 

Et c’est là que nous nous apercevrons que nous avons définitivement dit « adieu » au monde d’avant. Les dernières crises vécues par le pays, des gilets jaunes au Covid-19, ont provoqué des effets de franchissement de seuils irréversibles. Les restrictions de liberté ont été inouïes. Il n’y aura pas de retour en arrière. Les mouvements de protestation subiront une répression d’une violence inégalée. La censure sur les réseaux sociaux sera massive. Et parce que pour la première fois, ces atteintes aux libertés heurteront largement les consciences de citoyens jusqu’alors endormis, l’illusion démocratique se dissipera. Les masques tomberont pour de bon. Les classes dominantes apparaîtront pour ce qu’elles sont : autoritaires, injustes et cruelles. 

Que les petits esprits étriqués qui soutiennent le Président sortant et son monde y prennent bien garde : la réélection de Macron ne sauvera pas la démocratie, elle en sera le tombeau. Le peuple, lui, le sait déjà.

François Boulo

 

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