mardi 12 avril 2022

 

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Et maintenant : quel bilan et que faire ?

JE ne change pas une ligne de ce que j’ai écrit en expliquant pourquoi je vote Roussel et je pense que les résultats décevants sont dus en priorité au vote utile et que sur le fond il y a démonstration de sa nocivité. Mais se contenter de cela, ne pas mesurer à quel point le véritable défi réside dans la capacité à transformer une société de plus en plus injuste, de plus en plus destructrice, dans laquelle les dirigeants aux ordres des puissants – MACRON en est la caricature – n’agissent que pour maintenir ce qui fait eau de toute part serait insuffisant. Ce résultat et le score du dit MACRON a témoigné du chemin qu’il reste à parcourir, du fait que la voie de ce changement n’apparaissait pas. Il ne suffit pas d’affirmer cette volonté de transformer, d’en faire un gadget, il faut s’en donner les moyens réels et c’est de cela qu’il nous faut parler désormais. Il y a on le voit bien urgence, alors permettez-moi de vous dire ce que mon expérience mais aussi mon souci d’un avenir dans lequel nous sommes déjà m’inspire: d’abord que je ne regrette en rien d’avoir voté Roussel si vous communistes êtes capables d’avancer et d’apporter le meilleur de vous-mêmes. C’est le pari risqué que j’ai fait, sans illusion, sans le moindre intérêt personnel et beaucoup peuvent en témoigner je n’attendais pas d’autres résultats.

Ce vote utile ne servait à rien parce que celui qui en bénéficiait n’avait pas de réserve suffisante, qu’il s’était contenté de plumer la volaille sans susciter aucun élan, aucune dynamique dans ceux qui sont encore aujourd’hui écœurés, les couches populaires en particulier.

Ce qui n’est malheureusement pas le cas de l’extrême-droite dont on voit comme dans d’autres pays d’Europe qu’elle est la véritable bénéficiaire de questions désertées par la gauche depuis trop longtemps.

Parce qu’il prétendait jouer avec une situation sans l’aborder de front, ce vote utile ne permettait pas de gagner et il laisse la gauche affaiblie, divisée, désorganisée alors que l’abstention constitue la quatrième force qui comme l’extrême-droite ne cesse de grandir.

En témoigne le niveau d’abstention élevés dans les quartiers populaires comme en Seine-Saint-Denis avec 30,21%, Vaulx-en-Velin avec 40,45%, des taux d’abstention supérieur à 40% dans les quartiers populaires de Marseille … et qui relativise les scores apparemment élevé de MELENCHON surtout dans les mairies communistes, pour qui le pcf s’est-il mobilisé ? Ce pari de réellement décrocher l’abstention populaire, n’a pas été réussi ni par le candidat communiste, ni par Mélenchon (1), pourtant il y a eu dans le deux cas un bougé sur lequel il faut réfléchir. Il faut aussi arrêter de faire de la jeunesse une catégorie en soi, cette jeunesse est sur des positions de classe, les diplômés, enfant de la bourgeoisie vont vers Macron, les diplômés enfant de cadres et service public sont allés vers Mélenchon, les prolétaires se sont plus que jamais abstenus ou dirigés vers Le PEN; pourtant, nous aurions tort de négliger ce qui a commencé à se recréer du côté des communistes et qui n’est pas négligeable. Partons de ce que nos efforts ont construit parce que le bilan ne saurait se faire après tant de décennies d’abandon sans intérêt pour ce qui a germé.

C’est de ce point de vue, celui de s’adresser différemment à ce monde du travail, à ces couches populaires qui se réfugient dans l’abstention que le pari de Roussel avait commencé à marquer des points mais il y a eu ce vote utile, et celui-ci a été encore amplifié par la deuxième partie de la campagne, qui est par trop devenue celle d’une gauche qui a perdu toute crédibilité. Le contexte de la guerre a montré les carences d’un PCF aligné sur une social-démocratie pro- Otan.

Cette deuxième partie de la campagne montre ce sur quoi nous devons avancer, nos butoirs. Mais nous ne sommes pas les seuls à devoir réfléchir, on n’avancera pas tant que l’anticommunisme sera l’idéologie de la gauche et le réflexe de certains qui ne voient que dans le vote Roussel les raisons du non accès au second tour de Mélenchon doit être interrogé. Pourquoi ne pas s’adresser aux groupuscules trotskistes, aux sociaux démocrates comme Hidalgo, ou à Jadot si ce n’est pour poursuivre le travail de destruction amorcé par Mitterrand et qui comme par hasard est celui du patronat autant que des forces les plus conservatrices qui ont imposé cette constitution. Oui il y a eu des insuffisances dans la campagne de Roussel, mais ce n’est pas de n’avoir pas cédé au vote utile mais c’est de s’être détourné de son objectif s’adresser à ceux qui ne croyaient plus en la politique pour changer leur vie.


Il ne faut pas céder à ce mauvais procès et dans l’autocritique nécessaire à laquelle les communistes doivent se livrer, sur leurs propres bases, à partir de leur propre objectif qui est le socialisme, il ne faut surtout pas sous-estimer en disant cela à l’apport de cette campagne. Il faut y réfléchir fraternellement sans céder une fois de plus aux pressions, à la situation réelle et au rôle qu’il va falloir y jouer. Nous n’avons que trop accepté les critiques de nos insuffisances voire de nos fautes d’un point de vue du capital, il reste à construire notre autocritique.

Ou les communistes sont capables de penser à la situation en ne gardant pas le nez sur le guidon et donc se dépasser ou ils sont condamnés comme l’est une certaine gauche dont personne ne veut plus. Parce que sauver la gauche, rester sur des clivages idéologiques risque de faire oublier que le pays, les travailleurs, les jeunes ont besoin de forces organisées et pas d’un simple mouvement lié à des personnes pour une élection qui déforme la réalité des enjeux. La campagne de Mélenchon tient compte de cela mais cette ligne, celle de mouvements autour de candidats ne se préparant qu’à la présidentielle et au leurre qu’elle constitue ne va pas permettre de faire face aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés et à la transition historique que le monde est en train de vivre. Les élections, les processus démocratiques qu’elle sont censées favoriser sont de plus en plus en crise et cependant personne ne peut les négliger, c’est là une des nombreuses contradictions de la période: on ne peut plus se contenter de buts tactiques il faut une stratégie pour un changement de société dans un monde qui bascule : le socialisme. Et toutes nos campagnes doivent d’abord tendre vers ce but.

L’autocritique doit être large et je partage ce qu’écrit Xuan sur le soutien de fait apporté à Mélenchon par certains groupes “marxistes-léninistes” : “Soutenir Mélenchon de la part de groupes ml était une erreur. Ce dernier n’est absolument pas “plus à gauche” que Roussel. Mais surtout c’est un obstacle majeur à la reconstruction du PCF, qui oppose à un parti de type léniniste celle du parti “gazeux”.
En définitive cette position revient à reproduire l’aliénation du PCF à la social-démocratie comme par le passé. Il est d’ailleurs significatif que certain groupe ml ait publié les soutiens antérieurs de plusieurs dirigeants du PCF à LFI, dont Pierre Laurent. Cette stratégie ne fait absolument pas progresser la reconstruction d’un parti communiste mais tourne en rond.” Elles contribuent à l’affaiblissement théorique et politique général en s’affirmant plus révolutionnaires que moi tu meurs. Et elles mettent en avant tous les facteurs de division que ne manquera pas de susciter le terrain électoral.


Les législatives et le rassemblement qu’elles exigent et qui a été trop anticipé ne dépendent pas seulement des communistes mais ils ont un rôle à y jouer qui débute dès aujourd’hui. Il me semble que s’engager dans “le barrage à l’extrême-droite” est une décision que le candidat pouvait prendre mais dans laquelle le PCF ne doit pas s’engager comme si c’était là l’essentiel, ce serait un facteur de division dont nous n’avons pas besoin. Un facteur de division parce qu’en l’état il n’a pas de solution alors même que MACRON a reconnu qu’il était incapable d’éradiquer l’extrême droite, il n’a réussi qu’à lui donner de la force comme d’ailleurs tous les autres qui ont fait la même politique que lui. Tout doit porter sur le programme et sur les QUELQUES QUESTIONS FONDAMENTALES dont personne ne peut faire abstraction et les communistes doivent leur donner une dimension révolutionnaire de classe à partir de ce qu’est la France, de son histoire et de ce que son peuple a construit de plus progressiste, de plus pacifique.


Les élections présidentielle témoignent une fois de plus du piège institutionnel créé pour affaiblir un parti révolutionnaire capable de peser à tous les niveaux dans une transformation de la société. Si la candidature de Roussel avait un sens il était là et pas dans des alliances de sommet qui toutes à leur manière apparaissent comme la volonté de ne rien changer. C’est à cette question que devra s’atteler le prochain congrès dont nous aurions eu besoin avant cette campagne.

Comme le dit DANIEL ARIAS sur ce blog : Seuls les prolétaires ont un intérêt objectif au socialisme réel, il faut oser sinon le PCF n’a plus de raisons d’être. Il faut taper très fort et juste pour enfoncer le coin dans l’idéologie bourgeoise dominante, pour cela il ne faut pas voir la vue troublée et l’esprit qui divague dans une conception d’une réalité qui n’existe plus celle de la victoire de la social démocratie.
Il faudra aussi ne plus rester isolé des autres camarades communistes en Europe.
Le travail est immense et les forces faibles et désorientées.

La priorité des communistes devrait être de définir clairement leurs objectifs, reconstruire l’organisation, clarifier les rangs.

Cela signifie, ajouterais-je un travail de conviction, un débat en profondeur dans lequel la confrontation n’aura ni tabou, ni censure, ni bouc émissaire, notre adversaire c’est le capital.


Plus nous serons aptes à aborder ce fondamental, plus nous irons dans le bon sens. La situation n’est pas celle que nous espérons mais il faut ne pas démissionner et réfléchir de manière constructive. Le pessimisme est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre.


DANIELLE BLEITRACH

(1) dans les pays d’outre-mer Mélenchon réalise en revanche des percées électorales (56,16% en Guadeloupe, 53,10% en Martinique, 50,59% en Guyane, 40,26% à La Réunion, 40,91% à St Pierre et Miquelon, 28,13% à Saint-Martin/Saint-Barthélemy) ce qui contraste avec la débâcle de la droite. Notons que c’est avoir pris le poul de cet outre mer, dans les Caraïbes à la réunion en particulier qui a un peu infléchi la campagne de MELENCHON vers une certaine neutralité face à l’OTAN et à l’hystérie ukrainienne. Mais cela s’est également opéré dans un contexte de sa part de démagogie nuisible aux intérêts réels des couches populaires qu’il s’agisse des vaccins ou du communautarisme. Le PCF n’a jamais cédé là-dessus ni sur les questions de sécurité ou d’indépendance énergétique.


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