L’UE est en train de s’autodétruire en suivant les injonctions des Etats-Unis
L'objectif stratégique des Etats-Unis mais aussi du Royaume-Uni est la destruction économique de l'Europe. Ces jours-ci, l'Europe est préoccupée par la canicule, mais déjà dans, seulement, quatre mois l'hiver va revenir sur l'Europe.
Les chauffages vont, alors, remplacer les ventilateurs. Mais, cet hiver, en raison de la crise énergétique, le prix pour se chauffer deviendra si insupportable qu'il sera impossible de le faire. Et, la locomotive de l'intégration européenne - l'Allemagne - risque de dérailler précipitant ses wagons de l'UE dans le précipice.
D'Allemagne viennent les avertissements les plus forts. « Les installations de stockage de gaz dans ce pays se sont remplies « mieux que les années précédentes et sont plus remplies qu'au début du mois de mai », a déclaré Klaus Müller, le président de l'Agence fédérale des réseaux, à Deutschlandfunk, rajoutant : « Cependant, ils ne sont « pas encore assez bien remplis si nous devions recevoir moins de gaz russe à court terme ». « Si les installations de stockage de gaz de l'Allemagne étaient effectivement remplies à 90% plus X, comme prévu, le pays aurait "un tampon pendant au moins deux mois et demi, dans des conditions stables, avec un hiver normal" », a-t-il fait savoir. De son point de vue, ce serait « un très bon préalable » pour l'industrie et les consommateurs », tout en soulignant que cela ne suffit pas.
L'Allemagne est actuellement encore dépendante à environ 35% de l'approvisionnement en gaz naturel de la Russie. Pire encore, Klaus Müller avertit que « l'objectif d'un niveau de remplissage des réservoirs de stockage de gaz de 90 ou 95% d'ici le 1er novembre est, finalement, « irréaliste ».
L'hiver du mécontentement arrive. Les avertissements de Klaus Müller se déclinent déjà à travers la réalité conjoncturelle de l'Allemagne. Die Welt vient d'indiquer qu'en vue de l'hiver, l'Allemagne souhaite remplir au plus vite ses stockages de gaz, mais les installations de stockage ne seront pas complètement remplies. Pendant ce temps, la Chambre de commerce et d'industrie de Berlin considère les piscines extérieures comme un luxe non nécessaire. Les pouvoirs politiques décident déjà de couper le gaz. Le pipeline Nord Stream 1 a été rouvert le 21 juillet dernier.
Klaus Müller a déclaré, lors d'un sommet de crise du gouvernement du Land de Bade-Wurtemberg, que s'il ne reste qu'à seulement 40% de la capacité de sa livraison de gaz russe, un maximum de 80 à 85% peut être atteint au mieux. Il donne pour information que l'objectif du gouvernement fédéral et de l'agence du réseau est d'économiser 20% du gaz pour se préparer à l'hiver, mais que « nous sommes actuellement à environ 14% d'économies » et que « nous ne pourrons pas affronter l'hiver sans un effort supplémentaire ».
Lors de l'arrêt temporaire de l'approvisionnement en gaz russe via le gazoduc Nord Stream 1 de la mer Baltique en raison de travaux de maintenance, du gaz a été stocké en Allemagne, mais à un niveau très bas. Uniper - le principal importateur et stockeur de gaz outre-Rhin qui vient de recevoir une aide de l’Etat allemand pour éviter sa faillite à cause des sanctions occidentales - avait même commencé à retirer du gaz des installations de stockage, rapporte Die Welt. Il s'agit de la crise énergétique la plus extrême jamais survenue en Europe. L'Europe est vraiment menacée par une pénurie de gaz au moment où elle en a le plus besoin, c'est-à-dire à la période la plus froide de l'année.
La fermeture du gaz russe enverrait certains pays de l'UE en récession, a prévenu le FMI qui met en garde sur le fait que « le PIB de la Hongrie, de la Slovaquie et de la République tchèque chuterait jusqu'à 6% », et que « l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche seront également durement touchés ». Le FMI a déclaré : « Nos travaux montrent que dans certains des pays les plus touchés d'Europe centrale et orientale, il existe un risque de pénurie pouvant atteindre 40% de la consommation de gaz et de réduction du produit intérieur brut pouvant atteindre 6% ». The Guardian d’aujourd’hui écrit : « L'Allemagne est "au bord de la récession" alors que la crise énergétique ébranle la confiance ».
Alors que l’Allemagne est « au bord de la récession », Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor, reste optimiste pour l’économie américaine. Même si elle vient d'annoncer que l'économie américaine ralentit et que, pour l'instant, contrairement à ce que l'UE devrait vivre, la récession aux Etats-Unis est évitée. « Une récession est une contraction généralisée qui affecte de nombreux secteurs de l'économie. Nous n'avons tout simplement pas ça », a lancé dimanche, dans un entretien à la chaîne NBC, la ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, affirmant que « le marché du travail (qui) est maintenant extrêmement solide ».
Les prévisionnistes de la Bundesbank prévoient un effet domino en l'absence de sources d'énergie russes en expliquant que dans ce scénario il y aura une défaillance systémique dans les chaînes de production et d'approvisionnement qui à son tour amplifiera l'effet de choc initial de deux fois et demie. Dans ce contexte, le chancelier Olaf Scholz annonce son intention de redémarrer 16 centrales thermiques au charbon et au mazout qui avait été fermées et de prolonger la durée de vie de 11 autres polluants atmosphériques de ce type.
En conséquence, les Européens vont connaître un hiver difficile qui devrait provoquer des mécontentements au sein de la société. C'est qu'il est impossible d'éviter le rationnement de l'approvisionnement en électricité tant pour les ménages que pour les entreprises. Lorsque les gens vont être confrontés à devoir réaliser un choix en hiver entre manger ou se chauffer l'ampleur des manifestations de rue pourrait dépasser la récente révolte paysanne des agriculteurs néerlandais et celle des Gilets jaunes. L'explosion sociale est presque inéluctable. Surtout que les fournisseurs d'énergie de secours tels que la Norvège et l'Afrique du Nord ne parviennent pas à se mobiliser.
L'arrivée du septième paquet de sanctions contre la Russie est un pari risqué. Les responsables politiques en UE ne sont pas conscients que c'est le faible prix des énergies russes qui a permis l'enrichissement des pays européens et, en particulier, cette locomotive de l'économie européenne qu'est l'Allemagne qui est en passe de connaître sa plus grande crise d'après guerre en entraînant les économies des autres pays de l'UE dont la France en tête dans le précipice. En outre, le dernier voyage du président des Etats-Unis en Arabie saoudite n'a pas apporté le résultat escompté. Lors de sa visite, il lui a été promis que la production de pétrole passerait de 10 à 13 millions de barils par jour. Cependant, cette production ne peut croître que d'ici 2027 et, deuxièmement, seulement après l'obtention d'un accord avec les pays de l'alliance des producteurs de pétrole OPEP +, qui, par ailleurs, comprend la Russie.
La cible des sanctions américaines est l'économie allemande. Il n'y a pas de gagnants en UE dans la guerre des sanctions voulues par les Etats-Unis. Le grand perdant aujourd'hui est la première puissance de l'UE qui est la locomotive de l'intégration européenne : l'Allemagne. Le Royaume-Uni avec son Brexit semble se porter mieux. « Les usines britanniques ont signalé un ralentissement de la croissance et des nouvelles commandes, alors que la demande s'affaiblissait – tandis que les pressions sur les prix pourraient également diminuer à mesure que les prix des matières premières baissent », signale The Guardian, évitant le ton catastrophique pour l’Allemagne.
Pierre Duval
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