SILENCE, ON FERME – Le Billet d’Humeur du Docteur Christophe Prudhomme
Les libéraux ont une stratégie de long terme pour démanteler les services publics, notamment celui de la santé, mais il est possible de faire le même constat pour celui de l’éducation. L’objectif est simple, il s’agit d’organiser sa dégradation pour que l’alternative marchande devienne la solution, sans aucune possibilité d’autre choix, pour ceux qui peuvent se la payer.
Ainsi, la diminution du nombre de médecins formés puis la dégradation des conditions de travail aboutissent aujourd’hui à une situation catastrophique, tant pour la médecine de ville que pour l’hôpital. Il faut noter que les représentants de la corporation médicale ont accompagné le processus sur la base d’un raisonnement axé sur leurs seuls intérêts particuliers : face à une diminution des ressources, il ne faut pas augmenter le nombre de personnes qui se partagent le gâteau de la Sécurité sociale, sinon la part de chacun risque de diminuer.
Malgré l’importation de près de 25 000 médecins diplômés hors de France, la situation est aujourd’hui critique. Elle permet au gouvernement de s’appuyer sur des médecins comme ceux de l’association professionnelle Samu-Urgences de France, présidée par le Dr François Braun, pour avancer des solutions qui vont permettre d’accélérer le processus de dégradation du service public. En effet, la proposition phare est de fermer les services d’urgence la nuit et de demander aux patients d’appeler le 15.
La démarche est particulièrement perverse car il s’agit de dégager la responsabilité des politiques en s’appuyant sur de pseudo-recommandations professionnelles. Mais il est facile de dénoncer l’arnaque en révélant que le fameux Dr Braun missionné par le gouvernement était il y a quelques semaines le référent santé d’E. Macron pour la campagne des présidentielles. Donc, les solutions avancées ne reposent pas sur une logique médicale de prise en charge des patients en toute sécurité, mais s’inscrivent bien dans une stratégie de fermeture massive des services dans les hôpitaux publics. Car que va-t-il se passer ?
Eh bien, la nature ayant horreur du vide, des opérateurs privés vont mettre en place des dispositifs pour répondre aux urgences avec des structures privées auxquelles donneront accès des assurances privées. Il faut insister aussi sur le fait que dans la logique des investisseurs, ces services ne se mettront en place que dans les zones où il existe un marché suffisant, c’est-à-dire dans les zones urbaines et plutôt dans les quartiers riches.
Bref, E. Macron, en bon élève du système capitaliste, accélère le processus pour parachever la bascule vers un système à l’américaine afin, comme le disait un de ses mentors, ancien vice-président du MEDEF, d’en finir avec tous les oripeaux issus du Conseil national de la Résistance, et plus particulièrement la Sécurité sociale. Un chiffre pour convaincre les sceptiques : notre système de protection sociale mobilise plus de 700 milliards d’euros. C’est ce gâteau dont une partie, celle des EHPAD, a déjà été mangé par des vautours comme ceux d’ORPEA.
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier- SAMU 93
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